Nucléaire VS renouvelables : des désaccords au sein même du gouvernement

La polémique autour de l’avenir énergétique de la France continue et divise au sein même de l’entourage d’Emmanuel Macron.
Dans une tribune pour Le Figaro publiée le 2 juillet, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a jugé qu’il fallait stopper les subventions publiques pour l’éolien et le photovoltaïque au profit de la relance du nucléaire.
« Notre priorité doit être de rebâtir un parc nucléaire en reconstituant une compétence industrielle française, afin d'éviter l'effet falaise lié au vieillissement des centrales actuelles », a estimé le ministre de l’Intérieur. Et d’ajouter : « L'éolien et le photovoltaïque n'apportent au mix énergétique français qu'une intermittence coûteuse à gérer ».
Ces propos ont suscité une levée de boucliers. Gabriel Attal, ancien Premier ministre, a dénoncé « un contresens historique et scientifique (…) incompréhensible ».
Renoncer aux EnR, un risque pour l’indépendance énergétique de la France
« Croire que sortir de la dépendance aux énergies fossiles et aux pays qui les produisent peut se faire en abandonnant les énergies renouvelables et en mettant au chômage les salariés de leurs filières, est une vue de l'esprit - et une position frontalement opposée à la ligne du gouvernement », a de son côté réagi Marc Ferracci, ministre de l’Industrie.
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, abonde, estimant que la position défendue dans cette tribune « est totalement contraire à celle portée par le gouvernement », qui défend un mix énergétique entre nucléaire et énergies renouvelables.
« Nous consommons 60 % d'énergie fossile. Est-ce-que vous croyez que même d'un point de vue de souveraineté, d'indépendance, devoir dépendre pour notre énergie de la Russie, qui est une de nos dépendances, de l'Algérie - on sait ce qui se passe entre la France et l'Algérie - d'un certain nombre d'Etats du Moyen-Orient ou des États-Unis, c'est confortable ? Est-ce que c'est sérieux ? », a interpellé Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, sur France Info.
Pour rappel, le 24 juin, la proposition de loi Gremillet – portant sur le futur énergétique de la France – a été rejetée à l’Assemblée nationale après avoir été remaniée par la droite et l’extrême droite, instaurant un moratoire de l’éolien et le solaire.
Le 1er juillet, la commission des affaires économiques du Sénat a adopté une deuxième version plus courte et plus consensuelle, réintégrant les énergies renouvelables. Ce nouveau texte doit être examiné en deuxième lecture le 8 juillet prochain.
Par Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock