Anna Heringer : l’architecte allemande qui construit avec la terre, les mains et les cœurs

“Le développement durable n’est pas une question de technologie, mais de sensibilité.”
Une trajectoire entre le Bangladesh et les Alpes bavaroises
Née en 1977 à Rosenheim, Anna Heringer découvre l’architecture vernaculaire lors d’un voyage au Bangladesh à 19 ans. Ce choc culturel la pousse à revenir y construire une école… en terre crue et bambou.
Diplômée de Linz, elle fonde son agence en 2004 et consacre sa carrière à une architecture artisanale, participative et radicalement écologique, en Europe comme en Asie.
Une approche : bâtir avec ce qu’on a, là où l’on est
Pas d’acier, pas de béton inutile. Heringer défend une architecture de proximité.
- Et si le chantier devenait un atelier de transmission ?
- Et si la beauté naissait de l’imperfection manuelle ?
- Et si l’architecture participait à la justice économique ?
Elle collabore avec des ONG, des écoles, des femmes artisanes. Son travail est profondément éthique, ancré, minimal et joyeux.
5 projets qui incarnent sa vision
METI School (2005, Rudrapur, Bangladesh)
École construite en terre crue et bambou, par les habitants eux-mêmes.
100 % matériaux locaux, architecture sensible et expressive.
Lauréat Aga Khan Award 2007.
Anandaloy Center (2019, Bangladesh)
Centre pour femmes en situation de handicap, + atelier textile.
Courbes en terre, autonomie locale, low tech + impact social.
Prix Obel 2020.
Didi Textiles
Collaboration avec des tisseuses bangladaises pour créer des parois textiles.
Mix design, artisanat et architecture.
Studio Home (Autriche)
Maison expérimentale en pisé, bois local et isolation en laine.
Transfert de savoirs Sud-Nord.
Installations à la Biennale de Venise (2016, 2021)
Manifestes critiques contre l’industrialisation de la construction.
Architecture comme outil d’émancipation.
Une militante douce, mais percutante
Heringer enseigne à ETH Zurich, Harvard, TU Munich. Elle forme une nouvelle génération d’architectes engagés, sobres, ancrés.
Son discours : pas besoin de high-tech pour faire du durable — il suffit de valoriser l’existant.
Une écologie de la main et du lieu
- Terre crue, bambou, fibres naturelles
- Zéro énergie grise importée
- Construction manuelle = faible carbone
- Intégration des femmes dans le chantier
Une écologie humaniste, loin de tout greenwashing.
3 choses à retenir
- Anna Heringer construit avec les mains des habitants et les ressources locales.
- Elle transforme l’architecture en outil de formation, d’émancipation et de dignité.
- Elle incarne une écologie artisanale, sensuelle et profondément humaine.
Par Camille Decambu