Aux US, les perspectives économiques s'améliorent mais des doutes demeurent
Alors que les Américains célèbrent la Fête du travail, l'économie continue de croître, quoique à un rythme plus lent, et créer des emplois, mais la faiblesse de l'expansion signifie que les salariés tirent moins de bénéfices de la croissance.
Certains analystes estiment que le ralentissement de la croissance et de l'inflation est exactement conforme aux attentes de la banque centrale pour permettre un atterrissage en douceur de l'économie. Mais la modération du marché du travail a aussi ses laissés pour compte, souligne Jared Bernstein du l'Economic Policy Institute, proche de la gauche. "Même si ce ralentissement de la croissance des embauches peut rassurer sur l'inflation, il détériore les perspectives de beaucoup de travailleurs", souligne-t-il. Les ouvriers sont les plus durement touchés, selon lui. "En dépit de la hausse de 29% de la productivité industrielle depuis 2000, les salaires ont fortement ralenti", souligne-t-il. "L'an dernier, les salaires ont progressé de 1% pour ces salariés, ce qui est bien en dessous de l'inflation et le rythme le plus faible depuis les années 40", selon lui.
Les derniers chiffres économiques renforcent l'image donnée cette semaine par le Bureau du recensement, avec une stagnation du salaire de la plupart des salariés et un écart plus important entre les riches et les pauvres. "Quatre ans après la récession, le pays n'a pas fait de progrès pour réduire la pauvreté, augmenter le revenu moyen des ménages, ou endiguer la hausse du nombre de personnes sans couverture sociale", estime Robert Greenstein du Centre des priorités politiques et budgétaires. Dans un contexte de ralentissement économique, certains analystes mettent en garde contre une récession qui frapperait plus durement encore les ménages.
Pour David Rosenberg, économiste de Merrill Lynch, le secteur immobilier connaît déjà une récession qui pourrait entraîner l'économie dans son sillage. L'économie devrait croître de 2% au deuxième semestre et de 1,8% l'an prochain, ce qui laisse peu de marge d'erreur, avertit-il. Peter Morici, professeur d'économie à l'Université du Maryland, juge médiocre le rapport sur l'emploi et craint que la Réserve fédérale n'étouffe l'économie si elle augmente encore ses taux d'intérêt. "La Fed doit s'interdire toute réaction disproportionnée, sinon elle risque de tuer l'expansion économique et de créer une longue période de stagflation, voire une récession", estime-t-il. Mais beaucoup ne sont pas aussi alarmistes.
Il est trop tôt pour savoir si l'économie s'achemine vers une récession, estime Steven Wieting de Citigroup. "Le ralentissement immobilier de 2006 était assez prévisible. Les récessions sont beaucoup plus difficiles à prévoir que beaucoup d'observateurs ne le pensent", souligne-t-il.