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CompoHouse, un bâtiment démonstrateur à énergie positive réalisé en matériaux composites

Publié le 04 juillet 2019

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Le 13 juin dernier, Solutions Composites a inauguré, à Mettray (37), son bâtiment démonstrateur CompoHouse. Entièrement réalisé en matériaux composites, le projet utilise le système constructif Wall E+, un bloc creux – profilé – pouvant être utilisé comme mur porteur, plancher ou couverture. Il se veut la preuve qu’il est possible de construire « différemment » tout en assurant de hautes performances énergétiques. Retour sur ce chantier « unique ».
CompoHouse, un bâtiment démonstrateur à énergie positive réalisé en matériaux composites - Batiweb

Le 14 juin dernier, au lendemain de l’inauguration de CompoHouse, nous nous sommes rendus à Mettray pour découvrir ce projet atypique. Arrivés sur le chantier, ce n’est pas tant l’architecture du bâtiment qui nous interpelle mais plutôt les brise-soleil photovoltaïques horizontaux.

 

Au fur et à mesure de la visite, nous découvrons d’autres installations permettant d’exploiter massivement l’énergie solaire :

  • Des panneaux photovoltaïques en toiture ;
  • Une cheminée solaire utilisant la colonne thermique pour rafraichir l’air intérieur ;
  • Aztec®, un capteur d’air pariéto-dynamique de type « mur trombe » ;
  • Ou encore, des garde-corps photovoltaïques.

 

 

Solutions composites révèle qu’avec près de 15 kWh/an de production d’énergie, CompoHouse pourrait assurer la consommation annuelle (à surface équivalente de 130 m2) de 2,5 maisons labellisées « BBC-effinergie » ou de 8 maisons « PassivHaus ».

 

Wall E+ : construire plus rapidement et plus écologique

 

Le système constructif Wall E+ a été utilisé sur l’ensemble du projet. Imaginé par Solutions Composites, il s’agit d’un bloc creux en matériaux composites pouvant être utilisé comme mur porteur, plancher ou couverture. Il assure la fonction complète d’enveloppe du bâtiment, intégrant bardage et équipements techniques actifs ou non. Chacun des profilés peut être démonté et réutilisé.

 

Les modules, préfabriqués en usine, sont posés et solidarisés entre eux. Le joint très fin entre les panneaux permet de réduire « considérablement » le pont thermique. La production du système se fait par pultrusion, une technologie permettant « d’obtenir des profilés à des prix sans comparaison avec tous les autres procédés de transformation ».

 

 

L’avantage du bloc Wall E+ est également de pouvoir accueillir « très naturellement » des végétaux en surface. CompoHouse compte ainsi sur deux murs végétalisés ainsi que sur une jardinière autonome, un système de récupération d’eau et une toiture végétalisée.  

 

Le bâtiment fait la part belle à la lumière naturelle. Wall E+ propose le traitement de l’intégralité de la façade : structure et composants du second œuvre, parties opaques et parties vitrées. L’encadrement des menuiseries est intégré : profilés de pré-cadre, appuis de fenêtres, seuils de portes, encadrements de volets roulants. Les blocs autorisent aussi la création de puits de lumière.

 

Comment est né ce projet bioclimatique ?

 

Laurent Destouches, dirigeant de Solutions Composites, révèle que le projet a débuté il y a une vingtaine d’années. « Quand j’ai démarré à travailler dans ce secteur des composites, assez rapidement, je me suis interrogé sur la non-utilisation dans le bâtiment. Parce qu’on a des matériaux qui sont mécaniquement résistants, imputrescibles, légers, thermiquement très isolants. C’est presque la définition du matériau idéal pour traiter l’enveloppe ».

 

Alors qu’aux États-Unis, au Canada et en Russie, le matériau composite se démocratise, il regrette qu’en France, on « coule du béton pour couler du béton ». « Pour moi, il n’y a pas de mauvais matériaux, mais il y a des exploitations qui ne sont pas rationnelles ».

