"Dogger" : c'est le nom du réservoir géothermique situé sous le bassin parisien. Cette nappe d'eau chaude d'une température de 56 à 85°C est à une profondeur de 1.600 à 2.000 mètres. C'est ainsi qu'on compte pour l'Ile-de-France 33 installations géothermales. Parmi lesquelles celle de la ville de Chelles (Seine-et-Marne) initiée il y a plus d'une vingtaine d'années. Cette exploitation alimente en chauffage et eau chaude sanitaire plus de 3.600 logements collectifs et 700 équivalents logements en équipements publics. Objectif à l'horizon 2013 : atteindre 7.500 équivalents logements raccordés au réseau de la Communauté de Communes Marne et Chantereine (Brou, Chelles, Courtry et Vaires).

L'eau extraite du sous-sol (69°C à 1.800 m de profondeur pour Chelles) n'est pas directement distribuée aux utilisateurs. En effet, l'eau géothermale étant corrosive, seule sa chaleur est récupérée. Rappel du fonctionnement d'un doublet géothermal avec Jérôme Champredonde, chargé d'affaires chez Coriance, concessionnaire du site de Chelles : "l'eau chaude est extraite du réservoir souterrain à l'aide d'un premier puits de production équipé d'une pompe de gavage en surface. Un échangeur thermique en titane transfère alors la chaleur vers le réseau urbain. En retour, l'eau géothermale ainsi refroidie est renvoyée vers son milieu naturel à l'aide d'un puits de réinjection." Un principe qui permet de renouveler la ressource en eau chaude, faisant de la géothermie une énergie renouvelable à part entière. (1er énergie renouvelable en IDF)

Moins cher que le gaz

Le réseau de Chaleur de Chelles est géré en délégation de service Public depuis 1994 - et ce pour 24 ans – par la société Chelles Chaleur filiale dédiée de Coriance. Cette société, ex-filiale à 100% de GDF, a aujourd'hui comme actionnaire le groupe italien A2A.. En 1999 a été décidé une remise en état du réseau et l'expérimentation par EDF GDF d'une pile à combustible, source de chaleur supplémentaire. En 2001, une cogénération de 8MW a été mise en service, complétant ainsi les moyens de production du réseau. Sur la centrale de géothermie, une unité de dégazage a été mise en service, "supprimant les purges à l'air libre et éliminant les odeurs d'eau géothermale ". Une chaufferie d'appoint secours, constituée de trois chaudières à gaz et au fioul lourd, est sollicitée si la température extérieure descend sous les 5°C en demi saison et 0°C en hiver grâce au recours à une unité de cogénération qui récupère le gaz qu'elle transforme en électricité (revendue à EDF) et en chaleur "utilisée pour le chauffage en complément de la production géothermique." Au final, la production chelloise durant l'hiver se répartit comme suit : 49% de cogénération, 35% de géothermie et 16% d'appoint.

Côté clients, l'eau douce est reçue à 100°C max. après passage par une des 51 sous-stations "dans lesquelles est réchauffée l'eau chaude sanitaire et l'eau de chauffage des résidences. Le transfert des calories vers les réseaux d'immeubles se fait via un échangeur". La participation aux coûts du raccordement au réseau est de 150€/lgt avec un contrat sur dix ans pour un prix du mégawatt heure fluctuant autour de 15€ auquel il faut rajouter 90€/kW d'abonnement annuel. La chaleur coûte "moins chèr qu'avec une chaudière gaz, avec un coût moins sensible aux fluctuations du pétrole". Autre avantage : depuis 2006, les abonnés bénéficient d'un taux de TVA réduit (5,5%) sur leur abonnement.

Laurent Perrin