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Du camp militaire au camp d’internement de Rivesaltes.

Publié le 03 janvier 2006

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L’idée de constituer dans la plaine comprise entre Salses, Rivesaltes et Espira de l’Agly un camp d’instruction militaire a pris corps vers 1935. Si les travaux de construction débutent en 1938, rien encore ne prédestinait le camp d’internement. Rivesaltes est choisi en raison des capacités d’accueil qu’il offre en matière d’aménagement et d’espace... Histoire d'un lieu qui entre dans l'Histoire.
Du camp militaire au camp d’internement de Rivesaltes. - Batiweb
En effet, les camps d’internement sont saturés et plusieurs dizaines de milliers de personnes s’entassent dans des conditions sanitaires souvent dramatique faute d’équipements nécessaires. Ainsi, 600 hectares seront dévolus à un « Centre d’hébergement de Rivesaltes ». Le camp fonctionne ainsi du 14 janvier 1941 date de son ouverture officielle au 22 novembre 1942 (date de sa fermeture même si des internés sont encore présents dans l’enceinte du camp à cette date en attente de leur transfert dans d’autres camp du sud de la France.

Le tournant tragique : 1942

Alors que la politique d’exclusion des juifs s’intensifie entre 1941 et 1942, Rivesaltes va s’inscrire dans une logique de politique nationale. En effet, le camp passe successivement du statut de « centre de regroupement familial » à celui de Centre régional puis national (fin Août 1942) de Rassemblement des israélites pour toute la zone libre c'est-à-dire une sorte de « Drancy de la zone libre » (S. Klarsfeld).

En avril 1941, David Gustave Humbert décide de regrouper dans les îlots B toutes les familles juives. Néanmoins, la vie quotidienne des internés juifs, jusqu’aux mesures arbitraires de l’été 1942, n’est en rien différente de celle des autres internés.

La véritable rupture s’opère dés le début du mois d’août 1942 suite aux instructions ministérielles. Le camp va s’ériger en Centre de regroupement des juifs étrangers provenant de toute la zone libre (des autres camps ou suite à des rafles). A leur arrivée au camp spécial, c’est à la commission arbitraire de criblage de se prononcer sur leur sort. Une fiche individuelle indique la mention « part », « exclus » ou « réservé ». Cependant, dans l’ombre, certains vont tenter à leur niveau de sauver un maximum d’individus quitte à emprunter les voies de l’illégalité.

L'occupation allemande

L’invasion par l’année allemande de la partie encore non occupée du territoire français est lancée le 11 novembre 1942. Dans un premier temps, seule la partie militaire du camp Joffre est investie par l’armée allemande, le centre d’internement du ministère de l’intérieur, bien qu’en cours de liquidation, existant toujours. Le camp Joffre est occupé sans discontinuité par l’armée allemande jusqu’à la libération. Il retrouvera avec l’armée allemande les fonctions « classiques » d’un camp militaire en servant au cantonnement et à l’instruction de troupes d’infanterie dont les unités concourent à la défense côtière. Avant son retrait, le 19 août 1944, l’armée allemande s’applique à rendre inutilisables les installations électriques et l’adduction d’eau de plusieurs îlots. En 1945, les prisonniers allemands détenus sur place travailleront à réparer les dégradations faites par leurs prédécesseurs.

Les Harkis arrivent à Rivesaltes

L’histoire de ce siècle traverse encore Rivesaltes ; Avec la guerre d’Algérie, le camp accueille nombre de soldats du contingent avant leur embarquement à Port Vendres. On pense même qu’il y eut quelques prisonniers FLN. Mais surtout, après les accords d’Evian du 19 mars 1962, des compagnies de supplétifs militaires algériens – Harka – sont rapatriées en métropole et cantonnées avec leur famille dans plusieurs îlots du camp.

Ils séjourneront là jusqu’en 1964 avant d’être relogés. Considérés comme des « traites » par leurs compatriotes, ces militaires maghrébins au service de la France sont contraints à l’exil pour éviter les représailles qui ne manqueraient pas de s’abattre sur eux en Algérie s’ils restaient ; seulement quelques dizaines de milliers furent évacués vers le continent. Les autres, abandonnés à leur sort sont exécutés avec leur famille. Le chiffre de ces victimes est aujourd’hui difficile à établir ; probablement prés de 200 000 personnes furent tuées. Les réfugiés arrivent au camp Joffre à la fin de l’été 1962. Les baraques ne suffisant pas à loger tout le monde, des tentes militaires sont installées pour pallier le manque de logements.

A ces difficultés matérielles s’ajoutent la détresse morale et la douleur de l’exil.

Une situation qui dure

Le confinement à l’intérieur du périmètre militaire, le manque d’espace pour une population aussi nombreuse et son logement rudimentaire génèrent une promiscuité et des conditions d’existence qui deviennent rapidement pénibles pour l’ensemble des réfugiés. Or, c’est précisément la pérennisation d’une situation qui devrait rester temporaire qui révèle des conditions de vie inacceptables. Le premier hiver, en 1962, avec le froid et le vent qui rappellent la précarité des installations, la nécessité de scolariser les enfants et de retrouver une vie équilibrée, avec une activité professionnelle, indiquent la nécessité d’agir. Pourtant, et ce malgré une prise de conscience générale, les changements seront longs à intervenir. Les dernières familles quitteront le camp à la fin des années 70.

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