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La conjoncture du bâtiment reste bonne, malgré des zones d'ombre

Publié le 12 septembre 2018

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La conférence de presse « conjoncture trimestrielle » de Jacques Chanut, le président de la FFB, a alterné bonnes et moins bonnes nouvelles. Globalement, le secteur du bâtiment se porte bien, mais des points de faiblesses subsistent et il faudrait peu de chose pour que le secteur rebascule dans une situation plus complexe. Explications …
La conjoncture du bâtiment reste bonne, malgré des zones d'ombre - Batiweb
Du côté des bonnes nouvelles, deux secteurs de la construction se portent bien et ont servi de locomotive au bâtiment lors du premier semestre, malgré la météo maussade du printemps et les mouvements sociaux qui ont affecté le transport ferroviaire, dont le bâtiment est peu tributaire il est vrai.
 

Non résidentiel et bâtiments publics au beau fixe

Le non résidentiel neuf se porte bien, avec une progression de presque 14% sur les 7 premiers mois de l’année. Et cela concerne presque tous les segments de ce marché. Seuls les locaux commerciaux pâtissent d’une conjoncture moins bonne, la tendance étant plutôt aux gros entrepôts de la vente en ligne et du e-commerce.
 
La construction des bâtiments publics et administratifs bat aussi son plein, car nous sommes en milieu de mandat et les maires et autres patrons des collectivités locales mettent en œuvre leur programme électoral avant que les prochaines élections ne pointent le bout de leur nez dans deux ou trois ans. Et de nombreuses collectivités territoriales ont assaini leurs finances et peuvent réinvestir dans de bonnes conditions financières.
 

Le logement continue de traverser une mauvaise passe

L’individuel diffus a pris de plein fouet la suppression de l’APL accession et le recentrage du PTZ et du Pinel. Dans ce secteur les acheteurs sont prioritairement des jeunes ménages aux revenus souvent modestes et ont pris de plein fouet ces mesures.
De leur côté les promoteurs constatent aussi cette situation.
Globalement, les permis et mises en chantier de logement se replient respectivement de 7,5 % et 3,4 %  sur sept mois à fin juillet 2018 et c’est une tendance qui s’accélère depuis le début de l’année.
Le ralentissement global de la croissance, qui impacte les comptes de la nation en 2018, doit aussi avoir des conséquences sur la confiance des ménages et donc sur leurs investissements immobiliers.
Mais Jacques Chanut pense que le contexte économique n’est pas tel qu’il explique une aussi forte baisse, même couplé à une météo printanière compliquée. 
« Ces propos ne visent pas au sensationnalisme. De fait, la tendance en rythme annuel tourne aux environs de 400 000 mises en chantier en 2018, contre près de 430 000 en 2017, soit -7 %. Et la chute des permis conduit à poursuivre, voire accentuer, la tendance en 2019. La FFB insiste donc à nouveau sur le débat qu’elle souhaite engager avec le gouvernement sur un « zonage de projet ». Il permettrait de rouvrir de manière contrôlée le droit à aides dans des territoires jugés globalement à l’équilibre, alors que certains quartiers ou pôles en leur sein affichent de réels besoins ».
Le mécontentement des acteurs du logement social vient s’ajouter à cela et on attend avec impatience le prochain congrès de l’USH, début octobre, pour prendre la température du secteur.
 
Le  problème du manque de logement dans les zones tendues, social ou pas, n’est donc pas près d’être résolu et cela laisse sur le côté beaucoup de jeunes et de ménages, qui n’arrivent pas à se loger dans de bonnes conditions ou dans des conditions financières acceptables, ce qui revient au même.
 

La rénovation manque de dynamisme

Alors que les besoins de rénovation énergétique du parc des 30 millions de logements anciens en France sont connus, le secteur, avec environ 1% de croissance au premier semestre, ne connaît pas de réelle embellie. Regardons le détail.
 
