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Pour se protéger des séismes, l'éducation plus importante que l'argent

Publié le 30 mai 2006

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Se protéger des tremblements de terre et des autres cataclysmes meurtriers est davantage une question de mentalité et d'éducation que de moyens financiers, ont affirmé lundi des experts de la prévention des catastrophes naturelles réunis à Tokyo. Construire des immeubles résistant aux plus violentes secousses ou des milliers d'abris pour échapper aux cyclones ne sert pas à grand-chose si, dans le même temps, la population n'a pas quotidiennement conscience des risques qu'elle encourt, ont estimé ces spécialistes lors de la réunion annuelle de la Banque mondiale sur l'économie du développement.
"Les tremblements de terre surviennent n'importe quand. Mais quand il n'y en a pas eu depuis un moment, les gens oublient facilement qu'ils existent", a commenté Yoshiaki Kawata, directeur de l'Institut de recherche sur la prévention des désastres de l'Université de Kyoto (ouest du Japon), alors qu'un puissant séisme a fait près de 5.000 morts et 20.000 blessés ce week-end dans la région de Yogyakarta, en Indonésie. Selon M. Kawata, "l'éducation est très importante pour que les gens comprennent le mécanisme des tremblements de terre, les dommages qu'ils peuvent occasionner, et prennent des mesures de protection de manière habituelle".

Le Japon, qui subit chaque année 20% des secousses telluriques les plus violentes enregistrées dans le monde, parvient ainsi à limiter les dégâts non seulement grâce à ses immeubles à l'avant-garde de l'architecture parasismique, mais aussi grâce au rabâchage quasi-quotidien, par le gouvernement et les médias, des consignes à suivre en cas de tremblement de terre.

"Une des clés qui augmente la capacité d'une communauté à réduire l'impact des désastres est son aptitude à entretenir les infrastructures de prévention", a témoigné M. Kawata. Le scientifique japonais a cité l'exemple du Bangladesh, où nombre des 1.800 abris anti-cyclone et anti-inondations construits dans le pays sont devenus inefficaces par manque de maintenance.

Certains de ces abris ne sont pas utilisés et tombent en ruines "car ils ont été édifiés en dépit du bon sens, sans consulter les besoins de la population locale", a souligné Quamrul Islam Siddique, ancien conseiller en ingénierie pour les collectivités locales au Bangladesh. De très nombreuses victimes de séismes le sont plus par ignorance, fatalisme ou insouciance que par manque de moyens économiques pour se protéger, a confirmé Mustafa Özhan Yagci, ingénieur antisismique à la mairie d'Istanbul.

Cette métropole de 9 millions d'habitants peut, à tout moment, être dévastée par une secousse de magnitude 7,5 ou plus. Un méga-séisme qui ferait, selon la mairie, entre 70.000 et 90.000 morts, 135.000 blessés, de 500.000 à 600.000 sans-abri et détruirait près d'un dixième des édifices publics.

Pourtant, selon M. Yagci, rares sont les Stambouliotes qui en ont conscience. "Beaucoup de gens qui vivent dans des immeubles vulnérables dépensent des sommes folles pour la décoration intérieure de leur maison, alors que la renforcer coûterait le même prix", a-t-il déploré. "Ce n'est pas une question de pauvreté, c'est une question de mentalité", a conclu l'ingénieur turc.

Le but de la politique antisismique d'Istanbul, a-t-il plaidé, est de "protéger les individus contre le risque plutôt que de les dégager de sous les décombres".

A cette fin, la municipalité souhaite instaurer un système de crédit spécial pour construire des immeubles aux normes parasismiques. "Nous avons calculé que la ville d'Istanbul se renouvelle elle-même tous les cinquante ans. Si nous provoquons une prise de conscience, si tous les nouveaux immeubles qui se construisent sont renforcés, alors dans cinquante ans nous pouvons avoir une ville résistant aux séismes", espère M. Yagci.

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