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A Nanterre, après 40 ans de travaux ininterrompus, on efface tout et on recommence

Publié le 22 juillet 2004

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De l’après guerre aux années 90, la commune de Nanterre n’a cessé d’être un perpétuel chantier. Après une courte pose, devant les dérives des projections futuristes, l’Etat et les élus viennent enfin de trouver une nouvelle «voie». Conséquence, on efface tout et on recommence, pour 40 ans…
A Nanterre, après 40 ans de travaux ininterrompus, on efface tout et on recommence - Batiweb
Les vieux habitants de Nanterre pourraient aisément devenir consultants en urbanisme. Depuis l’après guerre, époque à laquelle la commune possédait le triste ruban bleu du plus grand bidonville de France, la ville n’a cessé d’être, jusqu’à la fin des années 90, un immense chantier.

Dans le domaine du BTP, ces habitants ont tout vu, tout connu. En effet, si quelques rues du vieux village ont été de justesse épargnées, Nanterre fut pendant plus de 40 ans le théâtre de toutes les audaces architecturales et urbanistiques. La grande idée des décideurs des années cinquante et soixante était de faire de cette anti-chambre de la capitale le symbole des banlieues progressistes.

En 1958, le projet d’aménagement de la Défense est lancé avec la création de l’EPAD pour conduire l’opération. Cinq cents hectares de la commune (le quart de son territoire) sont ainsi intégrés au périmètre d’intervention.

Les vieux ateliers et les anciennes usines laissèrent donc, les uns après les autres, la place à des centaines d’immeubles vitrifiés où se ruèrent les sièges sociaux des grandes entreprises. Chance ou malchance, le territoire de la commune constitu, pour une bonne part, le quartier futuriste de la Défense. Nanterre sera donc au cœur de la grande chevauchée des tours qui depuis trente ans s’élèvent autour d’un impressionnant réseau routier dont les tracés sont aussi denses que complexes.

Autour du célèbre quartier d’affaires, d’autres hectares verront s’installer des cités dont l’architecture d’avant garde franchit aujourd’hui difficilement le cap de la quarantaine. Dans cette maestria constructive, les institutions n’ont pas été en reste.

Nanterre abrite en effet toute l’activité administrative et judiciaire du deuxième département français en terme économique. Vingt ans de travaux ont ainsi été nécessaire pour donner naissance à un labyrinthe d’immeubles et de services administratifs formant une véritable ville dans la ville.

Pour soutenir ces 40 années de bétonnage intensif il fallait un réseau de routes et de transports publics à la hauteur des bouleversements. Un tel schéma ne laissait en effet aucune place au piéton, considéré dans cet univers comme un indésirable. Il fut donc remisé aux sous sols, condamné à errer sous les interminables voûtes des routes, des autoroutes et des viaducs.

Placée directement dans l’axe de la Défense, et au-delà dans celui de l’Arc de Triomphe et des Champs Elysées, Nanterre fut ainsi tranchée par une triple saignée comprenant l’ A14, la RN 314, et le RER A. Malgré quelques chétives touches de verdure, la ville, à l’aube des années 2000 devait faire le triste constat de son humanité perdue. Elle sera finalement et paradoxalement sauvée par l’amour des belles perspectives des édiles de la capitale

En 1988, l’achèvement de la Grande Arche ouvre une perspective nouvelle sur Nanterre. Le long couloir de 3 km de long qui relie l’Arche à la Seine devient un espace de projet. L’Etat, séduit par la perspective, se décide donc à enterrer l’autoroute A 14 bien que celle-ci soit déjà en partie réalisée depuis plusieurs années en viaduc. Ce viaduc, terminé de nombreuses années avant la réalisation de l’autoroute, supporte un tronçon de quatre voies suspendues dans les airs et débouchant dans le vide.

Après 20 ans de longues tergiversations, la commune reprend donc en main son destin et décide de redonner aux habitants l’espace perdu de leur ville. S’engage alors la mise en œuvre du projet Seine-Arche. Un projet à partir duquel une immense perspective va naître. Autour d'un vaste espace public dans le prolongement de l'axe historique "une coulée verte de plus de 3 km de long, pour 80 m de large, sera formée par une succession de 17 terrasses sur les 50 m de dénivelé allant de la Grande Arche jusqu'à la Seine.

A partir des voies transversales majeures, des terrasses et tout un réseau de paysages, escaliers, rues et esplanades viendront réanimer les quartiers.

La première étape de cette reconquête passe aujourd’hui par la démolition du viaduc inutile de la RN314. Selon un membre du Conseil municipal, il s’agit désormais de rattraper les erreurs d’un passé où le morcellement de la ville faisait office de politique urbaine et où les seules philosophies étaient celles de la densité au sol et de la voiture.

Dans la ville les habitants prennent acte de ce changement radical, même si beaucoup gardent encore une pointe de scepticisme. En effet, quand on regarde les projets des élus, on s’aperçoit que la ville est de nouveau en route pour une bonne génération de travaux. Outre la belle percée jusqu’à la Seine, Nanterre verra en 2005 s’élever la tour granite avec 55 000 nouveaux m2 de bureaux. Dans le même temps 550 logements supplémentaires sont déjà au programme. En parallèle une myriade de sites tel celui de la nouvelle gare Nanterre Université seront construits ou réaménagés.

Au total les projets s’empilent aujourd’hui jusqu’en 2015. A ce rythme, les engins de TP et les grues ont encore un très bel avenir à Nanterre. Une ville pour laquelle un siècle de travaux permanents ne fait finalement pas peur…

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