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Deutsche Bank rouvre son fond immobilier, mais la crise n'est pas finie

Publié le 03 mars 2006

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La Deutsche Bank va rouvrir comme prévu vendredi son fonds immobilier en difficulté, dont les actifs n'ont été finalement que peu dévalorisés, mais cette mesure ne devrait pas suffire à restaurer la confiance des investisseurs, sérieusement entamée.
Les conclusions présentées jeudi par la banque concernant son fonds immobilier ouvert "Grundbesitz-Invest" sont moins graves qu'attendues: les actifs de ce fonds, qui gère en tout près de 6 milliards de biens, ne sont dévalorisés que de 147 millions d'euros, soit 2,4%, alors que la presse allemande évoquait un chiffre compris entre 200 et 600 millions d'euros.

La décision par la Deutsche Bank de geler en décembre son fonds avait créé une onde de choc dans le secteur. Il s'agissait en effet d'une première dans l'histoire de ces placements, mis en place dans l'après-guerre en Allemagne et très prisés des particuliers. L'établissement de Francfort avait alors été vertement critiquée, certains jugeant cette mesure exagérée. Le gendarme de la Bourse allemande, le Bafin, avait par exemple rappelé qu'une telle mesure doit être justifiée par des "circonstances exceptionnelles".

L'ampleur de la dévalorisation annoncée jeudi ne devrait pas faire taire les critiques. "Une dévalorisation du portefeuille de 2,4% est ridiculement basse, par conséquent, de nouvelles corrections sont probables", estimait un expert en fonds immobilier. Pour Konrad Becker, analyste chez Merck Finck, le gestionnaire de biens immobiliers de la banque "DB Real Estate a peut-être surévalué le problème au départ". Le gel du fonds se justifiait toutefois à ses yeux, car il risquait d'essuyer d'importants retraits.

Mais l'erreur commise selon lui par la Deutsche Bank a été de ne pas annoncer immédiatement des mesures de compensations pour les investisseurs, ce qu'elle s'est résolue à faire par la suite. Résultat, la banque francfortoise est accusée d'avoir semé la panique dans l'ensemble du secteur et d'avoir entaché la réputation des fonds immobiliers ouverts, des placements très souples longtemps considérés comme des très sûrs.

Ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Selon un sondage de TNS Infratest, 84% des personnes interrogées disent "peu probable" qu'elles y placent de l'argent au cours des 12 prochains mois. La Fédération nationale des fonds d'investissements (BVI) a déjà annoncé un paquet de mesures pour ramener le calme. Mais leur mise en place ne peut se faire du jour au lendemain. "Il faudra du temps avant de regagner la confiance des investisseurs", souligne Klaus-Jürgen Baum, directeur pour l'Allemagne du fonds de placement Fidelity International.

L'ensemble des fonds allemands, qui géraient en tout fin décembre 85,1 milliards d'euros, a subi le contrecoup de la décision de Deutsche Bank: ils ont essuyé en décembre des retraits de 3,1 milliards d'euros, contre moins de 400 millions sur les onze premiers mois de l'année. En janvier, ce montant a atteint 4,2 milliards, du jamais vu.

Cette tendance pourrait se poursuivre. En effet, pour Jürgen Kurz, de l'association de protection des actionnaires (DSW), certains des 300.000 investisseurs de "Grundbesitz-Invest" pourraient retirer leurs parts du fonds, qui sera rouvert aux transactions vendredi, après avoir été indemnisés comme promis par la Deutsche Bank. Dans ce cas, la banque pourrait se voir forcer de vendre une partie des actifs gérés par "Grundbesitz-Invest" pour apporter de l'argent frais dans les caisses de ce dernier.

DB Real Estate s'est déjà dit prêt jeudi à vendre pour un milliard d'euros d'actifs en Allemagne.

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