R. Les ratés de l'intégration, les ratés urbains bien sûr et aussi le fait qu'il y a un réceptacle pour toute cette misère. Il y a un espace qu'il faut transformer complètement. Là où on a réussi à le faire, il ne s'est rien passé: à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine) par exemple, qui était pourtant un quartier hyper sensible et qui est devenu un endroit attractif. Le lien (social NDLR) et le lieu peuvent se réparer ensemble. Que les violences aient démarré à Clichy-Montfermeil ne m'a pas étonné, c'est un des endroits les pires.

Q. Vous avez été délégué à la rénovation des banlieues sous François Mitterrand. Quels ont été pour vous les manquements les plus graves?

R. La plus grande erreur, qu'on paye aujourd'hui, ça a été la non reconnaissance de la citoyenneté avec le droit de vote des étrangers aux élections municipales. C'est une mesure idéologique, une mesure qui donnerait à tous les +basanés+ un droit d'existence citoyenne comme à tous les autres.

Un signe pour dire: il n'y a pas deux catégories de personnes. C'est une question de fonds mais il n'y a pas que ça, pour la banlieue il faut aussi les meilleurs profs, les meilleurs flics. Comment a-t-on créé une élite noire aux Etats-Unis? En prenant les gamins, en les amenant dans les quartiers riches.

Q. Quels seraient, selon vous, les remèdes?

R. Il faut que la question des banlieues deviennent une priorité absolue, une grande cause nationale. Le parlement devrait voter ça et s'y coller. Pas attendre 2007. Les gamins voient bien qu'il n'y a plus d'autorité publique. Il y a 25 ans, il y avait juste un problème de noirs, d'arabes et de pauvres, une mémoire coloniale mal réglée aussi. Maintenant il y un problème religieux. Ca fait beaucoup. Il y a aussi une bataille qu'il faut absolument mener sur la laïcité. Toutes ces questions sont générales, on ne peut les régler ni par le seul biais de la sécurité ou du social, ni même uniquement par la lutte contre le chômage. Il faut mener tout ensemble pour que les habitants des banlieues deviennent des citoyens à part entière. Il faut aussi embellir ces quartiers pour qu'ils deviennent attractifs.

propos recueillis par Anne-Marie LADOUES