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Pénurie de matériaux, flambée des prix… Le bâtiment s’alarme !

Publié le 29 mars 2021

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Alors que les cours des matières premières s’inscrivent à la hausse et que les stocks s’amenuisent, le monde du bâtiment craint pour son activité. Acier, cuivre, bois de construction ou encore polyuréthane, tous les secteurs ou presque sont touchés. Une situation qui impacte d’ores et déjà l’industrie qui peine à se fournir, et les acteurs de la construction qui ne peuvent pas toujours poursuivre leurs chantiers.
Pénurie de matériaux, flambée des prix… Le bâtiment s’alarme ! - Batiweb

Olivier Salleron a largement évoqué le sujet lors d’un point presse organisé le 23 mars dernier : la hausse sur les cours des matières premières se poursuit et commence à se traduire dans le prix des produits industriels. Si le mouvement a débuté avec le cuivre et l’acier en fin d’année dernière, il s’est désormais étendu à d’autres produits comme les plastiques, le polyuréthane ou encore le bois de structure. 

Dans un récent édito, le Président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB) partage de nouveau son inquiétude. En effet, l’envolée des prix n’est pas la seule difficulté à laquelle doit faire face le secteur. Il y a aussi la question des stocks, et les nouvelles ne sont pas rassurantes : la pénurie de matériaux est déjà là, et elle est mondiale ! Un contexte qui vient poser le risque d’un arrêt des chantiers, et donc de pénalités de retard. 

« Cette double peine est inacceptable », insiste Olivier Salleron qui appelle « à rétablir une relation équitable entre tous les acteurs de la construction ». « Les clauses d’actualisation et de révision des marchés devraient répondre à ce problème des prix des matériaux. Mais de trop nombreux maîtres d’ouvrage refusent encore leur application », explique-t-il. La FFB demance ainsi au ministère de l’Économie de rappeler « que l’indexation des prix des chantiers n’est pas une option et que lorsque aucune clause n’est prévue dans le marché, la révision de prix doit être rendue obligatoire par voie d’avenant ». 

Une situation exceptionnelle

Dans un communiqué, le SYNAD, qui représente les fabricants d’adjuvants pour bétons et mortiers, parle d’une situation « complexe ». Les adhérents « sont tous confrontés » à des difficultés d’approvisionnement. Quant à la hausse des matières premières, elle est de 20 à plus de 50%. Des chiffres alarmants d’autant plus que la pénurie n’étant pas propre à la France, il est difficile d’avoir de la visibilité à court terme. Le syndicat revient sur des facteurs qui ont amplifié les tensions sur les approvisionnements en matière première : un accident dans une usine, la maintenance d’unités de production, les conséquences de la COVID19 sur la déstructuration des marchés, des conditions météorologiques difficile (vagues de froid notamment), ou encore « la forte reprise de certaines industries ». 

La « forte demande » aussi de certains pays a pu accentuer la situation. Si l’on prend l’exemple du bois, les États-Unis se fournissent principalement en Europe, un matériau qu’ils achètent au prix fort, depuis que Donald Trump a mis une taxe très importante sur le bois canadien. Et la crise des scolytes qui affecte l’épicéa dans l'est de la France, complique la situation, contribue à tendre les délais d'approvisionnement et à pousser les prix à la hausse, alors que la RE 2020 est censée favoriser la construction bois dans les années à venir.

Pour ce qui est des composants électroniques et autres puces de silicium que l'on retrouve dans de nombreux équipements du bâtiment, la Chine, qui a retrouvé une croissance importante, en fait une consommation importante. De ce fait, le secteur automobile connait une telle pénurie que de nombreuses usines sont à l'arrêt ou tournent au ralenti. On imagine donc les répercussions pour le bâtiment, qui est lui aussi de plus en plus dépendant de ces composants, notamment dans le second oeuvre technique.

Le bâtiment mobilisé

L’avenir étant incertain, l’ensemble du secteur du bâtiment est mobilisé. Le Secimpac (Syndicat des entreprises internationales de l’outillage portatif et des consommables) et la Ficime (Fédération des Entreprises Internationales de la Mécanique et de l’Électronique) ont par exemple tenu des réunions avec les fédérations de la distribution professionnelle (et notamment la FDMC (Fédération des distributeurs de matériaux de construction), ex-FNBM) pour discuter des inquiétudes et des difficultés rencontrées par chacun des collaborateurs. Parmi les sujets évoqués, des craintes « grandissantes » liées au transport maritime et à une envolée du prix des containers. 

Les promoteurs immobiliers se sont également exprimés. Alexandra François-Cuxac, Présidente de la FPI France, indique : « Nous sommes nombreux à observer de plus en plus de retards sur nos chantiers (…). C’est un effet collatéral de l’épidémie et de la perturbation qu’elle a créée dans l’industrie et dans les échanges ». Cet épisode devrait « nous faire réfléchir sur l’organisation de notre secteur industriel, et sur sa dépendance vis-à-vis de l’étranger ». Une réflexion qui pour le moment est insuffisante, « comme le montre la RE 2020, qui impose d’avoir recours à des produits et des équipements spécifiques sans créer les conditions de développement d’une chaine de production locale et performante ». « Est-il raisonnable d’être dépendants de la fourniture étrangère de matériaux, de composants, ou plus tard de pièces détachées pour réussir la transition ? », s’interroge-t-elle. 

Elle estime nécessaire de parler de « BTP résilient, ou de l’industrie immobilière résiliente, car pour pouvoir continuer à construire en toutes circonstances, il faut apprendre à gérer les aléas et à réduire notre exposition aux risques ». 

Rose Colombel
Photo de une : ©Adobe Stock

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