La rénovation dans le non résidentiel tourne au ralenti, les ressources étant probablement mobilisées par le neuf qui, on l’a vu plus haut, se porte très bien.
Dans le logement, selon l’enquête réalisée par les Cellules économiques régionales de la construction (CERC), hors effet prix, l’activité sur ce segment a progressé de 1,2 % en glissement annuel sur le deuxième trimestre, après +1,7 % au premier.
La fin de l’incertitude pour 2019 sur le sujet de la TVA à taux réduit tombe à pic.
« Le taux de 5,5 % constitue aujourd’hui le dispositif le plus large et le plus puissant en faveur de la rénovation énergétique, sujet plus que d’actualité au regard des menaces pressantes que revêt le changement climatique. » ajoute Jacques Chanut.
 
Annoncé il y a un an par Nicolas Hulot, le calibrage même grossier de la possible transformation du CITE en prime n’est toujours pas connu. Et l’éventuel statu quo que semble proposer le nouveau ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy, ne va pas satisfaire la profession.
 
La suppression de l’éligibilité des fenêtres et chaudières au fioul performantes reste toujours en travers de la gorge des professionnels. Elle avait pourtant été présentée comme une mesure transitoire, dans l’attente d’une analyse plus approfondie. Et le président de la FFB de préciser que « depuis septembre 2017, la FFB a proposé plusieurs pistes combinant réelle efficacité énergétique et coût budgétaire contenu. Il s’agit, par exemple, de limiter l’aide au remplacement de simple vitrage ou de la moduler en fonction d’un parcours pluriannuel de travaux. Nous sommes toujours dans l’attente d’un retour sur ces propositions. À défaut, la reconduction à l’identique du CITE dégradé en 2019 témoignerait que l’approche en la matière est bien purement budgétaire. »
 
Même s’il trouve intéressante la campagne de communication lancée par le gouvernement et l’ADEME « FAIRE tous éco-confortables » cela ne résoudra pas l’atonie du secteur des fenêtres depuis le mois de juillet et cela n’aidera pas les habitants modestes des zones rurales qui n’ont que le fuel comme source d’énergie pour le chauffage au renouveler leur vieille chaudière.
 

Une bonne nouvelle : l’emploi

Avec une hausse de l’activité de 2,5%, au premier semestre 2018, en projection sur un an, la FFB estime qu’environ 30 000 postes ont été créés, dont 7 000 intérimaires en équivalent-emplois à temps plein et surtout 23 000 salariés essentiellement des CDI, ce qui est une bonne nouvelle pour les salariés.
Malgré tout les difficultés de recrutement des entreprises continuent et la FFB propose plusieurs pistes pour répondre à cette pénurie d’emplois.
 
Pour répondre à cette pénurie d’emplois, la FFB propose plusieurs pistes.
Elle travaille à une convention avec Pôle Emploi pour mieux identifier les demandeurs d’emploi concernés par les métiers du bâtiment. Sur les 430 000 demandeurs d’emplois recensés par l’opérateur , il est nécessaire de faire un travail de dentelle avec ceux qui accompagnent les demandeurs d’emploi, pour identifier les savoir-faire et les nécessités de formation afin de répondre aux besoins de recrutements des entreprises
La FFB rentre aussi dans le concret  pour ses « 15 000 bâtisseurs supplémentaires » puisqu’elle a signé en juillet dernier avec Muriel Pénicaud, ministre du Travail, Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires et Julien Denormandie, secrétaire d'État auprès du ministre de la Cohésion des territoires, une opération nationale qui vise à favoriser l’accès aux entreprises du secteur à 15 000 jeunes et demandeurs d’emploi issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville. 

Régis Bourdot

Illustration © FFB



 D’après l’enquête du réseau des CERC, le volume d’activité en amélioration-entretien ressort en hausse de 1,2 % en glissement annuel sur le deuxième trimestre 2018, après 0,9 % au premier. La situation s’améliore pour le non résidentiel, en progression de 1,1 % sur un an, après une baisse de 1,1 % enregistrée au premier trimestre. Quant au logement, la progression se tasse un peu, à 1,2 % au deuxième trimestre après 1,7 % au premier.
Concernant les perspectives pour le troisième trimestre 2018, elles demeurent positives

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