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Produits de la construction : une activité en baisse mais des industriels mobilisés

Publié le 27 janvier 2021

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La crise sanitaire a impacté de plein fouet le secteur du BTP. Avec des activités en baisse, les différents acteurs ont dû faire preuve de résilience pour se relever. Quelle tendance pour les produits de la construction ? 55% des organisations adhérentes à l’AIMCC évoquent un recul égal ou supérieur à - 7% en 2020. Pour 2021, nombreux sont les industriels à estimer qu’ils ne retrouveront pas un niveau similaire à 2019.
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En introduction d’une conférence de presse organisée le 26 janvier, Hervé de Maistre, Président de l'Association française des Industries des Matériaux et produits de Construction (AIMCC), a salué la résilience « de notre activité, de nos entreprises », sa capacité « à se projeter vers l’avenir » également. « Aujourd’hui, nous sommes engagés, et l’AIMCC en première ligne, dans la préparation d’un avenir qui sera très différent et porteur de beaucoup d’espoir pour nos activités au sens large ». « Les industries de la construction, plus que d’être tournées vers le passé, sont pleinement engagées dans la construction de l’avenir à travers la transformation environnementale, à travers la décarbonation, la reprise des déchets, la lutte contre la précarité énergétique… ».

En 2020, « nos adhérents ont été contraints de se focaliser sur la santé de leurs salariés, de leurs partenaires et de leurs clients. Ça a permis d’assurer une continuité d’activité, et après la première phase d’arrêt des chantiers liés au premier confinement, l’activité a repris très rapidement, avec des industriels prêts à livrer les produits et systèmes nécessaires pour continuer les chantiers, avec une qualité de service soulignée par l’ensemble des acteurs ». 

Il explique que l’activité a été fortement soutenue, en 2020, par le secteur diffus, le bricolage, les travaux à la maison, « alors même que les chantiers structurés étaient plus en difficultés. Nos adhérents ressortent de cette année 2020 avec des forces préservées ». 

2020 en baisse, 2021 incertaine 

En 2020, « le secteur du BTP a connu une baisse de l’ordre de – 15%. Il est clair que pour les industries des produits de la construction, la baisse est aussi significative », et ce, quel que soit le niveau d’intervention dans le bâtiment. Jacques Manzoni, Président du groupe de travail économie de l'AIMCC précise que le recul a été observé par 90% des organisations interrogées ; une baisse égale ou supérieure à 7% pour 55% d’entre elles. Par segment, seuls les industriels du second œuvre ont réussi à tirer leur épingle du jeu avec une activité « stable » pour 13% des interrogés. 

Quelles perspectives pour 2021 ? 

Pour 2021, si la FFB table sur un rebond de + 11,3% en volume, et la FNTP sur une croissance entre + 5% et + 15% selon trois scenarios possibles, l’industrie des matériaux et produits de construction se veut plus réservée. 40% des répondants prévoient une progression d’activité, plus d’un tiers tablent sur une quasi-stagnation et plus de 20% annoncent une baisse comprise entre – 4 et – 9%. 

L’AIMCC a également interrogé les industriels du secteur (gros œuvre, second œuvre et équipementiers) sur leurs perspectives 2021 comparées aux résultats de l’année 2019. Pour 55% des sondés, l’activité sera inférieure de + 1% et plus, pour un tiers, elle sera quasi stable, et seuls 10% estiment que le niveau 2021 sera supérieur à celui de 2019. Par segment, le gros œuvre table plutôt sur une stabilisation de l’activité, les équipementiers sur une hausse entre + 4 et + 6%. Les industriels du second œuvre se veulent un peu plus optimistes avec des prévisions de croissance entre + 7% et + 9% pour 19% d’entre eux. 

S’agissant de l’emploi, 81% des organisations parlent de stabilité, et 14% de légère hausse des effectifs pour l’année 2020. Pour 2021, la situation devrait rester stable pour 80,6% des sondés. Parmi les équipementiers, 20% estiment que les effectifs vont évoluer à la hausse.  

