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Avides de haut débit, des villages en 'zone blanche' deviennent opérateurs

Publié le 07 octobre 2004

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Des communes rurales, lassées d'attendre le bon vouloir de France Télécom pour être raccordées au haut débit, ont décidé de devenir opératrices et fournisseurs, s'appuyant sur une nouvelle législation, tel Saint-Jean d'Alcapiès (Aveyron) qui a inauguré son réseau lundi. Si France Télécom s'est engagé à fournir le haut débit à 96% de la population française d'ici fin 2005, de nombreuses petites communes rurales risquent d'avoir à attendre bien plus longtemps avant d'être équipées.
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"Même avec un taux de couverture de 95% de la population, 15.000 communes ou parties de communes ne seraient pas couvertes en termes de territoire", estimait courant septembre le comité pour l'aménagement et le développement du territoire (CIADT). "Le problème, relève Laurent Marty, responsable technique de l'opérateur indépendant Nostre Pais, c'est que les gens voudront du téléphone gratuit et du haut débit même s'ils se trouvent en pleine pampa! Il y a de plus en plus de besoins professionnels dans les campagnes".

Une loi votée le 21 juin a permis à quelques communes de répondre aux attentes de leurs administrés. L'article 1.425-1 du code général des collectivités territoriales autorise en effet les collectivités à investir dans les infrastructures de télécommunications et même, lorsqu'il y a carence d'opérateur, à devenir opératrices de télécommunications.

"Il y a énormément de projets qui fleurissent un peu partout", témoigne Guillaume Gibert de l'Autorité de régulation des télécommunications (ART). Selon lui, deux à trois communes se sont déjà déclarées opératrices auprès de l'ART. Plusieurs dizaines d'autres, intéressées, sont "dans l'attente de clarifications" car des "zones d'ombres" demeurent dans le texte de loi.

Mariage du satellite et du clocher A Saint-Jean d'Alcapiès, 218 habitants, cela fait déjà plus d'un mois que l'accès au haut débit est opérationnel. Pour le maire, Jérôme Rouve, également président de la Chambre de commerce de Millau, l'histoire a débuté en mai. "Un jour, une de mes conseillères municipales m'a dit : "Pourquoi on n'envisagerait pas d'installer le haut débit?" Jérôme Rouve a alors adressé un courrier aux 90 familles de son village, leur demandant si elles étaient intéressées. "En une semaine, nous avons reçu 30 réponses positives, un record!", se souvient-il.

Une fois le projet voté à l'unanimité en conseil municipal, il s'est mis en contact avec Nostre Pais. Après une analyse du terrain, cette petite société audoise a installé à Saint-Jean la solution Wi-Sat, une technologie différente de l'ADSL filaire et "s'affranchissant de tout équipement télécom existant". Une parabole, fixée sur la mairie, permet de récupérer via satellite et grâce à la société européenne Aramiska le flux internet, avant de le redistribuer aux abonnés par des relais grâce à un réseau sans fil Wi-Fi (basé sur les ondes radios).

Coût de l'installation : 15.000 euros. Pour 29 euros par mois (et une caution de 110 euros), les Saint-Jeantais disposent d'un débit de 2 mégabits par seconde, soit 4 fois plus rapide que l'ADSL. Pour l'instant, seul l'internet est proposé, mais d'ici quelque temps, ils devraient pouvoir souscrire à des services annexes (téléphonie, télévision). Si Nostre Pais assure le support technique, c'est la mairie, opératrice, qui fixe les tarifs et se charge de la gestion administrative des utilisateurs. Avec 21 abonnés, "je parviens déjà à l'équilibre", affirme M. Rouve, "heureux d'avoir réussi le mariage du satellite et du clocher".

Par Dorothée MOISAN

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