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Le Grand-Hornu, cité mémoire ressuscitée par l’art

Publié le 31 décembre 2002

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Figure emblématique du Nord, une région qui va de reconversion en réaménagement, la cité industrielle du Grand-Hornu joue la carte de l'art en valorisant son riche passé industriel.
Le Grand-Hornu, cité mémoire ressuscitée par l’art - Batiweb
De l'archéologie industrielle à l'art contemporain, il n'y a qu'un pas. Dans le Borinage, non loin de Valenciennes et à équidistance de Lille et de Bruxelles, le patrimoine du Grand-Hornu s'est enrichi d'un "MAC". Ce nom aux curieuses résonances de fast-food recouvre en réalité celui du nouveau musée des arts contemporains. Parmi les grands sites miniers, le Grand-Hornu, désaffecté depuis 1955, fait naître avec ses ruines émouvantes des sentiments touchants et ambigus. Il suffit de voir la cathédrale à ciel ouvert des machines pour s'en convaincre. Le Grand-Hornu s'inscrit dans cette architecture utopiste qui a déjà fourni tant de sites exemplaires de l’ère industrielle flamboyante dans la région. Une région aux frontières floues, où les destins des ouvriers français et belges se sont tant de fois confondus. Ce complexe industriel minier, si représentatif de la révolution industrielle, a été érigé entre 1810 et 1830 par Henri Degorge, un audacieux capitaine d'industrie français, fils d’agriculteurs. A l'époque, plus encore qu’une usine, son empire industriel constituait un véritable projet de ville et l’exemple unique et précurseur d'un urbanisme fonctionnel qui trouvera son plein épanouissement à la fin du XIXe siècle. Pour concrétiser son rêve ambitieux, Henri Degorge fit appel à un architecte de talent, le Tournaisien Bruno Renard, élève à Paris de Percier et Fontaine, les créateurs du style Empire. Construit dans le goût néoclassique, le Grand-Hornu comprend, outre ses puits de mines, des ateliers, des bureaux, un vaste coron (cité ouvrière) de quelque 450 maisons et la résidence des administrateurs, appelée "Château Degorge". Le charbonnage fut l'activité principale du site jusqu'en 1954.

Menacé de devenir un supermarché

Aujourd'hui, propriété de la province belge du Hainault, le Grand-Hornu a été entièrement réaménagé en un musée dédié à l'art contemporain. Depuis sa fermeture, le site a connu un curieux destin. Menacé de devenir un supermarché, il fut sauvé par un architecte qui l'acquit en 1971 pour un franc symbolique. Il fut ensuite racheté vingt ans plus tard, par la province du Hainault. Le site, tel qu'il est aujourd'hui, est l'œuvre d'un homme, Laurent Busine, à qui l'on doit la vocation culturelle du Grand-Hornu. C'est lui qui a dressé le cahier des charges confié à Pierre Hebbelinck, un jeune architecte liégeois. Ce dernier en a fait un lieu de merveilles, de sobriété et de respect envers l’histoire du site. On lui doit les galeries modernes et ces espaces venant se greffer sur les vieilles installations. Tout en longueur, le musée se raccorde à un ensemble circulaire. L'architecte s'est évertué à mettre en valeur les vieilles parois de briques pour mieux opérer derrière. L'extension contemporaine prend la forme d'un bâtiment-pont de 60 mètres de long, une structure légèrement suspendue au-dessus du sol. Cet effet de décollement permet de faire entrer la lumière naturelle à l'intérieur par tous les côtés, même par le sol. Tout en brique noire teintée dans la masse, cette architecture joliment détaillée et extrêmement soignée a été créée dans un budget serré, de l’ordre de 17 millions d'euros. Le Grand-Hornu, qui fut pendant des décennies un site à la fois détesté et aimé par ses occupants, constitue aujourd’hui l’exemple encore trop rare d’une reconversion habile et réussie où la mémoire du temps enrichit le présent.

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