“UN HABITAT TOUT EN TRANSPARENCE, FONCTIONNALITE ET REALISME”
Ils nous ont accueillis très chaleureusement dans leur maison mitoyenne moderne à Walem, où la famille Borreij – Van Balen a un bureau d'architectes depuis 1990. En fait, l'appellation “maison mitoyenne” est trompeuse, car quand on entre dans cette habitation, on est frappé par le sentiment d'espace qu'Eric et Greta sont parvenus à créer grâce à une combinaison audacieuse mais charmante de lumière, de volumes, de pénétrations de plans, d'ingéniosité, d'espaces et, last but not least, de convivialité. Bref, une maison où on se sent immédiatement à l'aise, sans tralala.
"Le concept 'architecture' ne figure pas dans le dictionnaire du service Urbanisme"
Votre architecture est particulièrement sobre et cubique, avec très peu de pierre de façade et presque toujours une toiture plate. Comment faites-vous accepter ça au service de l'Urbanisme?
Eric Borreij: “Les services de l'Urbanisme et de l'Aménagement du territoire nous connaissent depuis un certain temps. Dans beaucoup de prescriptions du lotissement, on est obligé d'utiliser une pierre de façade et les toitures plates sont proscrites. En général, la norme est une toiture inclinée. C'est pourquoi nous devons quasi toujours demander une dérogation. Il est vraiment dommage que les personnes qui rédigent ces prescriptions, soient coincées dans une certaine façon de penser et ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Le concept “architecture” ne figure pas encore dans leur dictionnaire, je crois. Parfois, nous devons utiliser des astuces pour leur donner l'impression qu'il s'agit d'une maison avec une toiture plate, mais qu'on a conservé la toiture inclinée, comme l'imposent les prescriptions du lotissement. Nous faisons alors un compromis avec lequel nous devrons apprendre à vivre.”
Quel est selon vous le plus gros changement positif dans le métier d'architecte?
Greta Van Balen: “Je préfère ne pas m'exprimer sur le contenu structurel de notre métier et sur d'éventuels changements positifs ou négatifs. Toutes les interventions liées au métier d'architecte ont des partisans et des opposants et il y a quelque chose à dire sur chaque intervention. Pensons à la polémique autour de la loi Laruelle.
Nous sommes d'accord sur un point: il s'agit d'un gros changement, mais est-il vraiment positif? L'avenir nous le dira.”
Quel est actuellement le plus gros atout de l'architecte belge?
Eric Borreij: “Pour répondre à cette question, il faudrait faire une comparaison entre les architectes belges et les architectes étrangers au niveau de la formation, de la connaissance et des possibilités de conception. Nous ne disposons pas de cette information. Existe-t-il un 'architecte belge'? La profession est si vaste que chaque personne qui est diplômée en architecture, a une approche très différente. Cette approche spécifique est déterminée au niveau individuel et nous ne pensons pas qu'elle puisse être envisagée au niveau national.“
Quelle est votre plus grosse déception dans le métier d'architecte?
Greta Van Balen: “Le mot déception n'est pas vraiment adéquat. Certains dossiers se déroulent mieux que d'autres et la collaboration avec le client A peut être meilleure que celle avec le client B. Les petits contretemps que l'on a de temps en temps, sont largement compensés par tous les moments positifs. Un point négatif dans notre profession est que l'on a toujours de plus en plus de responsabilités. Pensons aux collaborations avec d'autres professionnels comme les ingénieurs, les coordinateurs de sécurité, les rapporteurs PEB.”
Avez-vous une vision particulière du métier d'architecte?
Erik Borreij: “Notre métier est toujours en évolution et un architecte doit bien maîtriser tous les niveaux du processus de construction. Vu la complexité croissante du processus de construction, il est de plus en plus difficile d'en maîtriser toutes les facettes à la perfection. L'architecte devra – si ce n'est déjà le cas – s'entourer d'autres professionnels, chacun maîtrisant une partie du processus de construction. A terme, l'architecte seul est voué à disparaître.”