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Défaillances d’entreprises : le BTP résiste malgré une conjoncture toujours tendue

Publié le 10 juillet 2025

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Plus de 16 500 entreprises ont fait l’objet d’une procédure collective au deuxième trimestre 2025. Si la sinistralité reste historiquement haute, les signaux d’amélioration se confirment, notamment dans la construction. Gros œuvre, second œuvre et travaux publics montrent une résilience notable, malgré des disparités régionales et une pression toujours forte sur les PME.
©Adobe Stock
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Le dernier baromètre d’Altares, publié le 9 juillet, révèle un nombre toujours très élevé de défaillances d’entreprises en France : 16 586 procédures ont été ouvertes au deuxième trimestre 2025, en légère hausse de 1,3 % par rapport à l’an passé. Mais derrière cette stabilité apparente, des signaux positifs semblent poindre à l'horizon, en particulier dans les métiers du bâtiment.

Un secteur en souffrance… mais moins que d'autres

 

La construction, qui concentre près d’un quart des procédures collectives en France, semble enfin retrouver un certain équilibre. Le secteur enregistre une baisse de 5 % des défauts, une tendance particulièrement marquée dans le gros œuvre (-7 %), notamment la construction de maisons individuelles et la maçonnerie.

Le second œuvre connaît un reflux plus modéré (-3 %), porté par les bonnes performances de la menuiserie, de la charpente et de la couverture. Seules ombres au tableau : l’installation électrique, l’étanchéité et l’isolation, où les défaillances restent élevées.

« Le bâtiment retrouve des couleurs », confirme Thierry Millon, directeur des études chez Altares. La situation n'est pas encore idyllique, loin de là, mais la dynamique est toutefois encourageante.

Les travaux publics, souvent plus exposés aux aléas conjoncturels, affichent aussi un net redressement avec une baisse des défaillances de 14 %, après un premier trimestre plus compliqué.

Des TPE toujours fragiles, les PME de taille moyenne reprennent espoir

 

Si les grandes PME (plus de 100 salariés) souffrent particulièrement – avec une explosion des défauts de +29 % ce trimestre – les structures plus modestes montrent des signes de résilience. Les entreprises de 20 à 99 salariés, notamment très présentes dans les métiers du BTP, enregistrent une légère baisse des procédures (-1 %). Les très petites entreprises (moins de 5 salariés), qui concentrent à elles seules 86 % des défaillances, stabilisent leur situation.

En revanche, les entreprises de 6 à 19 salariés, nombreuses dans l’artisanat, restent sous pression : +10 % de défauts enregistrés en un an. Un chiffre préoccupant pour les artisans du bâtiment, particulièrement exposés aux tensions de trésorerie, aux retards de paiement et à la baisse de la demande.

Quid du secteur de l'immobilier ?

 

Après une année 2024 particulièrement difficile, le secteur immobilier confirme son léger rebond. Les agences immobilières, qui avaient subi une envolée de 58 % des défaillances l’an dernier, enregistrent désormais une baisse de 29 % au deuxième trimestre 2025.

Un bon signal pour la filière logement, même si le redémarrage des chantiers reste lent et les mises en vente limitées.

Disparités régionales : du rouge au vert selon les territoires

 

D’une région à l’autre, les défaillances d'entreprises sont plus ou moins nombreuses. Le bâtiment résiste en Île-de-France, Grand-Est, Bourgogne-Franche-Comté et en Corse, où l'on observe une baisse globale de sinistralité.

À l’inverse, les Pays de la Loire, le Centre-Val de Loire et la Nouvelle-Aquitaine restent en zone rouge. La Loire-Atlantique concentre à elle seule près de la moitié des défauts dans sa région, avec une envolée de 36 % des défaillances.

À La Réunion, bonne nouvelle : après une envolée des défauts en 2024, l’île enregistre une baisse de 15 % des procédures. Le BTP y contribue largement, à l’inverse d'une tendance encore fragile pour le commerce alimentaire.

Vers une fin d’année moins tendue ?

 

Sur 12 mois glissants, la France reste au-dessus du seuil critique des 68 000 défaillances. Mais la dynamique récente – notamment le reflux des défauts en juin (-2 %) – laisse croire à une accalmie d’ici la fin 2025. Les vacances judiciaires d’août devraient contribuer de fait à réduire les procédures du troisième trimestre, avant un atterrissage attendu autour de 67 000 défauts sur l’année.

« Les tensions semblent devoir durer encore, et pourtant des signes de détente apparaissent », tempère Thierry Millon. « Le commerce, l’industrie et surtout le bâtiment tentent de résister ».

 

Par Jérémy Leduc

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