 

« Le béton est montré du doigt comme un vrai matériau négatif pour l’environnement. Quand on a de la compression à faire sur des dalles, très bien. On ne s’interdit pas d’en mettre. On en aura peut-être sur nos planchers pour prendre un peu d’inertie thermique par exemple, mais de façon parcimonieuse. 30 à 40 mm ». Pour CompoHouse, « on a fondé sans béton. Et demain, on veut fonder sur pieux ».

 

Pourquoi le marché des matériaux composites ne décolle pas en France ? Laurent Destouches explique que l’une des caractéristiques du matériau est sa légèreté. « On fait 19 kilos au mètre linéaire, moins de 40 kg au mètre carré ». « Mais léger, ce n’est pas vendeur ». Via ce projet, il explique que la société a essayé « de prendre de la hauteur face à l’acte de bâtir. C’est la réflexion sur la construction bioclimatique, c’est la réflexion avec les architectes qui me paraît très importante, c’est la réflexion sur l’énergie solaire, et plus globalement sur tous les flux entrants et sortants. Demain, on ne s’interdit pas de réfléchir à la méthanisation... ».

 

« Le problème de l’énergie solaire, c’est son intermittence, il faut la coupler à d’autres moyens, d’autres sources, ou alors savoir la stocker. Et la stocker… on réfléchit beaucoup à l’hydrogène mais ça coûte très cher aujourd’hui. A l’échelle d’un quartier ou d’un ilot, ça commence à avoir du sens ».

 

Ce bâtiment expérimental était aussi un moyen de « faire taire toutes les mauvaises langues ». Pour mener ce projet, M. Destouches s'est bien sûr adressé à des assureurs qui lui ont conseillé « de ne pas y aller ». Mais comment ne pas se lancer alors qu’il venait d’investir « 10 années » de sa vie au projet. « On l’a fait. On n’est pas assuré, et alors ? ».

 

CompoHouse doit ainsi rassurer : « On a prétendu des choses et aujourd’hui, on les prouve ». Le projet montre aussi que l’utilisation des blocs Wall E+ peut aller au-delà des murs. « On s’est dit, on a une vraie solution pour toute l’enveloppe du bâtiment. On a un profil qui est réglable en épaisseur. Demain, on peut industrialiser de façon massive et monter très vite des maisons ».

 

S’il devait résumer les « plus » du matériau composite, il citerait : « des performances mécaniques ramenées à densité, qui sont exceptionnelles. Plus résistant que l’acier et 5 fois plus léger. On est 900 moins conducteur que l’aluminium, 150 fois moins que l’acier. On est vraiment classé dans les matériaux isolants ». Le matériau est également imputrescible, résiste à la corrosion et se distingue de par sa « grande pérennité ». Laurent Destouches souligne aussi « un positionnement vis-à-vis de l’environnement qui est particulièrement intéressant. Il y a plutôt peu de consommation de ressources naturelles à l’entrée et pas d’utilisation de ressources très rares. La seule limite aujourd’hui, c’est la méconnaissance des acteurs du marché. Il faut passer par des tests, des communications lourdes ».

 

Quant aux coûts ? « On a un bâtiment super positif » qui tourne autour de 2500 € / m2 (hors taxes).

 

Et en termes d’économie circulaire ? « Là aussi on offre quelque chose d’assez unique. On va pouvoir aller sourcer n’importe quel type d’isolant, biousourcé, recyclé… Il n’y a pas un procédé au monde qui permette de faire ce qu’on fait ». Il revient aussi sur le fait que les profilés peuvent être réutilisés après déconstruction. Le système répond ainsi à la logique du Cradle-to-Cradle.

 

Dernier point, la résistance au feu ? « On n’a pas fait tous les tests, mais les premiers sont rassurants », conclut Laurent Destouches.

 

Rose Colombel
Photo de une : ©Solutions Composites

 

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