ConnexionS'abonner
Fermer

« Le béton est un matériau écologique »

Publié le 17 avril 2009

Partager : 

Jean-Marc Paris, président de la commission développement durable et communication de la Fédération de l'industrie du béton (FIB) revient sur la politique environnementale de sa fédération et sur son implication dans le Grenelle.
« Le béton est un matériau écologique » - Batiweb
Batiweb.com : Quel est le rôle de la commission ?

Jean-Marc Paris : La commission Développement Durable et Communication définit la politique de communication de la Fédération de l'Industrie du Béton. Elle établit également une ligne conductrice "développement durable" et communique sur les différentes actions de la FIB en la matière. Et il y a du travail car nous ne sommes pas à la base l'industrie la plus communicante.

En quoi consistait votre réunion du 15 avril ?

Nous travaillons sur la définition d'une politique de communication de la FIB, qui va passer par un changement d'identité. Nous partons du constat que le béton est un matériau qui rend d'immenses services, et qui est sûrement l'un des plus utilisés dans le Bâtiment. Mais il a une image qui n'est pas toujours à la hauteur de ce qu'elle devrait être.

Notre action s'appuie sur la présence auprès des principaux leaders d'opinion : l'Ademe, les Régions... Aujourd'hui, dans les actions autour des labels Développement Durable, on ne retrouve pas suffisamment l'industrie du béton aux côtés des associations qui en font la promotion. On a donc beaucoup de chemin à faire pour être présent et montrer les avantages de nos produits sur le plan de la construction durable. (ndlr : les choses évoluent puisque le CERIB est nouvellement adhérent d'Effinergie)

Quels moyens allez-vous mettre en place ?

La première chose est de refaire une communication basique. Il y a de nombreux a priori sur le béton. Par exemple, beaucoup de gens pensent que pour la fabrication du béton il y a une cuisson. Or ce n'est pas le cas. Ce sont des produits moulés, pressés, extrudés, mais leur fabrication en usine ne dégage quasiment pas de CO2. Elle consomme très peu d'énergie.

Dans l'esprit de beaucoup de personnes, il y a une confusion entre le ciment et le béton. C'est le clinker qui est dans le ciment (à 75% en moyenne) qui nécessite une cuisson et implique un dégagement de CO2. Dans un bloc béton, il n'y a que 7% de ciment. Tout le reste, ce sont des granulats, de l'eau, du sable... donc des produits naturels. De plus, la force des industries du béton est d'être présentes sur tout le territoire. Donc un produit béton, entre l'usine où il est fabriqué et le lieu où il est utilisé, ne parcourt en général que 30 ou 40 kilomètres.

Notre industrie est une industrie non délocalisable composée de petites unités, 900 PME dont une grande quantité ne dépasse par les 40 employés. L'idée est de développer une politique de communication proche des régions car nous sommes une industrie régionale.

Quelles améliorations pouvez-vous apporter ?

Notre industrie va travailler sur des usines propres avec à terme zéro rejet. Il y a énormément de possibilités qui s'offrent à nous. Nous ne pouvons pas agir sur le ciment, c'est là le rôle du cimentier, qui recherche des produits avec moins de clinker, donc moins de CO2 émis. Il nous faudra toujours un peu de ciment pour lier notre béton, c'est la différence entre un tas de sable et un bloc béton...(rires).

Il est possible d'avoir des usines propres, donc travailler sur le processus de transformation. Par exemple il y a en France 600 producteurs de blocs béton. Ce sont de petites unités, très automatisées et très propres. Les axes de développement sont nombreux. Par exemple, toutes nos usines situées dans le sud de la France, avec de grandes surfaces de toiture, vont nous permettre d'y placer des photopiles. Ça devrait aller assez vite, prendre de quatre à cinq ans.

Un autre axe sur lequel nous travaillons consiste à diminuer les rebuts. Lorsque l'on rate une poutrelle par exemple, elle est rebroyée mais il y a quand même des pertes. Citons encore des contrats avec les transporteurs pour transporter encore plus propre.

Quel regard portez-vous sur le Grenelle ?

Nous avons mis en place il y a plusieurs années les Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire (FDES). L'écologie est une chose complexe car il faut tout prendre en compte : le processus de fabrication des matériaux, la façon dont ils sont utilisés, détruits, l'éco-bilan, le cycle global de vie des produits. Les FDES permettent de savoir pour un produit donné, la consommation d'eau, les rejets de CO2, en fait les FDES mesurent les impacts environnementaux tout au long du cycle de vie du produit, et donc à partir de ces données, il est possible d'opérer des comparaisons entre produits.

Il est crucial pour la filière béton de montrer qu'elle est capable d'atteindre les objectifs fixés par le Grenelle, à savoir, selon les régions, une maison BBC n'excédant pas 50 kWh/an/m² de consommation énergétique. Il y a donc eu beaucoup de travaux réalisés au niveau de tout ce qui relève de la jonction entre le gros œuvre et le second œuvre. Le béton en soit n'est pas un bon isolant mais si vous l'accompagnez d'isolants il peut être très performant.

Il faut différencier deux points. Il y a premièrement l'impact écologique des matériaux mis en œuvre, qui n'est pas aujourd'hui pris en compte dans le Grenelle. Ce qui est pris en compte, c'est la consommation de chauffage des maisons. Sur l'impact des matériaux, si on voulait résumer on dirait que le plus écologique c'est de construire avec les matériaux qu'on trouve sur place, et sans épuiser les ressources. Vous serez toujours plus écologique en construisant avec du sable et des graviers trouvés sur place qu'en faisant venir du bois de Norvège...

Propos recueillis par Laurent Perrin

bloqueur de pub détecté sur votre navigateur

Les articles et les contenus de Batiweb sont rédigés par des journalistes et rédacteurs spécialisés. La publicité est une source de revenus essentielle pour nous permettre de vous proposer du contenu de qualité et accessible gratuitement. Merci pour votre compréhension.