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Le grand réveil du Berlaymont

Publié le 31 décembre 2002

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Le Berlaymont est le bâtiment emblématique de la Communauté européenne à Bruxelles. Evacué en 1991 pour cause d’omniprésence d’amiante, les fonctionnaires vont peu à peu le réintégrer après douze ans de travaux et de sulfureuses dépenses.
Le grand réveil du Berlaymont - Batiweb
Ce pourrait être tout à la fois une histoire belge et l'exemple même d'une dérive financière avec en toile de fond le gouvernement belge et les institutions européennes. L'objet du délit ? Un immense bâtiment situé en plein cœur de Bruxelles et dénommé "le Berlaymont". Cet édifice gigantesque a été construit dans les années 1960. Autant dire qu'il n'est plus aux normes en vigueur aujourd'hui. L'immeuble, assez futuriste pour son époque, ne présentait pas d'inconvénients majeurs et la Belgique le mit à la disposition des fonctionnaires européens en 1967, moyennant le paiement d'un loyer évidemment. Le drame se noue en 1991 lorsque l'amiante est déclarée hautement cancérigène. Après un premier vent de panique (les fonctionnaires européens prenant leurs jambes à leur cou), l'Etat belge, grand seigneur, décide de le rénover à ses frais et de le désamianter. Mais, allez savoir pourquoi, les travaux ne commenceront qu'en 1998. Durant tout ce temps, il aura fallu reloger les fonctionnaires… aux frais de la Communauté européenne. On ne connaît pas le montant exact de l'ardoise, celle-ci reste encore aujourd’hui un sujet tabou.

Imbroglio financier

Toujours est-il que les autorités belges ont alors pris en charge ces travaux (88,6 millions d'euros) alors qu'un consortium associant Bouygues et l'allemand Strassag remportait, en 1998, le contrat de rénovation du bâtiment pour une enveloppe de 372 millions d'euros. Jusque-là, rien à dire, sauf qu'un changement de gouvernement en Belgique amène les nouveaux gouvernants à se pencher sur le dossier du Berlaymont... pour y découvrir un gouffre financier. Retour en arrière. En 1990, c'est Jean-Luc Dehaene qui a proposé le montage juridique calamiteux débouchant sur le Berlaymont 2000. C'est également lui qui a cosigné la première note qui évalue le coût des travaux à 6,5 milliards de francs belges. De 1990 à 1995, il ne s'est strictement rien passé. En 1999, à l'arrivée du gouvernement Verhofstadt, les travaux de rénovation n'étaient pas entamés et le dossier était totalement bloqué. Les travaux ont repris malgré un imbroglio financier qui laisserait pantois le plus humble des experts-comptables. L'accord conclu récemment entre le gouvernement belge et la Commission européenne prévoit le retour complet des trois mille fonctionnaires européens dans le Berlaymont au 31 décembre 2003. La Commission devrait alors prendre possession du bâtiment pour 572 millions d'euros, qu'elle versera en vingt-sept annuités. Mais pour que cette date soit tenue, il faudrait vraiment que Dieu soit belge !

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