L'hôtellerie de luxe parisienne, très convoitée, s'internationalise
Le fonds américain Starwood Capital a racheté en France la majorité du capital du Groupe Taittinger et de sa filiale hôtelière Société du Louvre, avec entre autres le Crillon, palace mythique du patrimoine français, mais aussi le Lutétia et le Martinez à Cannes.
Dominique Desseigne, PDG du Groupe Lucien Barrière, aime à dire que l'hôtel qu'il construit avenue des Champs-Elysées et dont il aura la gestion, le Fouquet's Barrière, sera "le seul hôtel de luxe" parisien appartenant à des capitaux français, au moins en majorité.
Les palaces parisiens, un moment en perte de vitesse, ont retrouvé, avec la reprise, la faveur des investisseurs étrangers. Grâce au retour des Américains et aux clientèles asiatiques, les hôtels haut de gamme ont affiché en août la plus forte hausse des taux d'occupation de l'hôtellerie parisienne (+4,1 points).
L'Intercontinental-Paris, un des grands hôtels historiques de la capitale, a été à son tour racheté par un fonds du gouvernement singapourien, Dabicam SAS.
Rebaptisé "Westin Paris", il sera géré par le groupe Starwood Hotels and Resorts, qui gère déjà le Prince de Galles, avenue George V. Starwood Hotels, qui n'a plus de lien capitalistique avec Starwood Capital, gère plusieurs enseignes, dont Méridien, acquise en juillet, et Sheraton.
Marriott International, acquéreur en avril du Paris Plaza Vendôme, serait intéressé par le Sofitel-Rive gauche, pour lequel le groupe Accor (lui-même renforcé par des fonds de Colony Capital), est vendeur. Plusieurs investisseurs seraient en outre prêts, selon des informations de presse, à racheter à Starwood Capital le Crillon, comme le prince Saoudien al-Walid, propriétaire du George V, ou le groupe Jumeirah International, appartenant à la famille régnante de Dubaï.
"La polémique sur le patrimoine français qui s'en va me fait beaucoup rire", confie à l'AFP Marc Watkins, président du cabinet spécialisé Coach Omnium. "Les hôtels ne partent pas, ils ne sont pas démontés. C'est une chance. C'est du bon argent, les taxes sont payées en France, le personnel est à majorité français."
Selon lui, "le capital français ne s'intéresse pas aux hôtels de luxe, car on ne gagne pas d'argent. L'intérêt est à long terme et en matière d'image, de prestige".
Un autre expert, Eric de Bettignies, d'Advancy, estime que "la dissociation entre propriété et exploitation hôtelières contribue beaucoup au regain d'intérêt pour le secteur, car il permet des plus values bien plus importantes". "Cela a été le cas pour B§B, et a certainement joué aussi pour la vente Taittinger", assure-t-il.
A terme, estime-t-il, "le mouvement va toucher aussi les parcs de loisirs, les chaînes de restaurants, etc. Le potentiel est énorme".