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Naissance du label Bâtiment frugal bordelais

Publié le 19 mai 2021

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Pierre Hurmic, Maire de Bordeaux et Bernard Blanc, adjoint au maire chargé de l’urbanisme résilient, ont présenté le label Bâtiment frugal bordelais, une initiative visant à « transformer » le standard des bâtiments pour les adapter aux enjeux de demain. A travers 42 critères, le label invite les professionnels de l’acte de construire à renforcer la qualité et l’habitabilité des logements, et à penser un urbanisme plus respectueux de l’environnement.
Naissance du label Bâtiment frugal bordelais - Batiweb

Le label Bâtiment frugal bordelais est le fruit « d’un travail intense » de 6 mois et concrétise « nos nouvelles orientations en matière d’urbanisme et d’aménagement », a déclaré Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, lors d’une conférence de presse. Le label, testé depuis octobre dernier, a fait l’objet d’échanges avec l’ensemble des professionnels du secteur, et a déjà mobilisé une dizaine de projets démonstrateurs, totalisant 1 200 logements dont plus de 40% de logements sociaux.

Le label qui encourage la réhabilitation plutôt que la construction neuve invite les professionnels de l’acte de construire à « transformer le standard des bâtiments pour les adapter aux enjeux climatiques, énergétiques, environnementaux, économiques et sociaux ». Pierre Hurmic explique en effet que « l’urbanisation générée à Bordeaux ces 20 dernières années a largement contribué à bétonner nos paysages, à aggraver le phénomène du dérèglement climatique. De plus, le logement est aujourd’hui cher et difficile à trouver à Bordeaux. Les habitants ont du mal à s’approprier les nouveaux quartiers (…). Malgré 50 ans de réglementation thermique, les bâtiments construits ne sont pas toujours au niveau des défis de demain ».

« C’est pourquoi, j’ai souhaité amorcer une ambitieuse évolution du territoire bordelais à travers la mise en œuvre d’un urbanisme plus résilient, de la renaturation. Un urbanisme de la frugalité », a-t-il poursuivi. Le bâtiment frugal est « capable de préserver les espaces de nature existants, est adapté au territoire, tourné vers la filière locale, soucieux de l’usage et de la qualité de vie de ses occupants ».

Si le label repose aujourd’hui sur la base du volontariat, « il sera demain intégré dans notre Plan local d’urbanisme », a indiqué l’édile de Bordeaux. « Nous avons la conviction que ce label sera stimulant pour les professionnels de l’immobilier et de la construction, et que ces derniers sauront faire des propositions pertinentes pour mieux répondre aux enjeux climatiques et de qualité du bâtiment ».

Le référentiel concerne à ce jour les logements, et le tertiaire mais devrait s’étendre aux écoles et aux locaux d’activité. Il sera expérimenté sur une période de 6 mois à un an, et ajusté en fonction des retours d’expérience. « Il sera attribué provisoirement à la délivrance du permis de construire et devra être confirmé à la livraison de l’ouvrage, et ce, en réunion publique associant les habitants ».

Prioriser le bâti plutôt que les équipements

Le label est « d’entrée de jeu dans les normes du bâtiment passif », a précisé Bernard Blanc, adjoint au maire en charge de l’urbanisme résilient. Dans un bâtiment frugal, c’est le bâti qui assure l’essentiel des performances. « On essaye de s’exonérer au maximum de tous les équipements qui fabriquent soit de la chaleur, soit du froid ». Il a souligné que les systèmes techniques tels que les VMC, les pompes à chaleur, la GTB… permettent de gagner en efficacité, mais souvent « au détriment de la qualité de l’air ou la qualité d’usage ». De plus, ces systèmes ont une durée de vie réduite, et pèsent sur le coût de gestion du bâti. Le label appelle ainsi à travailler prioritairement sur l’enveloppe.

Autre priorité, retrouver des matériaux locaux. « On a dessiné un rayon d’approvisionnement des matériaux de construction de 200 km autour de Bordeaux. Le label ancre le bâtiment dans son territoire. L’ambition, c’est de revenir à une échelle de petits opérateurs, à la fois de la construction et à la fois de la promotion ».

3e pilier, renforcer la qualité des logements. « Les logements n’ont jamais été pensés pour faire face à la crise sanitaire ». Le label exige ainsi d’avoir une pièce extérieure « généreuse » (d’au moins 10 m2), de prévoir un îlot de fraîcheur végétalisé autour du bâtiment ou encore des espaces partagés. Sont également souhaités « des logements traversants de façon à ce que la ventilation se fasse naturellement ».

42 critères ont été retenus, parmi ceux-ci, plus de la moitié sont des prérequis pour obtenir le label. Avant toute chose, il est demandé au porteur de projet d’effectuer une analyse du site, et en réhabilitation, un diagnostic de l’existant. L’artificialisation des sols est limitée. Les projets démonstrateurs sont d’ailleurs sur des situations 100% artificialisées, a indiqué Bernard Blanc, et ont généré 25% de pleine terre. « Donc, non seulement, on n’artificialise pas, mais on désartificialise ».

Sortir du tout béton

Le label encourage l’utilisation de matériaux biosourcés, géosourcés et recyclés. « Aujourd’hui, sur la ville de Bordeaux, plus de 95% des logements sont en béton coulé sur place ». La volonté de la ville est donc de sortir du tout béton, sans pour autant interdire son usage. « Chacun des matériaux doit être utilisé là où il est le plus pertinent ».

« Les éléments clés du socle obligatoire sont à la portée de n’importe quel promoteur ou architecte, dans la mesure où il acceptera de mettre un peu plus d’argent qu’il n’en met aujourd’hui sur les m2 construits », a expliqué M. Blanc. Il a d’ailleurs souligné que ces surcoûts, situés entre 15 et 20%, pourraient largement être supportés si les promoteurs se régulaient et payaient le foncier au prix juste. « Le problème, c’est le foncier, pas les coûts de construction ». « On a un urbanisme en liberté. Et donc le marché est libre, rien n’est réglementé ». Comment poser un nouveau cadre ? La mairie de Bordeaux a révélé qu’elle ferait très certainement une proposition de réglementation du marché dans le diffus. L’idée étant de n’instruire les dossiers qu’une fois le montant des transactions sur le foncier connu.

Pour faire « changer les choses », Bernard Blanc a estimé nécessaire qu’un nouveau dialogue se crée entre les professionnels, la municipalité et les riverains. « Il faut tenir ce triptyque ». La réussite du projet dépend d’ailleurs de la mobilisation de tous. Il s’adresse aussi bien à des particuliers non accompagnés par un professionnel qu’aux ménages ayant choisi d’être conseillés. Et bien sûr aux porteurs de projet professionnels qui sont toujours accompagnés d’une équipe de maîtrise d’œuvre sachante.

Rose Colombel

 

 

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