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RE2020 : vers une électrification totale du parc de logements ?

Publié le 16 mai 2019

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En 2018, une nouvelle Directive européenne sur l’efficacité énergétique a été adoptée. Parmi les principales évolutions, l’introduction d’une nouvelle valeur du coefficient de conversion en énergie primaire à 2,1 contre 2,5 auparavant. Si le texte rappelle que les Etats membres peuvent définir un coefficient différent « à condition de pouvoir le justifier », la France pourrait bien l’appliquer. Une annonce qui a créé l’inquiétude chez les acteurs du gaz qui craignent une électrification totale du parc de logements.
RE2020 : vers une électrification totale du parc de logements ? - Batiweb

Dans un communiqué paru le 13 mai dernier, l’Association Française du Gaz (AFG) dit « Non au chauffage électrique peu performant qui aggravera la facture des Français ».
 

 

Cette prise de parole fait suite à une note de cadrage adressée aux différents acteurs de l’énergie par la DGEC (Direction générale de l’énergie et du climat) dans le cadre de la Programmation pluriannuelle de l’énergie et de la réglementation environnementale RE 2020 et qui propose d’abaisser le coefficient de conversion en énergie primaire à 2,1 contre 2,58 auparavant.
 

 

« Le tour de passe-passe consiste à s’appuyer (…) sur une valeur prospective du mix énergétique 2035, date où hypothétiquement, il n’y aurait plus que 50% de nucléaire en France ». Mais « en abaissant artificiellement le coefficient d’énergie primaire de l’électricité » les pouvoirs publics permettent « le retour du convecteur électrique », estime l’AFG.
 

 

Selon l’association, acter un tel retour en arrière c’est : augmenter la facture d’électricité des Français, augmenter les besoins de puissance électrique en hiver et impacter toute une filière industrielle « qui a pourtant largement investi ces dernières années dans les équipements efficaces énergétiquement ». 
 

 

L’Etat propose par ailleurs de revoir la méthode de calcul des émissions de CO2, en réduisant le facteur d’émission de près de 60% : « Là encore, les solutions électriques sont artificiellement favorisées ».
 

 

15 ans de progrès

 


De son côté, l’association « Énergies et Avenir » insiste sur l’abandon de 15 ans de progrès. « La RT2012 avait permis, en rééquilibrant les parts de marché des énergies, d’enrayer la hausse annuelle alors constatée de la pointe hivernale de demande en électricité. Un retour vers des bâtiments essentiellement électriques – potentiellement 200 000 nouveaux logements électriques supplémentaires par an – annihilera ce progrès et la France, pour subvenir à ses besoins, sera forcée de recourir d’une part à un parc de centrales thermiques fossiles (…) et d’autre part au renforcement de ses importations d’électricité carbonée en période hivernale ».
 

 

Elle pointe aussi le possible retour des convecteurs électriques qui avaient été écartées par la dernière réglementation au bénéfice des pompes à chaleur, des chaudières à condensation et des énergies renouvelables. « Si le convecteur électrique redevient la solution de référence en construction neuve, cela sonnera le glas de la commercialisation de tous les autres équipements performants généralisés par la RT2012 (…). Ce solutions mobilisent pourtant une filière de 300 000 emplois en France, non délocalisables. Autant d’emplois qui seront menacés à terme par le retour des convecteurs électriques ».
 

 

Dans son communiqué, l’AFG appelle les pouvoirs publics à revenir à un projet de RE2020 plus juste et plus équilibré et de maintenir le coefficient d’énergie primaire et la méthode de calcul des émissions de CO2 annoncée, tout en prévoyant une révision tous les 4 ans.
 

 

Énergies et Avenir parle d’une RE 2020 « soutenable ». « La réglementation dans le neuf tire l’innovation et permet de réduire les coûts des équipements en garantissant un volume de marché. Si l’effet de Joule revient en force dans le neuf, c’est la rénovation du parc existant, déjà mal en point, qui en souffrira, faute de disposer de systèmes énergétiques très performants ».
 

 

L’association défend ainsi l’idée d’un mix énergétique équilibré « qui laissera sa place à une trajectoire soutenable pour atteindre les objectifs de neutralité carbone en 2050 à moindre coût en préservant la sécurité d’approvisionnement en énergie de la France ». 

R.C
Photo de une : ©Adobe Stock 

 

 

 

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