C'est une bonne surprise pour les analystes qui tablaient sur 1,040 million de ventes de logements. Mais les analystes incitent à la prudence. "La hausse surprise des ventes en août ne doit pas être interprétée comme un signe que le marché a atteint son plus bas", a estimé l'économiste indépendant Joel Naroff. L'analyste fait remarquer que les chiffres de juillet ont été révisés en baisse et que sur un an le marché a accusé un recul de 17,4%. Surtout, c'est le recul des prix (par rapport à la même période de l'an dernier) qui préoccupe les analystes. Le prix médian d'un logement neuf était de 237.000 dollars en août, soit 1,3% de mois qu'en août 2005, ce qui est le premier recul depuis décembre 2003.

Et "les incitations des constructeurs sont probablement beaucoup plus importantes", estime Steven Wieling de Citigroup. Pour faire face au ralentissement du secteur, les promoteurs offrent toutes sortes d'incitations, allant du voyage à la piscine pour les demeures de luxe, ce qui revient à baisser le prix de mise en vente. La baisse des prix dans le neuf suit celle de l'ancien, qui a connu un recul de 1,7% (sur un an) le mois dernier, soit la première baisse depuis 1995. La baisse des prix est un signal inquiétant aux yeux des économistes qui se demandent comment les ménages vont résister, alors qu'ils ont pu consommer tant et plus ces dernières années en empruntant au fur et à mesure que leur logement prenait de la valeur.

Or la consommation est le principal moteur de la croissance américaine. Les analystes espèrent que les entreprises pourront prendre le relais si les ménages viennent à flancher. Mais le rapport sur les commandes de biens durables d'août, publié mercredi, n'est pas de bon augure puisqu'il a fait ressortir un recul de 0,5% soit le deuxième mois consécutif de baisse. Pour une fois le secteur automobile n'a pas pesé sur le rapport mais beaucoup de secteurs --des ordinateurs aux machines outils-- ont vu les commandes diminuer. "La hausse des taux d'intérêt, la cherté des matières premières, le ralentissement des embauches et l'endettement des consommateurs sont autant de freins à la croissance", estime Jim Engelhardt de l'alliance des industriels MAPI.

La Réserve fédérale (Fed) avait pris acte de la menace en estimant lors de sa réunion la semaine dernière que "la modération de la croissance économique semble se poursuivre, reflétant en partie un refroidissement du marché immobilier". Plusieurs signaux dans l'immobilier sont en train de virer au rouge: en septembre, l'indice de confiance des constructeurs de logements est tombé à 30 points, son niveau le plus bas depuis février 1991. De leur côté, les mises en chantier de logements ont chuté 19,8% sur un an en août.

Selon le président de la banque de Réserve fédérale (Fed) de Dallas, Richard Fisher, le secteur immobilier connaît "une sérieuse correction" aux Etats-Unis. Un facteur pourrait éventuellement desserrer l'étau sur le marché immobilier: la baisse des taux d'emprunts. Selon l'Association des banquiers hypothécaires, les taux sur 30 ans ont baissé en moyenne à 6,18% au cours de la semaine close le 22 septembre, contre 6,36% la semaine précédente. Mais l'indice mesurant les demandes de prêt a reculé de 4,9%, avec une baisse de 5,5% pour l'indice des achats qui a ainsi atteint son niveau le plus bas depuis novembre 2003.