Logement étudiant : l'Île-de-France concentre les difficultés

Région la plus peuplée de France, l’Île-de-France loge un quart des étudiants français.
C’est aussi zone où « les conditions d'accès au logement des étudiants y sont les plus difficiles du pays », selon les magistrats de la Cour des comptes, qui a publié un rapport le jeudi 3 juillet.
7,37 places à vocation sociale pour 100 étudiants
« L’Île-de-France, avec 27 % du total des effectifs étudiants, est la première région étudiante de France. Ces effectifs ont progressé de 25 % depuis l’année 2013-2014, pour atteindre 810 109 étudiants franciliens à la rentrée 2023-2024. D’ici 2027, le rectorat de la région prévoit l’accueil de 140 000 étudiants supplémentaires », détaille l’instance judiciaire.
À l’échelle nationale, 2,97 millions d'étudiants étaient inscrits dans l'enseignement supérieur (+25% par rapport à 2012). Des leviers ont été activés par l’État, dont les aides personnelles au logement (APL) et les 69 300 logements étudiants à vocation sociale (+39%).
Des efforts publics pour soutenir les étudiants les plus modestes, mais insuffisants. Premièrement car les APL ne corrigent pas l'écart de loyer avec le parc privé. Il prend en charge 39 % du loyer hors charge à Paris en 2023.
En outre, nous parlons d’une région à forte tension immobilière. Le nombre de places à vocation sociale y reste ainsi de 7,37 pour 100 étudiants, contre 8,2 pour la moyenne nationale.
Le rapport de la Cour des Comptes relève en parallèle des « effets de seuil » pour les étudiants modestes non boursiers.
« Cette situation, associée à la densité des établissements d’enseignement supérieur et des transports publics franciliens, se traduit pour les étudiants d’origine francilienne par un taux de cohabitation en hausse, près de deux fois supérieur à celui des autres régions (47 % contre 27 %), et par des temps de transport plus élevés », observe la Cour des Comptes.
Un manque de « politique globale définie »
Pour contrer cette crise, l'État vise la création de 15 000 logements par an à l'échelle francilienne. Sur toute la France, 75 000 places devraient être créées d'ici 2030, dans le cadre du programme AGiLE. Mais cela répondra-t-il aux attentes de la Cour des Comptes ?
Car avant tout, les magistrats pointent du doigt une diversité d’acteurs, sans « politique globale définie », ni de front commun « au-delà de celle existant entre les ministères du Logement et de l'Enseignement supérieur », selon des propos relayés par l’AFP.
Résultats : aucun acteur francilien n’est réellement responsable de cette situation. La Cour de Comptes déplore un manque d’objectif pour réduire les disparités entre les territoires.
« Face aux interactions entre les douze différents bassins de l’enseignement supérieur francilien, la coordination des actions suppose de déployer de nouvelles méthodes », est-il écrit dans la synthèse du rapport.
«Les pouvoirs publics, y compris nationaux, doivent concentrer leur attention sur l’Île-de-France, qui présente de réels signes de décrochage par rapport au reste du territoire », lit-on également.
Par Virginie Kroun
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