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Point sur le marché européen des panneaux solaires

Publié le 30 octobre 2018

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Alors que l’ADEME a récemment évoqué la création d’une charte des bonnes pratiques pour éviter les arnaques concernant les panneaux solaires, et que le marché européen fait face à la fin de la taxation des panneaux solaires chinois, nous avons fait le point avec Alexandra Del Medico, Secrétaire générale de Qualifelec. Entretien exclusif.
Point sur le marché européen des panneaux solaires - Batiweb

Le solaire est le second secteur en termes de plaintes auprès de la DGCCRF. Que pensez-vous de la charte des bonnes pratiques sur les panneaux solaires que souhaite mettre en place l'ADEME pour éviter les arnaques ?




Alexandra Del Medico : Il est effectivement important d'éditer une charte des bonnes pratiques. Elle jouera certainement un rôle pour sensibiliser le public aux problèmes d’éco-délinquance. Mais sera-t-elle suffisante ? Il existe déjà, dans le secteur du bâtiment, des moyens pour encadrer le marché. Ainsi, l’étude et la conception préalables à l’installation permettent de s’assurer que le projet est bien pensé et correctement dimensionné par rapport aux besoins du consommateur. Ensuite, faire intervenir un professionnel qualifié garantit que le système solaire photovoltaïque est installé dans le respect des normes, de la sécurité et des règles de l’art. Enfin, en aval de l’installation, mettre en place de la maintenance assure son bon fonctionnement et sa performance dans le temps. Lorsque le consommateur est victime d’un éco-délinquant, il faut lui donner la possibilité de s’exprimer, en mettant en place un système de réclamations efficace. La charte de bonnes pratiques est, selon moi, un élément d’un éco-système bien plus large.

Pensez-vous que ce serait bien de durcir les conditions d’obtention de l’agrément RGE ?

A.D.M :
Il ne s’agit pas tant de durcir les conditions d’obtention du label RGE, que de réfléchir à son application sur l’ensemble du marché résidentiel. L’arrêté du 9 mai 2017 relatif à l’autoconsommation contribue à encadrer une partie du marché des panneaux solaires raccordés au réseau, en imposant l’intervention de professionnels dûment qualifiés dans le cadre de la réinjection. Or une partie des panneaux solaires photovoltaïques ne seront jamais raccordés, dans la mesure où le particulier souhaite rester indépendant et autonome par rapport au réseau. Il existe là un vide qui risque de devenir de plus en plus problématique, car le consommateur pourra stocker sa propre production, l’utiliser pour charger son véhicule électrique ou encore chauffer son logement.

Actuellement, quelles sont les obligations pour les professionnels ?

A.D.M :
L’obligation concerne surtout le particulier. Il peut choisir de ne pas faire appel à un professionnel dont le sérieux et la compétence ont été reconnus. A l’heure actuelle, les installations d’une hauteur inférieure à 1m80 et d’une puissance inférieure à 3kw ne sont soumises à aucune obligation déclarative, sauf si elles sont installées en toiture ou dans un site protégé. Le particulier peut donc acheter un kit sur internet et le poser chez lui, sans en informer qui que ce soit.

Quelles sont les formations prévues dans le solaire ?

A.D.M :
L’arrêté autoconsommation prévoit une liste de formations minimales obligatoires. Ces formations de 5 jours, type QualiPV, ne sont, selon moi, pas suffisantes, si elles ne s’appuient pas sur un socle de compétences électriques préalablement acquises. Rappelons que le solaire photovoltaïque est un métier d’électricien. Une entreprise qualifiée par Qualifelec en Solaire Photovoltaïque a justifié de la formation et de l’expérience professionnelle de ses équipes.

Connaissez-vous des organismes qui proposent de formations fiables pour les professionnels du solaire ?

A.D.M : 
Qualifelec a développé des partenariats avec des organismes de formation, notamment avec Formapelec, dont les formations sont adaptées aux exigences de nos qualifications. L’objectif de ce partenariat est de permettre aux entreprises d’évoluer en compétences, en s’assurant que l’effort de formation fourni pourra être valorisé dans le cadre de la qualification. Formapelec est un exemple, mais il y a aussi des organismes de formation de fabricants. C’est important pour nous d’être indépendants de la formation, dans le sens où nous devons justement évaluer et valider des formations. Nous ne pouvons pas être à la fois organisme de formation et organisme de qualification.

Selon vous, qu’est-ce qui pourrait dynamiser le marché du solaire?

A.D.M :
Le plan « Place au Soleil » est un pas important puisque des aides et des incitations sont prévues, donc cela va accompagner le développement du marché. C’est une forte incitation au déploiement du solaire photovoltaïque. Cependant, n’oublions pas l’expérience malheureuse des années 2000, avec ses problèmes de qualité des produits et des installations, et la crise de confiance des consommateurs qui s’en est suivie. Tous les signaux sont au vert du point de vue appétence pour le particulier et du point de vue des pouvoirs publics, mais il convient de s’assurer que le marché se développe dans de bonnes conditions pour que tout se passe bien et pour ne plus faire peur aux particuliers.

Que pensez-vous de la fin des taxes sur les panneaux solaires chinois ?

A.D.M :
La vocation de Qualifelec n’est pas de certifier des produits, mais de qualifier des entreprises. Cet aspect ne relève donc pas du domaine d’expertise de notre organisme. Toutefois nous sommes vigilants sur la qualité des produits à travers l’information délivrée par l’AQC, membre de Qualifelec, et sa liste verte.

Quel est le rôle de Qualifelec ?

Qualifelec est un organisme de qualification des professionnels installateurs électriciens qui existe depuis plus de 60 ans.
La vocation de Qualifelec est d’évaluer les entreprises du génie électrique et énergétique pour les qualifier dans leur domaine de compétences.
Les 13 qualifications de Qualifelec, complétées par des mentions, couvrent l’ensemble des activités de la filière, tant dans le bâtiment, le tertiaire, l’industrie, le secteur agricole que le génie civil.
Elles sont regroupées en cinq grands domaines : Energies renouvelables, Equipements électriques hors EnR, Infrastructures, Courants forts et Courants faibles.
A travers ses qualifications, Qualifelec atteste de la qualité des entreprises du génie électrique et énergétique, apportant aux clients une meilleure garantie de satisfaction, de sécurité, de performance et de pérennité des installations.
 

Propos recueillis par Claire Lemonnier

Photo de Une : ©DR/Légende : Alexandra Del Medico

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