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Une Loire en liberté pour retrouver la santé

Publié le 17 octobre 2006

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Là où la Loire vagabonde, la nature se porte mieux. A sa confluence avec l'Allier, le plus long fleuve de France reconquiert patiemment ses espaces de liberté.
Au Bec d'Allier (Nièvre), les deux cours d'eau les plus sauvages d'Europe se marient en bouillonnant entre les îlots de sable, les grèves herbues et les forêts de bois tendres qui attirent les castors.
"En laissant faire la nature, on crée autant de niches écologiques", indique Stéphane Lebreton, responsable des espaces naturels au Conseil général de la Nièvre, en embrassant la variété de paysages façonnée par les eaux, face à une vaste prairie verdoyante. Les 30 ha qui s'étirent le long de la rive droite de l'Allier produisaient autrefois du maïs. Les berges s'écroulaient et l'agriculteur envisageait de les enrocher pour enrayer l'érosion. Le Conseil général a acquis le terrain en 1996 pour le mettre partiellement en pâture, avec un cahier des charges strict qui exclut la surexploitation, quand il n'est pas noyé sous des eaux sorties de leur lit.

Le site est l'un des quelque 50 ha d'espaces remarquables rachetés depuis une douzaine d'années par le Conseil général de la Nièvre, le long des deux cours d'eau que Stéphane Lebreton gère "par non intervention", acceptant de perdre 3 à 5 m de terrain grignotés chaque année par l'érosion. "Il fallait +renaturer+ ici", justifie-t-il en arpentant le Sentier du Passeur qui, sur la rive droite de l'Allier, mène sur 4 km le promeneur à la Loire en serpentant entre la forêt des rives.

La forêt alluviale ou "ripisylve" - devenue rare en Europe à force de domestication des fleuves, note le conservateur - amortit d'elle-même les crues, fixe les berges et filtre les indésirables, phosphates et nitrates lâchés par l'agriculture. De même, "après une crue, quand l'eau quitte la prairie, elle a été filtrée par le milieu naturel", renchérit Pascal Grondin, représentant sur le site du WWF pour le Programme Loire Nature.

Lancé en 1993, ce vaste plan de restauration qui s'achève à la fin de l'année visait à renforcer la notion "d'espaces de liberté" du fleuve après des décennies d'aménagements et de contraintes, afin de lui restituer la richesse et la diversité de son milieu naturel et contribuer ainsi à la qualité de ses eaux. Loire Nature, qui associe le WWF et des ONG locales, les pouvoirs publics et les conservatoires d'espaces naturels, s'adresse à l'ensemble du bassin de la Loire (un cinquième du territoire français sur huit régions et 30 départements).

Au total, plus de 2.000 ha et une centaine de sites, rendus à la divagation naturelle des eaux, ont été préservés et avec eux, plus de 100 espèces animales protégées, 210 variétés d'oiseaux et près d'une cinquantaine de poissons, dont le brochet, pratiquement menacé d'extinction. Il était temps, estime M. Lebreton en énumérant les menaces ainsi partiellement écartées dues au dérangement humain des cours d'eau, à la prolifération d'espèces envahissantes, à la pollution et à l'enfoncement du lit de la Loire provoqué par l'extraction massive de sable et de graviers.

L'enfoncement (de 1,50 m à 3 m par endroits) a eu pour conséquence la disparition des forêts alluviales mais aussi de rendre les nappes phréatiques, enfoncées elles-aussi, difficilement accessibles pour les puits de captage. "Cette activité est désormais stoppée, note M. Lebreton. Reste à combler cet affaissement, peut-être en remettant du sable".

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