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Accélérer l’arrivée de nouvelles chaudières F30 avec la marque « Biofioul Ready »

Publié le 06 septembre 2021

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A partir de juillet 2022, les nouvelles installations de chaudières fioul seront interdites, uniquement remplaçables par des chaudières au moins compatibles au biofioul F30, c’est-à-dire composé à 30 % d’EMAG de colza. Afin de préparer la filière à cette évolution, les fabricants visent la commercialisation de ces appareils d’ici la fin de l’année sous la marque « Biofioul Ready », lancée par la FF3C. Explications avec son délégué général Frédéric Plan, accompagné de Fabrice Shoshany, responsable marketing du groupe BDR Thermea et Franck Perge, dirigeant du fabricant Perge.
Accélérer l’arrivée de nouvelles chaudières F30 avec la marque « Biofioul Ready » - Batiweb

En janvier 2021, a été mis en consultation le projet de décret relatif à l’interdiction de nouvelles installations thermiques recourant à des combustibles fossiles tels que le fioul. Le texte préconise ainsi pour le neuf des installations de chaudières compatibles au biofioul. Les utiliser en remplacement est aussi recommandé sur le parc existant, à l’appréciation de l’occupant, notamment dès que la chaudière fioul déjà présente ne fonctionne plus et devient irréparable.

Prévue le 1er janvier 2022, l’interdiction a finalement été décalée au 1er juillet 2021, laissant le temps à la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C) d’organiser la commercialisation de tels dispositifs, bien qu’en vérité, elle n’ait pas attendu le projet législatif pour se lancer.

Anticiper l’interdiction de nouvelles installations au fioul

En effet, la FF3C avait déjà développé fin 2019 « Biofioul Ready », une marque collective rassemblant tous les fabricants de solutions thermiques. Son objectif ? développer davantage les chaudières compatibles au biofioul, un combustible produit en France à partir de l’ester méthylique d’acide (EMAG) de colza. « Début 2020, nous avions un projet de développer progressivement des biofiouls, en commençant par le F10 et le F20, c’est-à-dire avec 10 ou 20 % d’ester méthylique d’acide gras de colza », explique Frédéric Plan, délégué général de la FF3C.

Toutefois, le futur décret à paraître début septembre 2021, fixe pour dès juillet 2022 le seuil d’émission de CO2 maximum par les nouveaux équipements combustibles à 250 g CO2 eq Kwh PCI. Une limite à laquelle les chaudières F10 et F20 ne peuvent pas répondre. Seules celles à partir du grade F30 sauront s’y adapter. La FF3C et les fabricants ont donc accéléré la cadence afin d’anticiper ces obligations, en basculant d’ici la fin de l’année la production vers le F30. De quoi bouleverser à la fois 3 200 000 ménages utilisant le fioul domestique en énergie de chauffage, mais aussi le marché des chaudières fioul, qui, en 2020, représentaient 20 000 unités sur un marché global du chauffage d'environ 500 000 pièces vendues, selon Fabrice Shoshany, responsable marketing du groupe BDR Thermea, rassemblant entre autres la marque De Dietrich.

L’EMAG de colza, une substance corrosive pour l’appareil

A entendre certains fabricants de chaudières fioul, l’expertise et l’investissement ne changent pas tellement d’une chaudière fioul classique à une chaudière biofioul. « La plus-value entre brûleur biofioul F30 ou un ordinaire, elle, est de 170 € HT. Si je prends une chaudière courante (…) aux alentours de 4 000 €, l’écart n’est pas très important. Du point de vue du client qui va investir dans l’appareil qui va durer 20 ans, c’est très peu », expose Franck Perge, dirigeant de Perge, fabricant de pompes à chaleur hybrides, chaudières bois, fioul et granulés.

Cependant, les chaudières biofioul F30, contenant un taux plus élevé d’EMAG de colza, doivent s’adapter à son « caractère lessiviel et décapant, car il est assez acide envers certains types de matériaux. Il n’y a pas beaucoup d’adaptation à faire, puisque ça concerne essentiellement le brûleur et non pas le corps de chauffe, ni les organes de régulation », explique Frédéric Plan. Si le problème de compatibilité matérielle ne concerne pas le bâti neuf, où l’installation est d’office compatible au biofioul, l’utilisateur d’une chaudière fioul installée avant le 1er juillet 2022 devra être plus vigilant. 

Si par nécessité ou par envie, il souhaite adapter sa chaudière au biofioul, l’installateur devra vérifier la compatibilité du brûleur voire le changer, surtout s’il se compose de « caoutchoucs simples en général, ceux qu’on appelle les caoutchoucs de type NR, NBR, PDM. Il faut des caoutchoucs de meilleure qualité : des HNBR, ou des caoutchoucs fluorés » énumère Franck Perge. Côté stockage, c’est-à-dire les cuves en acier ou PEHD, l’intéressé précise qu’ « il n’y a pas de problèmes, elles sont compatibles avec le biofioul. Par contre, quand on va passer du fioul standard au biofioul, il faudra probablement faire un rinçage ».

L’ensemble de ces ajustements réalisés sur les nouvelles chaudières compatibles F30 déjà produites ont fait l’objet d’un test lancé par la FF3C, contrôlé par le Bureau de normalisation pétrolière sous le mandat de la direction générale de l’Énergie et du Climat. Une façon d’établir les caractéristiques précises des nouveaux appareils, avant la commercialisation d’une vingtaine de chaudières d’ici la fin de l’année.

Cap imminent vers le F100 ?

A l’avenir, la filière cherche à étendre ce pourcentage d’EMAG jusqu’à 100 % d’ici 2040, marquant la fin du fioul fossile. Face à ces objectifs, le fabricant Perge, ne préfère pas brûler les étapes mais plutôt viser d’abord le F50. De Dietrich, de son côté, se projette déjà dans le futur, notamment avec l’essai, mené par la FF3C, de deux chaudières F100 au palais princier de Monaco. « Aujourd’hui vous avez des moteurs essences, notamment au Brésil, qui fonctionnent à 100 % à l’huile de canne à sucre. Fondamentalement, pourquoi une chaudière ne fonctionnerait pas entièrement avec du colza ? », interroge Fabrice Shoshany.

Propos recueillis par Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock

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