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La Chine veut accélérer la concentration dans le ciment

Publié le 15 février 2007

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Pour hâter la concentration d'un secteur cimentier pléthorique, les autorités chinoises ont récemment annoncé de nouvelles mesures visant à faciliter l'émergence de champions nationaux, une de leurs priorités dans de nombreux domaines de l'économie.
Elles ont décidé le mois dernier d'accorder un traitement préférentiel à 60 compagnies d'un secteur en comptant 80 fois plus.
Ces entreprises bénéficieront d'un soutien officiel pour le lancement de nouveaux projets, des opérations de fusions et acquisitions, l'obtention de terres ou de crédits bancaires.
Parmi elles, figure notamment le leader mondial des matériaux de construction, le groupe français Lafarge, partenaire en Chine de Shui On Construction and Materials depuis 2005, à travers la co-entreprise Lafarge Shui On Cement, capable de produire 20 millions de tonnes par an. Premier producteur au monde de ciment depuis les années 80, la Chine a enregistré un record en 2006 de 1,22 milliard de tonnes, selon le site spécialisé Chinacements, soit une augmentation de 15% sur un an.

En 2005, avec un volume total de 1,06 milliard de tonnes, elle a assuré 45% de la production mondiale, après avoir vu sa production bondir de 74% en cinq ans, portée par la croissance rapide de l'économie chinoise et la progression des investissements en capital fixe. Mais, selon l'agence Chine Nouvelle, les cimentiers sont déjà en surcapacité, avec une capacité de plus de 1,35 milliard de tonnes fin 2006, pour une demande de quelque 1,05 milliard. Cela ne semble pas diminuer pas l'attractivité du marché : le numéro deux mondial des matériaux de construction, le mexicain Cemex, "étudie la possibilité d'entrer sur le marché chinois", selon Carlos Santos, directeur du bureau de la Bancomext (Banque nationale du Commerce extérieur) à Pékin.

Si l'économie carbure toujours à vive allure (+10,7% l'année dernière) l'heure est néanmoins aux mesures anti-surchauffe et, notamment, à la modération des investissements en capital fixe, qui font le bonheur de l'industrie. D'où les inquiétudes face à un éventuel déclin de la demande en ciment qui se surajoutent à de vraies préoccupations environnementalistes. Car bon nombre des usines existantes, de faible capacité et dotées d'une technologie obsolète, sont des nids de pollution, en sus d'être surconsommatrices d'énergie.

Or le gouvernment veut réduire leur consommation énergétique de 20% dans les prochaines années, notamment en encourageant les fours à procédé à sec, moins gourmands. Pour cela, il voudrait voir émerger une poignée de leaders ayant les moyens des ambitions officielles, alors qu'aujourd'hui subsistent en Chine quelque 5.000 cimentiers ayant passé sous les fourches caudines du mouvement de restructuration entamé voici plusieurs années. Il existait en effet quelque 8.000 producteurs à la fin des années 90, pour un peu plus de 1.500 partout ailleurs dans le monde, selon des sources universitaires.

L'objectif est de réduire encore ce nombre de 30% pour arriver à 3.500 en 2010. "Les nouvelles mesures apportent une occasion de développement sain de l'industrie, pour les entreprises de la liste mais aussi celles qui en sont exclues", affirme le Magazine du Ciment, revue chinoise, dans un article publié mercredi sur son site. "Difficile de dire si l'impact sera vraiment bénéfique. Mais en tout cas elles devraient encourager les entreprises à être plus productives", estime pour sa part un expert, Huang Jianshe.

Certains analystes se demandent toutefois si elles ne pourraient pas aggraver les problèmes, en poussant des cimentiers à accroître leurs capacités pour ne pas être évincés de la liste, révisable au gré du gouvernement.

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