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Nettoyage sur le toit du monde

Publié le 26 février 2003

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Atteindre l’un des sommets les plus hauts du monde pour y faire le ménage. C’est l’étonnante mission accomplie par huit jeunes passionnés d’alpinisme qui ont uni leurs efforts pour nettoyer le toit du monde
Nettoyage sur le toit du monde - Batiweb
Il y a 50 ans, le Népal était un royaume fermé, interdit aux étrangers, dont les habitants vivaient dans une pauvreté sans égal. Cinquante ans plus tard ses majestueux sommets en ont fait une destination de référence pour les ascensions de très haute altitude. Sa beauté sauvage et ses pics inaccessibles ont attiré des milliers d’alpinistes venus de toute la planète pour relever des défis très souvent meurtriers. Mais ces aficionados d’une nature brute ne se sont pas toujours montrés très respectueux de la pureté des sites. Pendant des années, des tonnes d’objets les plus divers ont été abandonnées par les cordées, au gré des différents camps de base. Si le célèbre pic de l’Everest, le plus fréquenté, à fini par être protégé et nettoyé par les autorités, il n’en est pas de même de ses grands voisins, en particulier du Dhaulaguéri. Très difficile d’accès, ce sommet joui de deux particularités. Il culmine à une altitude record (8167 mètres) ce qui le rend très attirant et de fait, il recèle l’une des plus belles collections de décharge d’ordure de haute altitude. Son éloignement et la difficulté de son ascension l’ont tenu jusque-là à l’écart de toute velléité de nettoyage.

Des alpinistes responsables
C’est au départ à l’initiative d’un petit groupe de passionnés d’alpinisme qu’est né le projet d’une dépollution radicale du Dhaulagueri. Breffni Bolze, Lionel Fargeix et Rémi Deluzarche, très vite rejoints par Matthieu Constantin, Cyril Kotenkoff et François-Xavier Cierco ont ainsi en deux ans mis sur pied une expédition. Celle-ci à réuni au final 55 membres, aidés de 33 porteurs népalais. L’entreprise, soutenue financièrement par Onyx, Vivendi Environnement et Lafuma s’est donc mise en marche au départ de Katmandou le 13 septembre 2002. Pendant deux mois, ces hommes ont vécu une aventure hors du commun dont l’effort et la pugnacité ont été le prix de tous les instants. Après avoir rejoint leur 1er camp de base à 4060 m d’altitude, ils ont entrepris de réunir les monceaux de déchet laissés par leurs confrères. Une épreuve ou rien ne leur à été épargné. Pneumonie, otite, mal d’altitude ont été chaque jour supportés dans un environnement hostile ou la neige, le froid et l’absence d’oxygène transformaient leur mission en un véritable chemin de souffrance. Ce sont au total plus de 700 kg de produits divers qui furent collectés. Deux cent furent redescendus et 500 brûlés sur place. Une incinération jusque là impossible car une superstition locale interdit d’ordinaire aux porteurs népalais d’éliminer les déchets sur place par le feu. Les nettoyeurs ont poussé la rigueur jusqu’à ramener en France 20 kg de piles usagées, le Népal ne possédant pas l’équipement nécessaire à leur destruction. Si l’équipe ne s’étend pas sur sa rencontre avec de malheureux alpinistes congelés trouvés sur place, il est cependant probable qu’elle a procédé également à quelques inhumations. Au terme de cette étonnante aventure, pleine de moments de joie, d’efforts et de souffrance, cette équipe épuisée mais heureuse a ainsi donné son nom à une « voie » unique dans les annales de la montagne, mais également dans celles du nettoyage…Une voie qu’elle se prépare à nouveau à prendre car l’année 2003 est de nouveau pour elle celle d’une autre expédition.

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