Recruter dans le BTP : double défi pour les entreprises du Grand Est

Ce n’est pas un fait nouveau : le secteur du BTP peine souvent à recruter. Parfois, la tâche se complique encore davantage dans certaines régions, où la concurrence peut être rude avec les pays frontaliers. C’est notamment le cas pour la région Grand Est, comme le prouve une étude réalisée par l’Observatoire des métiers du BTP.
Une concurrence avec la Suisse, l’Allemagne, le Luxembourg et la Belgique
Avec ses 760 kilomètres de frontières, la région Grand Est est la première région transfrontalière d’Europe. Environ 200 000 Français traverseraient la frontière pour aller travailler quotidiennement en Suisse, en Allemagne, au Luxembourg ou en Belgique. Ce phénomène concernerait 16 % des salariés du BTP vivant dans la région, soit environ 18 000 personnes.
Selon l’enquête menée par l’Observatoire du BTP, trois entreprises sur quatre auraient fait face à des difficultés de recrutement au cours des deux dernières années.
Et recruter un talent ne suffit pas, il faut ensuite le fidéliser pour pouvoir le garder. En effet, dans le Grand Est, 62 % des entreprises du BTP constatent des départs fréquents de salariés.
Dans 13 % des cas, ce départ est motivé par un emploi frontalier et des conditions jugées plus favorables, à commencer par un salaire plus élevé pour 80 % des répondants, une fiscalité plus avantageuse pour 45 %, ou des prestations sociales jugées plus intéressantes (26 %).
21 % des dirigeants d’entreprise du BTP reconnaissent que la proximité avec une frontière rend plus difficile le fait de retenir les talents. Ce pourcentage augmente même à 56 % dans la Meuse, 43 % en Moselle et 42 % dans le Haut-Rhin.
Pourtant, 31 % des entreprises interrogées déclarent avoir mis en place des actions pour compenser, avec l’attribution de primes diverses, une politique de rémunération attractive, de bonnes conditions de travail, ou encore la possibilité d’avoir un véhicule de fonction.
7 actions prioritaires à mettre en place
Face à ces difficultés, l’Observatoire du BTP formule sept actions prioritaires pour aider les entreprises du BTP concernées.
Dans un premier temps, l’organisme conseille de mieux valoriser les avantages proposés aux salariés de la région Grand Est grâce à des supports de communication (vidéos, affiches…).
Autre levier : sensibiliser les entreprises à la qualité de vie au travail (QVT) grâce à un accompagnement et des webinaires diffusant les bonnes pratiques.
Mais aussi favoriser la promotion en interne, la valorisation de l’ancienneté et la progression salariale.
Pour attirer les jeunes, l’organisme appelle à renforcer les partenariats avec les centres de formation d’apprentis (CFA) pour recruter en apprentissage et accueillir davantage de stagiaires de 3ème.
Parmi les autres pistes : créer des passerelles accessibles aux demandeurs d’emploi et personnes en reconversion, et améliorer l’accès à la formation.
Par Claire Lemonnier