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Tunnel du Lioran, la résurrection d'un vieillard

Publié le 11 septembre 2002

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Le tunnel du Lioran, le plus vieux des tunnels français, vit ses derniers mois. Mais sa mort marque aussi sa renaissance. Dans quelque semaines, les entreprises vont ouvrir un chantier qui peut s'avérer plein de surprises

Tunnel du Lioran, la résurrection d'un vieillard - Batiweb
On ne dérange pas sans risque le sous-sol des vieux volcans d'Auvergne. C'est la réflexion que les hommes de la DDE, maîtres d'œuvre des chantiers routiers du Cantal, doivent se faire, à la veille de l'ouverture du chantier du nouveau tunnel du Lioran. Sans rencontrer les difficultés qui furent celles de sa naissance, le percement du nouveau tunnel pourrait cependant réserver bien des surprises aux tunneliers. Le tunnel du Lioran est en effet aujourd'hui le plus vieux de France. Construit en 1848, il traverse les monts du Cantal à une altitude comprise entre 1100 et 1175 mètres. Abritant la RN 122, il constitue le seul axe reliant Aurillac à Clermont-Ferrand et l'autoroute A 75. Chaque jour, plus de 5 500 véhicules le franchissent, avec des pics qui en été atteignent 11 000 véhicules/jour. Ce souterrain stratégique fut à l'époque construit par les puisatiers de la région. Ils y gagnèrent le surnom de Tranches-Montagne. Entre 1839 et 1848, ces hommes ont creusé la roche au pic et à la pioche, un travail que même les forçats auraient sans doute refusé et qui laisse encore dans la région le souvenir d'un enfer. Neuf années de ténèbres, de fumées, d’éboulements, d’inondations boueuses, d’asphyxies, d’épidémies ravageuses afin d' ouvrir un trou de taupe de 1414 mètres qui, longtemps, fut le plus long tunnel de France.

Un trou noir effrayant
On ne compte plus les péripéties techniques, politiques, humaines et financières qui ont émaillé sa naissance. Un tunnel à l'époque jugé effrayant, dans lequel même les chevaux refusaient de s’engager, mais destiné cependant à mettre à l'abri les voyageurs qui sans cesse étaient la proie de brigandage, lorsqu'ils franchissaient les sommets. Un tunnel enfin, qui, telle une bouffée d'oxygène, devait libérer la région de son enclavement, fut-ce au prix de terribles efforts. Aujourd'hui, l'auguste vieillard est jugé inapte. Son destin est scellé, il deviendra le boyau de secours d'un autre tunnel, plus long, plus large et surtout plus conforme aux exigences actuelles de la sécurité. Mais les maîtres d'ouvrages savent aussi que comme par le passé, ils rencontreront toute la perversité d'un sous-sol volcanique. Les sondages montrent déjà que des cavités aux contenus inquiétants les attendent. Poches d'eau ou de gaz, rivières souterraines, roches tantôt dures ou tantôt friables, sources brûlantes ou glacées, sous les vieux volcans d'Auvergne les tunneliers entrent comme dans le passé, en terre inconnue. Le chantier doit durer 3 ans. Trois ans au terme desquels, le vieillard pourra enfin, comme les volcans sous lesquels il passe, à son tour s'endormir.

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