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PVC souple dans la construction : histoire d'un matériau complet

Publié le 08 novembre 2012

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Depuis sa découverte accidentelle au 19e siècle et l'ajout, pour la première fois en 1926, de plastifiants permettant de l’assouplir, le PVC a été utilisé dans des millions de produits et d’applications de construction, tous plus essentiels les uns que les autres dans notre quotidien. La raison de son succès réside indubitablement dans ses très nombreuses propriétés, associées à un rapport coût/performance inégalé.
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Le PVC est l’un des matériaux modernes artificiels qui font l’objet du plus grand nombre d’études. Le PVC souple, en particulier, continuera certainement d’être largement utilisé, notamment grâce aux efforts de recherche et de développement consentis par l’industrie pour fabriquer un matériau toujours plus sûr, permettant le développement continu d’applications innovantes et plus énergétiquement efficaces. 

Construction innovante 

Le secteur français de la construction est vaste : selon les statistiques officielles, il représente 11 % du produit intérieur brut de la France et 7 % des emplois. Il n’est dès lors pas surprenant que plus de 50 % du PVC produit en Europe occidentale chaque année soit utilisé dans le bâtiment. Ce matériau polyvalent fait l’objet d’une demande très importante, qui devrait s’intensifier pour atteindre une production mondiale estimée à plus de 40 millions de tonnes d’ici 2016.

En Europe occidentale, environ 25 % du PVC plastifié est destiné à l’isolation de câbles et de câbles électriques, la partie majeure étant utilisée dans le secteur de la construction. Mais ce matériau est également utilisé dans les membranes de toiture, les revêtements de sol et muraux, les tuyaux, les enduits et mastics d’étanchéité, les canalisations et autres structures gonflables qui ont récemment vu leur popularité grimper dans toute une série d’édifices modernes et novateurs. Pour cette dernière application, citons notamment le Centre culturel international d’Avilés en Espagne (photo), l’œuvre du célèbre architecte brésilien Oscar Niemeyer.

Mais pourquoi le PVC souple est-il aujourd’hui un matériau aussi demandé ? L’architecte et designer Riccardo Giovanetti nous explique : « Le PVC est un matériau populaire dans la construction depuis des décennies en raison de ses propriétés physiques et techniques, qui offrent un excellent rapport coût/performance. Ce matériau est également très compétitif en termes de prix, et cet atout est par ailleurs conforté par d’autres propriétés telles que l'efficacité énergétique, la durabilité, la durée de vie du produit et les frais d'entretien peu élevés. Le PVC peut être découpé, mis en forme, soudé et facilement raccordé, le tout dans des styles variés. Son poids plume réduit les difficultés de manutention. Il est également résistant aux intempéries, à la pourriture, à la corrosion, aux chocs et à l’abrasion. En fait, les applications à moyen et à longue terme représentent près de 85 % de la production de PVC dans le secteur du bâtiment et de la construction. »

Les propriétés du PVC souple sont démontrées dans l’œuvre colossale réalisée par Anish Kapoor, intitulée « Marsyas » (photo), qui consiste en une vaste sculpture créée à l’aide de très longs morceaux d'une membrane en PVC apposés sur des anneaux en métal. Mais le PVC a également été largement utilisé pour des bâtiments dans toute l’Europe. La couverture du toit de la patinoire unique de l’Eden Project à Cornwall, en forme de balle de golf, ou encore l’aréna Köln en Allemagne, pour ne mentionner que quelques exemples, ont étés construits à l’aide de membranes en PVC souple. 

Durabilité et fin de vie 

Le PVC souple fait partie des matériaux abordables et durables aux frais d’entretien peu élevés, et qui peuvent être recyclés en fin de vie. Parallèlement, son long cycle de vie (de 40 à 50 ans) contribue à compenser l’énergie et les ressources utilisées pour le produire et lui confère une empreinte carbone très faible.

Le programme VinylPlus capitalise sur le succès du programme Vinyl 2010 et comprend de nouvelles mesures importantes afin de soutenir une production et une utilisation durables du PVC et la mise en place d’un cadre de développement à long terme pour l’ensemble de la chaîne de valeur. Depuis le lancement de ce programme en 2000, un million de tonnes a été recyclée. Les chiffres les plus récents datent de 2011 et indiquent que 257.084 tonnes ont été recyclées en Europe, dont 45% provenant par exemple, de  câbles et revêtements de sols. 

