La Chine, acteur de la reconstruction de l'Angola et acheteur de son pétrole
Des immeubles délabrés sont en cours de rénovation, de nouveaux édifices en construction, quatre instituts supérieurs polytechniques en chantier, de même que des écoles dans les dix-huit provinces du pays, autant de travaux effectués par des ouvriers chinois. Les programmes "prioritaires" du gouvernement du président José Eduardo dos Santos comprennent également la relance du Chemin de fer de Benguela (CFB), presque entièrement détruit par la guerre et qui relie la province industrielle de Benguela (ouest) à la zone minière dans l'est, frontalière de la République démocratique du Congo (RDC).
Les travaux de réhabilitation du CFB, d'un coût de 300 millions de dollars, sont exécutés par une autre société à capitaux chinois, la China International Found Ltd. Ils doivent s'achever en août 2007. La Chine a par ailleurs réussi à imposer sa présence dans le pays sur le marché du pétrole. L'Angola est le deuxième producteur d'Afrique subsaharienne derrière le Nigeria.
Une joint-venture sino-angolaise, la Sonangol-Sinopec International Limited (SSI), a remporté à la mi-mai, devant 52 concurrents, un appel d'offres pour les droits d'exploitation des grands gisements en eau profonde dont les réserves sont estimées à plus de trois milliards de barils. Aux termes de leur contrat, la compagnie angolaise Sonangol dispose de 75% du capital du consortium, et la chinoise Sinopec 25%.
La production angolaise de brut, en hausse depuis plusieurs années, devrait atteindre deux millions de barils/jour d'ici fin 2007. La visite de Wen Jiabao a suscité en Angola des critiques dans les milieux politiques d'opposition et de la société civile, qui craignent une gestion non transparente de la manne chinoise. "Le processus de reconstruction du pays doit se faire dans un cadre de transparence totale. Pour l'instant, le gouvernement n'a montré aucun signe dans ce domaine", déclare Joao Mateus Jorge, co-président du Conseil d'opposition politique (CPO), coalition de petits partis.
Les financements de la Chine vont aider "à faire redémarrer l'industrie, l'agriculture et d'autres secteurs. Mais nous n'avons aucune idée précise de la teneur des contrats engageant le gouvernement et les entreprises chinoises", affirme de son côté Kinsukulu Landu Kama, leader d'une coalition d'ONG pour la reconstruction, la transparence et la citoyenneté (CRTC).
M. Kama regrette par ailleurs une domination de la main-d'oeuvre chinoise dans tous les chantiers pour lesquels, précise-t-il, auraient pu être embauchés des milliers d'anciens soldats et ex-combattants de la rébellion, pour la plupart au chômage. L'économiste angolais Matondo André est du même avis. Au lieu de laisser les Angolais bénéficier de son expérience, "la Chine, qui a besoin de matières premières, tire profit aux mieux de son intervention en Angola", estime-t-il.