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La Canebière à la recherche de son lustre passé

Publié le 03 novembre 2004

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Avenue mythique de Marseille plongeant sur le Vieux Port, la Canebière, aujourd'hui triste artère sans caractère, déçoit le touriste de passage et blesse l'amour-propre des Marseillais, au point qu'une association de quartier se mobilise pour la "sauver". "Elle fait le tour de la terre, notre Cane, Canebière", proclamait la chanson de Vincent Scotto à l'orée du XXe siècle. "Si ça continue, il va falloir la débaptiser", s'insurge à présent Christian Borelli, président de l'association "Sauvons La Canebière", forte de quelque 200 des 300 commerçants de l'artère, qui veut "promouvoir une nouvelle dynamique".
La Canebière à la recherche de son lustre passé  - Batiweb
"Depuis vingt ans, on nous dit que ça va changer, mais ça change en pire", affirme-t-il. "Quand les tour-opérateurs arrivent, ils nous disent c'est ça, la Canebière, les touristes nous demandent, c'est où la Canebière?". "C'est le ras-le-bol complet", lâche ce restaurateur, un des derniers de la célèbre avenue, qui tire son nom d'anciens entrepôts de chanvre (cannabis) utilisé pour fabriquer des cordages.

Il énumère les brasseries supplantées par les snacks, la dernière terrasse fermée il y a cinq ans, les cinémas et belles enseignes disparus, nostalgique du temps où "c'était vivant, même le soir". "Aujourd'hui, dit-il, c'est sale et pas sûr". La mairie se défend en expliquant que le renouveau de la Canebière n'est pas qu'une affaire de ravalement de façades, mais "passe aussi par l'arrivée de grands pôles culturels et de services".

Elle cite ainsi les "outils de reconquête" que sont le futur tramway, le futur commissariat derrière la façade d'un ancien hôtel de luxe, l'implantation d'une université, de l'Institut de la mode et l'ouverture récente d'une grande bibliothèque, en lieu et place du music-hall disparu de l'Alcazar. Au bas de la Canebière, la rénovation de la Rue de la République et du quartier historique du Panier font aussi grincer des dents parmi les habitants issus de classes sociales populaires ou immigrées.

Dans le Panier, le plus vieux quartier de la ville aux ruelles étroites, la réhabilitation commencée il y a cinq ans porte sur 3.400 logements. "Mais un nombre important d'immeubles restent fermés, squattés, et depuis trois ans rien n'a avancé. C'est invraisemblable", s'insurge Maurice Vinçon, président du comité d'intérêt de quartier, indiquant que les travaux devraient reprendre en 2006.

Il espère que les futurs loyers ne rendront "pas les logements inhabitables". Les craintes sont les mêmes pour les derniers habitants de la rue de la République, grande artère de 1,2 km, bordée d'immeubles haussmanniens en piteux état, pour moitié inoccupés. Une opération de "requalification" porte sur 5.200 logements, dont 2.500 à réaliser par le fonds d'investissement américain Lonestar qui a racheté 40% de la rue et prévoit de livrer ses premiers logements d'ici deux ans.

"Les premières lettres de non renouvellement de bail sont parties", dénonce l'association "Un centre ville pour tous", qui y voit "un prétexte pour déplacer les gens". La mairie rétorque qu'un tiers des logements doivent être rétrocédés à des bailleurs sociaux, qu'une résidence étudiante et des hébergements pour les personnes âgées y seront installés.

Avec le futur tramway qui doit l'emprunter, promet Marseille-République chargé de la rénovation des immeubles de Lonestar, "la rue de la République aura tout d'une avenue emblématique de grande métropole".

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