ConnexionS'abonner
Fermer

Un monument aiguille à l’étrange goût d’héroïne

Publié le 10 février 2003

Partager : 

Pour marquer le passage au troisième millénaire la ville de Dublin édifie un monument en forme d’aiguille géante financé… avec l’argent confisqué aux trafiquants de drogue.
Un monument aiguille à l’étrange goût d’héroïne - Batiweb
L’affaire fait grand bruit en Irlande. L’architecte anglais Ian Ritchie termine actuellement pour le compte de la ville de Dublin la construction d’un monument symbolisant le passage au troisième millénaire. Cet ouvrage imposant a la forme d’une grande aiguille de 120 mètres de haut. Avec une base au sol de 3 mètres, le cône d’acier se termine par une pointe percée d’un diamètre inférieur à 50 cm, conçue en une fibre optique afin de diffuser de la lumière. Cet obélisque moderne est réalisé à partir de cônes d’acier inoxydable emboîtés et mobiles. Leur assemblage laisse la place à un mouvement à 180° et forme entre eux un effet d’amortissement. En effet, cet empilement souple doit permettre à l’aiguille de s’incliner au gré des vents dominants, à partir des sections situées au-delà d’une hauteur de 60 mètres. L’aiguille se veut le symbole triomphant du dynamisme des Irlandais entre le XIXéme siècle et le troisième millénaire. Son inclinaison sous le vent démontre la puissante faculté d’adaptation et l’heureuse nature des hommes et des femmes de Dublin. Un balancement qui en quelque sorte, à l’instar du roseau de la fable, renforce l’être faussement fragile qui sait plier mais ne rompt jamais. Quant au sommet, dont la lumière est visible dès l’approche de la baie de Dublin, il peut selon son concepteur, être vu par temps clair des côtes du Pays de Galles. L’aiguille est un symbole récurent dans la culture irlandaise. L’entrée dans la baie de Dublin a d’ailleurs longtemps été comparée à cause d’une petite île, au passage dans le chat d’une aiguille. Ce n’est donc pas tant la nature du monument qui provoque aujourd’hui une polémique mais son mode de financement. De fait, cet ouvrage imaginé par la municipalité, dès la fin des années 90, n’avait pu être érigé faute des finances nécessaires. Ce n’est que très récemment que la ville a enfin trouvé les ressources suffisantes. Celles-ci proviendraient pour une part du produit du Loto irlandais et pour une autre part de sommes très importantes saisies lors de l’arrestation d’un important trafiquant d’héroïne. Le rapprochement entre le « monument aiguille » de la rue O’Connell et l’argent des trafiquants d’héroïne pour lesquels les aiguilles, loin d’un symbole, sont une source de profit aussi vaste que destructrice, semble gêner de nombreux habitants de la capitale irlandaise. Des Irlandais qui comme chacun sait n’ont pas pour habitude de badiner avec ce qui touche à la morale ou aux symboles…

bloqueur de pub détecté sur votre navigateur

Les articles et les contenus de Batiweb sont rédigés par des journalistes et rédacteurs spécialisés. La publicité est une source de revenus essentielle pour nous permettre de vous proposer du contenu de qualité et accessible gratuitement. Merci pour votre compréhension.