Les freins à la reprise

Concernant les freins à l’activité, « nous avons quelque fois des difficultés à appréhender l’année 2021 parce qu’il peut y avoir de nouveaux soubresauts liés à la situation sanitaire », souligne Jacques Manzoni. Les principaux freins sont l’insuffisance de la demande, les conséquences des contraintes sanitaires, les contraintes de main d’œuvre, la pénurie de matériels et les contraintes financières. Les industriels évoquent aussi un plan de relance tourné vers la rénovation et pas forcément vers le neuf ; le retard accumulé dans la délivrance des permis de construire et d’urbanisme durant le premier confinement, qui devrait avoir un impact sur l’activité en 2021. Et l’absence de visibilité liée à la pandémie qui « créé un degré de vulnérabilité, de risque ou d’incertitude pour les industriels, pour les dirigeants d’entreprise ». 

Pour 90,3% des interrogés, la crise sanitaire a eu un effet négatif sur l’activité : 2/3 des secteurs industriels pour la construction ont maintenu leurs effectifs, et un tiers a dû se séparer de salariés. 

« Nos industries de la construction continuent leurs activités et espèrent quelque part que le niveau d’activité en 2021 soit le plus haut possible. Nos industries sont aussi prêtes à affronter les enjeux, et ces enjeux sont multiples (…). L’industrie reste mobilisée, s’ajuste au regard de la conjoncture qu’elle a dû affronter en 2020, et des perspectives sur l’année 2021 », déclare Jacques Manzoni. 

Les chantiers 2021

Parmi les travaux 2021, ceux concernant la RE2020. « Il y a dans cette RE2020, une ambition réelle pour l’amélioration du bâti. L’équilibre proposé aujourd’hui nous paraît bien, avec ce – 30% sur le Bbio dès 2021 ». L’AIMCC a réalisé des simulations de coûts, a révélé Hervé de Maistre. « C’est important de s’assurer que les ambitions en termes de performance n’occasionneront pas un surcoût de construction qui serait de nature à déstabiliser le marché ou à faire baisser la construction. On considère que ce n’est pas le cas ». Les surcoûts évalués seraient ainsi de 2 à 3%. 

Concernant l’ACV « dynamique » et le choix des moyens de mesure, l’AIMCC considère nécessaire « que les seuils et les moyens de mesure soient vraiment représentatifs de ce que sera le vrai impact environnemental des bâtiments, et pour cela, il faut des certitudes, et il faut s’appuyer sur le travail des spécialistes. C’est pour cela que le choix, peut-être un peu volontariste et rapide de l’ACV dynamique, interroge et nécessite un retravail ». « C’est important que les moyens de mesure soient équitables entre les filières » rappelant que la vocation de la RE2020 « est de proposer et d’imposer des objectifs tout en laissant aux différentes filières de matériaux, la capacité de s’y adapter, de relever les challenges », et aux clients, maîtres d’ouvrage, et maîtres d’œuvre, « le soin de choisir les bons arbitrages, les bonnes solutions ». La solution étant « dans la mixité intelligente des matériaux ». 

Autre chantier, la REP bâtiment qui doit démarrer au premier janvier 2022. « L’AIMCC est très largement engagée aux côtés de l’Ademe pour accompagner le travail de préfiguration qui est en cours, et pour construire une réponse à la loi AGEC ». « Le sujet est d’une ampleur inédite, là on parle de la mise en œuvre de quelque chose qui en termes de volumes et de complexité, est sans commune mesure avec ce qui existe déjà », explique Hervé de Maistre. « On est en face d’un défi énorme d’autant plus que la loi a tenu à inclure dans la responsabilité de la REP bâtiment, la gestion des dépôts sauvages ». L’état d’esprit de l’AIMCC va être de mettre en œuvre une filière « efficace économiquement », et qui permette de « dynamiser la réutilisation, le recyclage ». « L’économie d’une responsabilité élargie des producteurs s’accompagne d’un renchérissement mécanique du coût des matériaux et des systèmes, il ne faut pas que ce renchérissement soit insupportable pour la filière et pour le client final ». 

Rose Colombel
Photo de une : ©AIMCC - Hervé de Maistre

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