Les Jeux olympiques de Londres en 2012 ont tenté eux aussi de montrer l’exemple. L’objectif fixé par l’Olympic Delivery Authority (organisme chargé du développement et de la construction des nouveaux sites et infrastructures pour les Jeux de Londres) exigeait que le PVC acheté pour les membranes de structure contienne 30 % de matériau recyclé, à moins que ce ne soit pas possible pour des raisons techniques. 

Pour le centre aquatique (photo), une technique semblable à celle employée par Niemeyer à Avilés a été utilisée pour donner à ce bâtiment une toiture en forme de vague. À l’aide de coussins gonflables fabriqués à base de PVC souple recyclé, le bâtiment est léger et bien isolé, et suite au Jeux, pourra en outre être réutilisé ou recyclé.

Les produits chimiques utilisés dans la production du PVC doivent en outre être enregistrés au titre du règlement REACH, auprès de l’Agence européenne des produits chimiques, afin d’éviter tout effet potentiellement nocif. 

Efficacité énergétique 

Environ 42,5 % de l’énergie en France est consommée par les bâtiments3, et selon la plus récente directive de la Commission européenne, tous les nouveaux bâtiments devront avoir un niveau d’efficacité énergétique « proche de zéro » à l’horizon 2020, et devenir ainsi pratiquement neutres en émissions de carbone. Les mérites des applications en PVC rigide tels que les châssis ont longtemps été vantés pour leurs propriétés de conservation de l’énergie. Les produits de nombreux fabricants européens de châssis en PVC ont déjà obtenu certains des taux de performance énergétique les plus élevés grâce à leur « bonne performance thermique ».

De même, le PVC souple peut également contribuer à une plus grande conservation de l’énergie. Des projets comme les « maisons 2 litres » à Ozzano, près de Bologne en Italie, utilisent ce type de matériau dans de nombreuses applications comme les câbles, la toiture et les membranes d’étanchéité. 

Marco Piana, promoteur du projet et architecte, souligne que les évaluations du concept d'analyse du cycle de vie (Life Cycle Assessment, LCA) démontrent que le PVC est un matériau durable, et que dans certaines applications, il obtient d’excellentes performances environnementales. Au Royaume Uni, par exemple, la Building Research Establishment Agency (BRE) a attribué un « A » aux revêtements de sol en PVC pour leur durabilité.

Un ancien commandant de pompiers professionnels français, Dominique Parisse, nous explique ce succès : « La production de chaleur est relativement faible et le PVC commencera par se déchirer plutôt que de produire des gouttelettes enflammées ou de contribuer à la propagation rapide des flammes. Cette caractéristique, très utile, a son importance non seulement dans la conception de bâtiments, mais aussi tout particulièrement dans la conception de voitures, de bateaux et d’avions. »

Dans ce cas, pourquoi le PVC a-t-il eu si mauvaise presse ces dernières années ? La réputation des plastiques en général, et du PVC en particulier, a considérablement souffert ces dernières décennies. À l’origine, on retrouve notamment la publication d’études qui ont suscité des inquiétudes concernant leurs possibles effets nocifs. Malheureusement, même si la science à la base de ces études a par la suite prouvé qu'elles étaient erronées, ces allégations n’ont pas été oubliées et la réputation du PVC en a été ternie. 

Engagement de l’industrie 

L’industrie européenne du PVC s’engage à répondre à toutes les éventuelles questions soulevées par ses produits en matière de santé et d’environnement. Parallèlement, les producteurs de phtalates se sont progressivement tournés vers les phtalates longs qui, selon les données collectées par le Conseil européen de l’industrie chimique, représentent aujourd'hui plus de 70 % des plastifiants utilisés dans l’Union européenne. 

Les programmes tels que VinylPlus ont permis de faire des avancées en remplaçant les stabilisateurs en métaux lourds dangereux. Aujourd’hui, les stabilisateurs à base de cadmium ont été complètement retirés du PVC, tandis que ceux à base de plomb le seront d'ici 2015. 

« La différence entre les phtalates longs et les phtalates courts n’est pas encore bien comprise par le grand public et les médias (...) Les autorités de réglementation sont, de leur côté, bien conscientes de ces différences. C'est pourquoi les phtalates longs sont considérés par les autorités européennes comme sûrs. Il est d’une importance primordiale pour les responsables du secteur de la construction de saisir cette différence », conclut Maggie Saykali, directrice générale de l’European Council for Plasticisers and Intermediates (ECPI). 

La sûreté des phtalates longs ayant été démontrée, et le PVC souple présentant de nombreux avantages dans le domaine de la construction, l’industrie est assurée de très bonnes perspectives d’utilisation du PVC par les architectes et les constructeurs partout dans le monde.

Maggie Saykali

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