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Chantier EPR Flamanville : d'importants défauts de construction relevés

Publié le 31 août 2011

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Diverses malfaçons dans le gros oeuvre du futur réacteur EPR de Flamanville, de nature, pour certaines, à porter préjudice à la qualité finale des structures, ont été relevées par l'Autorité de surêté nucléaire (ASN) indique le Canard enchaîné à paraître mercredi. Une manipulation honteuse et scandaleuse selon Bouygues.
Chantier EPR Flamanville : d'importants défauts de construction relevés - Batiweb

Des trous dans des piliers en béton, des défauts dans les parois de piscines destinées à recevoir le combustible nucléaire irradié... Les inspecteurs de l'ASN ont constatés des défauts de construction sur le futur réacteur EPR de Flamanville affirme l'hebdomadaire satirique le Canard enchaîné. Entre octobre 2010 et août 2011, le "gendarme du nucléaire" a ainsi adressé quatre lettres au vitriol (deux sont disponibles sur le site internet de l'ASN) qui mettent en cause la qualité de plusieurs constructions vitales pour la sécurité du futur réacteur EPR, dont la construction est assurée par Bouygues.

L'autorité précise, dans son dernier courrier en date du 10 août, que certaines des malfaçons constatées sont de nature à « porter préjudice à la qualité finale des structures », selon des termes rapportés par l'hebdomadaire et confirmés par l'ASN. « Les trous dans le béton, les nids de cailloux (zone manquant de ciment) au sens large, c'est une problématique courante du génie civil. EDF, en tant qu'exploitant, se doit de les identifier et de les réparer », souligne Simon Huffeteau, chef de la division de Caen à l'ASN. « Les réparations sont évidemment obligatoires », ajoute-t-il.

La semaine dernière, l'ASN avait indiqué avoir constaté des écarts et faiblesses lors d'une inspection du site de construction du réacteur EPR et demandé à EDF de faire des efforts importants pour démontrer la qualité de la construction. Pour le ministère chargé de l'Industrie, de l'Energie et de l'Economie numérique, « les travaux béton visés par les lettres de l'ASN citées dans cet article sont encore en cours et n'ont même pas été réceptionnés par EDF ». « Les observations de l'ASN seront bien entendu prises en compte dans le cadre de ce chantier en cours », a-t-il réagit dans un bref communiqué. EDF n'a pas encore réagit à ces informations.

Une manipulation honteuse et scandaleuse pour Bouygues

Les critiques sur la qualité du gros oeuvre du futur réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche) sont une manipulation honteuse et scandaleuse, a tonné mercredi Martin Bouygues, le PDG du groupe du même nom, en charge de cette construction. « C'est vrai qu'il y a des malfaçons, car c'est un prototype et il y a des difficultés techniques, mais elles sont reprises», a affirmé M. Bouygues devant la presse, à l'occasion de la présentation des résultats du premier semestre et d'une opération de rachat des actions du groupe. Pour M. Bouygues, « l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) est dans sa fonction quand elle apporte des réflexions sur la qualité » de la construction. « Nos relations avec EDF sont excellentes et la satisfaction d'EDF est tout à fait correcte », a-t-il assuré.

« Les photos montrant des trous ont été prises avant que les travaux de reprise soient effectués», a assuré M. Bouygues. « Cela n'a aucun sens. C'est une manipulation honteuse et scandaleuse», a-t-il ajouté.  M. Bouygues a d'autre part assuré que le groupe respectait scrupuleusement la réglementation et qu'il «ne mettait pas en oeuvre des méthodes contraires au droit du travail sur le chantier». Le parquet de Cherbourg a ouvert début juillet une enquête préliminaire visant Atlanco, une société basée à Chypre et soupçonnée d'avoir détaché illégalement des intérimaires sur le chantier pour Bouygues et GFA Armatures. Le PDG a rappelé que le groupe a rompu son contrat avec son sous-traitant Atlanco, après une injonction de l'ASN qui avait épinglé des irrégularités.

La mise en service de l'EPR de Flamanville (Manche), le premier réacteur nucléaire de troisième génération, n'est plus attendue que pour 2016, avec deux ans de retard sur la date initiale, avait annoncé EDF fin juillet. Une nette hausse la facture de son premier EPR, dont il estime désormais le coût à 6 milliards d'euros, près du double des estimations initiales, avait aussi été annoncé par EDF.

Bruno Poulard (source AFP)

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