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Autostrade et Abertis abandonnent leur fusion devant les résistances de Rome

Publié le 14 décembre 2006

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MILAN, 13 déc 2006 (AFP) - Les sociétés italienne et espagnole de gestion d'autoroutes Autostrade et Abertis ont mis fin mercredi à leur projet de fusion, invoquant l'hostilité du gouvernement italien à cette opération.
Le rapprochement aurait dû donner naissance au numéro un mondial des autoroutes avec un réseau de 6.700 kilomètres et un chiffre d'affaires de près de 5 milliards d'euros. Autostrade et Abertis "ont constaté ensemble l'impossibilité de poursuivre la mise en place de la fusion approuvée par leurs assemblées respectives le 30 juin", selon un communiqué commun. Les deux groupes ont cependant assuré qu'ils essaieraient de relancer leur projet dans l'avenir si les conditions changeaient, en particulier au niveau politique, affirmant qu'il s'agissait d'un projet ayant un impact positif au niveau européen.

L'opération avait été accueillie de façon très réservée par le gouvernement italien en avril, inquiet de voir passer sous pavillon espagnol le réseau autoroutier italien, jugé stratégique. Le nouvel ensemble devait être basé à Barcelone et dirigé par le directeur général d'Abertis, Salvador Alemany, encadré de deux coprésidents italien et espagnol. Rome a bloqué le projet en août, estimant que la présence d'un groupe de BTP, l'espagnol ACS actionnaire d'Abertis, dans le capital de la future société, contrevenait à la loi italienne sur les conflits d'intérêt lors de l'appel d'offres pour les travaux autoroutiers.

Ce veto avait déclenché l'ouverture d'une double enquête de la Commission européenne au motif que l'Italie avait placé des obstacles injustifiés à la fusion entre les deux groupes. L'abandon du projet ne signifie pas automatiquement que les enquêtes seront interrompues, ont indiqué les services de la Commission. Autostrade et Abertis ont mis en avant deux raisons à l'arrêt de leur projet: l'absence de feu vert de l'autorité publique de gestion des autoroutes (Anas) et la modification en cours de la législation sur les concessions autoroutières.

Le ministre italien des Infrastructures Antonio Di Pietro a critiqué durement Autostrade sur le non respect de ses engagements en matière d'investissements, qu'il évalue à 2 milliards d'euros, et a pour cette raison décidé de durcir la loi sur l'encadrement des tarifs et les travaux réalisés. "Nous espérons aussi une reprise du dialogue mais avec de nouvelles règles de concession", a réagi le ministre.

Le ministre du Développement économique, Pierluigi Bersani, a estimé de son côté qu'il était "difficile" de dire si cet échec était "une occasion perdue pour le pays". A la Bourse de Milan, le titre Autostrade perdait 0,81% à 21,96 euros à 14H00 GMT, sa troisième séance consécutive de recul, dans un marché en hausse. "Le projet, s'il doit reprendre, est conditionné par des décisions politiques et dépendra essentiellement de la nouvelle réglementation", a estimé un analyste sous couvert d'anonymat.

Selon un autre analyste, qui ne veut pas être cité, il faudra "au moins un an" pour connaître l'impact des nouvelles règles de concession sur la valorisation d'Autostrade et par conséquent établir de nouvelles modalités de fusion. Les dirigeants d'Autostrade ont à nouveau affirmé mercredi que le changement de réglementation pourrait les désavantager au niveau européen. "L'absence de base solide en Italie en raison des incertitudes sur la réglementation pourrait nous créer des problèmes dans notre adaptation sur le marché européen", a commenté Giovanni Castellucci, administrateur délégué d'Autostrade.

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