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Entreprises du BTP : quelles sont les conditions idéales de reprise par un salarié ?

Publié le 23 mars 2021

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La reprise d'entreprises par les salariés n'est pas très répandue, et pourtant elle peut permettre d'éviter une fermeture, de préserver des emplois et des savoir-faire, et offrir de formidables opportunités d'évolution professionnelle pour les salariés. L'Observatoire des métiers du BTP a donc mené une enquête à l'échelle du secteur du BTP pour identifier les bonnes pratiques. Bilan : la transmission devrait être davantage anticipée par les chefs d'entreprise pour laisser le temps au repreneur de se former.
Entreprises du BTP : quelles sont les conditions idéales de reprise par un salarié ? - Batiweb

Aujourd'hui, peu d'entreprises sont reprises par des salariés (seules 12 %). Selon l'Institut Supérieur des Métiers (ISM), entre 43 000 et 46 000 entreprises risqueraient de fermer d'ici 10 ans faute de repreneurs. Or, d'après l'ISM, environ 10 000 d'entre elles pourraient être reprises par un ou plusieurs salariés.

 

Le secteur du BTP n'échappe pas à la règle. Dans ce contexte, l'Observatoire des métiers du BTP a mené une étude avec Katalyse pour mieux cerner l'intérêt de la reprise d'entreprises viables économiquement par un ou plusieurs salariés, et les bonnes pratiques en termes de transmission, et notamment d'anticipation.

 

Pour réaliser cette enquête, l'Observatoire des métiers du BTP et Katalyse ont étudié les projets de cession de 49 entreprises du BTP allant de 1 à 199 salariés. Ces entreprises étaient cédées pour divers motifs : 28 pour un départ à la retraite, 12 pour raisons économiques, et 9 pour raisons personnelles. Au total, 39 entreprises se trouvaient en bonne santé économique et financière, et 10 étaient en difficultés.

 

Des entretiens avec les cédants et les salariés repreneurs ont permis d'élaborer un état des lieux des pratiques et d'identifier les meilleurs procédés.

 

Une transmission d'entreprise qui doit être anticipée

 

L'étude s'est notamment penchée sur les motivations et freins du côté des cédants et des repreneurs.

 

Les cédants – dont l'entreprise est parfois le projet d'une vie – ont souvent à cœur de transmettre leur entreprise perçue comme un patrimoine à préserver. Si le dirigeant peut avoir envie de céder son entreprise à un membre de sa famille, notamment dans les entreprises de 5 à 15 salariés (l'ISM dénombre 33 % de reprises intra-familiale pour les entreprises du BTP), lorsque ce dernier se désiste, choisir un salarié qui connaît bien l'entreprise et en qui le chef d'entreprise a confiance peut être une alternative porteuse.

 

Pour que ce projet de reprise se fasse dans de bonnes conditions, les démarches doivent idéalement être anticipées au moins un an avant par le cédant, pour permettre à des salariés-repreneurs de se positionner et d'avoir le temps de se former.

 

Parmi les freins pouvant faire hésiter les cédants : la frein psychologique consistant à être remplacé, le manque d'informations concernant les possibilités de transmission, la crainte d'une perte de valeur financière lors de la revente à un salarié, ou encore le manque de confiance.

 

Un accompagnement nécessaire

 

Du côté des salariés, le projet de reprise peut être motivé par la volonté de préserver l'entreprise, mais aussi par l'aventure entrepreneuriale individuelle ou collective. Parmi les craintes : la peur de ne pas disposer d'assez de compétences et de ne pas être à la hauteur, l'investissement financier, mais aussi l'investissement personnel (temps de travail plus long, poids psychologique des décisions à prendre etc.).

 

La majorité des repreneurs interrogés ont estimé indispensable l'accompagnement par des professionnels de la reprise lors de la phase de transmission. La quasi-totalité ont fait appel à un expert-comptable externe, 65 % ont également fait appel à un avocat, et 60 % à des organisations professionnelles représentatives des employeurs. A noter que 40 % ont également bénéficié de l'aide du cédant.

 

Mais les résultats de l'étude montrent que le recours à la formation à la gestion d'entreprise (comptabilité, RH etc.) est souvent négligé faute de temps, notamment dans les petites entreprises au sein desquelles une permanence est nécessaire.

 

« J’aurais aimé pouvoir me former en gestion d’entreprise, mais je ne pouvais pas m’absenter ; nous sommes une petite structure, personne ne pouvait assurer le travail pendant mon absence », témoigne ainsi le repreneur d'une entreprise de travaux publics et gros œuvre comprenant 9 salariés.

 

Selon l'Observatoire des métiers du BTP, la période de transmission idéale durerait ainsi entre 12 et 18 mois pour que cela se passe dans les meilleures conditions possibles.

 

Claire Lemonnier

Photo de une : Adobe Stock

 

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