Logements neufs au T3 2025 : pourquoi les chiffres de la FPI et du ministère divergent
Publié le 17 novembre 2025, mis à jour le 17 novembre 2025 à 14h47, par Nils Buchsbaum

Jeudi dernier, la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) annonçait, lors d’une conférence de presse, les chiffres de commercialisation de logements neufs au T3 2025. Elle décrivait une situation « dramatique » et « jamais vue », avec moins de 10 000 logements neufs mis en vente.
Le lendemain, c’est le Service des données et études statistiques (SDES), rattachée au ministère de la Ville et du Logement, qui publiait ses chiffres et relevait, lui, une embellie, avec presque 20 000 logements neufs mis en vente. Comment expliquer cet écart ?
Reprise ou crise ?
Pour rappel, selon les données publiées vendredi 14 novembre par le SDES, les mises en vente de logements neufs destinés aux particuliers enregistrent une légère reprise : +5,9 % sur un trimestre et près de +42 % sur un an. 19 239 logements neufs auraient ainsi été proposés à la vente au T3 2025.
Ces chiffres contrastent nettement avec ceux communiqués la veille par la FPI, qui évoque « moins de 10 000 » logements mis sur le marché.
Interrogé par AEF info, le délégué général de la FPI, Didier Bellier-Ganière souligne que les chiffres du SDES s’écartent pour la première fois nettement de ceux de la FPI : « Jusqu’ici, nos données convergeaient globalement ». Selon lui, « les données du ministère vont totalement à contre-courant de la conjoncture. Qu’il s’agisse de nos adhérents, des bailleurs sociaux ou de la FFB, personne ne signale la moindre amélioration ».
Contacté par Batiweb, le ministère de la Ville et du Logement apporte plusieurs éléments pour expliquer l’écart entre ses statistiques et celles de la FPI.
Il rappelle d’abord que la FPI publie des données brutes, tandis que le ministère diffuse des chiffres corrigés des variations saisonnières, ce qui facilite la comparaison d’un trimestre à l’autre. « En données brutes, nous obtenons 15 700 mises en vente, ce qui réduit sensiblement l’écart », précisent les services gouvernementaux.
Des méthodes qui divergent
Le ministère souligne également que la comparaison reste délicate, faute de connaître précisément la méthodologie employée par la FPI. À cela s’ajoute la complexité de la mesure de l’activité, certaines informations — notamment sur les permis de construire — n’étant pas immédiatement disponibles. Il arrive ainsi que des programmes soient estimés en l’absence de données complètes, et que des incertitudes demeurent sur les constructions réalisées sur l’existant ou sur les retraits d’opérations.
Enfin, le ministère affirme que la progression observée de la commercialisation depuis un an, même si les volumes restent en dessous des niveaux d’avant 2023, est cohérente avec les signaux de reprise enregistrés dans la construction neuve, dans les transactions de l’ancien et dans le volume des crédits immobiliers.
Des discussions entre le SDES et la filière
De son coté, la FPI nous confie « poursuivre ses échanges avec la FFB et le SDES pour clarifier les écarts constatés ». Des divergences jugées d’autant plus surprenantes que « les données de la SDES apparaissent nettement en décalage avec la conjoncture économique générale, et plus encore avec la réalité du secteur de la promotion », insiste la fédération.
La FPI estime également que la distinction opérée par la SDES entre « nouvelle construction » et « construction sur existant » mérite d’être clarifiée : s’agit-il de réhabilitation, de rénovation, ou de démolition-reconstruction ? Selon l’organisation professionnelle, cette catégorisation interroge, notamment pour déterminer s’il s’agit véritablement de logements neufs ou d’ancien rénové.
Enfin, la fédération souhaite connaître la manière dont les retraits d’opérations sont intégrés dans les statistiques du ministère. Les mises en vente publiées par la FPI sont en effet exprimées nettes de ces retraits, désormais suivis au sein d’une statistique dédiée. Elle rappelle qu’une opération remise sur le marché n’implique pas forcément un nouveau permis de construire : la commercialisation peut simplement avoir été suspendue. Selon la FPI, « l’absence de prise en compte de ces retraits dans les données du ministère constitue sans doute la piste d’explication la plus pertinente ».
Par Nils Buchsbaum














