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Les architectes veulent sauver la tour Lopez

Publié le 26 février 2003

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La tour Lopez, l’un des bâtiments phares de l’architecture de la 2ème moitié du XXe siècle fait aujourd’hui l’objet d’une sérieuse empoignade juridique entre la CAF de Paris et les architectes
Les architectes veulent sauver la tour Lopez - Batiweb
On vient à peine d'entrer dans le XXIe siècle que déjà on parle de la sauvegarde du patrimoine architectural du XXe siècle et, en l'espèce, celle d'un bâtiment construit en 1956 par les architectes Lopez et Rebi. Ce bâtiment situé rue Viala, dans le 15ème arrondissement de Paris, est la propriété de la Caisse d’allocations familiales (CAF). Il ne répond plus, aujourd'hui, ni aux normes de sécurité exigées, ni aux nouvelles règles érigées par la Commission de Bruxelles. Pour la CAF, cette tour trop grande, n’est plus fonctionnelle. Bref, son esthétique, la répartition de ses espaces, sa conception même sont devenues caduques. Et la CAF d'y voir là l'occasion de réaliser une bonne opération immobilière qui financeraient les travaux d'édification d'un nouveau bâtiment. À cette logique, une équipe d'architectes, Paul Chemetov en tête, en oppose une autre. Ce bâtiment appartient à notre patrimoine architectural et à ce titre, il faut tout simplement le recycler en conservant l'esprit des lieux. En effet, l’architecte Raymond Lopez appartenait à ce courant architectural d'après guerre dit fonctionnaliste. Ainsi, pour édifier l’ouvrage, plutôt que de réaliser un bâtiment tout en béton comme cela se faisait alors, il prit, avec son compère Reby, le parti d'une structure métallique avec des façades en rideau, confiées à l'ingénieur Prouvé, autre grande figure de l'architecture française.

Préservation du patrimoine
Cet édifice atypique abrite au départ 5 000 agents. C'est dire l'importance du bâtiment. La départementalisation de la CAF survenue quelques années plus tard, réduit le nombre d'agents à 600. Au fil du temps, les inconvénients se multiplient, notamment en matière d'isolation thermique. Tant et si bien, qu'en 1997, la CAF décide de raser le bâtiment et dépose un permis de démolir. C'est alors qu'entrent en scène les architectes, Paul Chemetov, Bernard Reichen et Philippe Robert qui crient au scandale. Ils crient si bien qu'en 1997 une procédure de classement est prise par le ministère de la Culture. C'est dès lors devant les tribunaux que l'affaire est portée. En juin 1999, le tribunal estime que l'intérêt historique et artistique de la construction justifiant son inscription ne ressort pas des pièces versées au dossier. Mais, la cour d'appel administrative, le 9 avril 2000, infirme la décision du tribunal administratif. Retour à la case départ. L'affaire remonte alors jusqu'au Conseil d'Etat qui considère qu'une réhabilitation remettrait en cause l'essence même de son originalité. A la suite de quoi, l'architecte des bâtiments de France, le 25 novembre 2002, émet un avis défavorable à la destruction de l'édifice. Nous en sommes-là. Faut-il le détruire ou réhabiliter ce témoin du fonctionnalisme? Telle est la shakespearienne question qui anime d'un côté les architectes et de l'autre les juristes. Suffit-il qu'un grand nom de l'architecture signe un bâtiment pour que celui-ci entre ad vitam aeternam au royaume du patrimoine ? Ce qui consacre un tel bâtiment, c'est certes son architecture mais plus encore sa durée et la possibilité qu'il y a à l'adapter aux réalités du temps et donc de l'Histoire (le Louvre par exemple). Et l'Histoire, c'est combien de temps ?

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