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Bâtiments éducatifs : les certifications progressent à un rythme soutenu

Publié le 19 janvier 2021

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INTERVIEW – 463, c’est le nombre de bâtiments d’enseignement bénéficiant à ce jour de la certification HQE. Ces bâtiments, localisés dans 208 villes en France, ont été distingués pour leurs performances en matière de sobriété énergétique. Alors que le plan France Relance prévoit un investissement de 4 mds d’euros en faveur de la rénovation énergétique des bâtiments publics, la tendance devrait s’intensifier. Patrick Nossent, président de Certivéa, revient pour Batiweb, sur les actions menées par les collectivités, et les enjeux en cours et à venir.
Bâtiments éducatifs : les certifications progressent à un rythme soutenu - Batiweb

Certivéa vient de dévoiler la cartographie des établissements scolaires certifiés ou labellisés en développement durable en France. Depuis 2005, ils sont au nombre de 463 bâtiments (crèches, écoles, lycées, universités, centres de formations, etc.) des secteurs public et privé. Les villes entre 10 000 et 50 000 habitants se veulent les plus dynamiques, représentant à elles seules 50% des projets d’établissements certifiés ou labellisés par les collectivités. L’Ile-de-France, les Pays de la Loire et le Grand Est sont les régions les plus engagées. Quant aux départements, se distinguent le Nord, le Val de Marne et la Seine Maritime. 

Patrick Nossent, Président de Certivéa, nous explique que la croissance de la certification HQE, depuis sa création il y a 15 ans, a été « régulière et continue ». « Ça a été plus vite dans le secteur privé, notamment dans le secteur des bureaux, parce que le marché en quelque sorte, s’est emparé de la HQE comme un outil place, qui permet vraiment de sécuriser les transactions, de valoriser des actifs par rapport à des financeurs, ou de rendre un bâtiment attractif vis-à-vis d’un preneur ».

Dans le secteur public, les choses pourraient bien s’accélérer grâce notamment au plan France Relance, qui prévoit un investissement de 4 milliards d’euros pour la rénovation énergétique des bâtiments publics. A noter que les bâtiments éducatifs composent la moitié de ce parc et sont donc visés par ce programme. Si les ambitions sont là, « la rénovation énergétique ne répondra pas à elle seule aux grands défis auxquels nous faisons face (…). ». 

Patrick Nossent estime la « rénovation globale », comme l’élément clé pour atteindre les objectifs fixés par l’État, une rénovation qui peut se faire par étapes si nécessaire. « Tout simplement changer des fenêtres, l’éclairage ou le système de chauffage sans vision globale, nous paraît moins efficace ». 

Prendre en compte l’environnement et bien plus 

Penser global, c’est également prendre les aspects environnementaux au sens large. « Nous savons que le bâtiment a un impact sur la capacité d’apprentissage des élèves. La qualité de l’air, est un grand classique de la rénovation, particulièrement dans les bâtiments d’enseignement. Il ne faut pas oublier de traiter une bonne ventilation, en même temps qu’on fait des travaux d’efficacité énergétique ». Il cite également l’importance des ambiances lumineuses, « que ce soit en favorisant la lumière naturelle, ou en mettant des systèmes d’éclairage efficaces, notamment les LED », et enfin, l’acoustique. « Là, il y a moins d’interaction avec la partie énergétique, mais ça nous paraît important de le faire ». 

Ainsi, outre l’efficacité énergétique, il est indispensable de prendre en compte les aspects de santé et sécurité (QAI, limitation des polluants intérieurs, qualité de l’eau…), sans oublier le confort d’été… sous contrainte climatique ! Les canicules vont aller en augmentant (intensité et fréquence). Il appelle à la prise en compte de ce paramètre dans la rénovation pour éviter de devoir climatiser demain des bâtiments qui n’ont pas été conçus pour. « On risque de perdre en efficacité énergétique ce qu’on a gagné par la rénovation ».  

Accompagner toute la chaine

Patrick Nossent rappelle le caractère exceptionnel du plan France Relance, avec des fonds d’un montant alloué à la rénovation là encore inédit. « On ne peut pas dire aujourd’hui qu’il n’y a pas de financements disponibles. Cet argument financier qui existait auparavant est grandement levé. Les pouvoirs publics ont mis beaucoup d’argent sur la table, notamment fléchés sur les bâtiments publics, et notamment ceux des collectivités et particulièrement les bâtiments d’enseignement. Il y a aussi des financements par les banques, des tiers financeurs. L’argent est là, maintenant ce sont aux collectivités d’être à la hauteur des ambitions de France Relance ». 

Quant au secteur ? Est-il prêt à relever les défis ? Comment anticiper les évolutions à venir, et notamment le décret tertiaire ? Les professionnels de la construction « sont prêts », dit-il, soulignant une nouvelle fois que « c’est la commande, et donc les collectivités qu’il faut convaincre de la nécessité de prendre les choses globalement ». « Elles ont une responsabilité pour la réussite des élèves » ainsi que pour « l’atténuation et l’adaptation au changement climatique des bâtiments publics ». 

« Le décret tertiaire ne vise qu’une trajectoire énergétique et non pas tous les objectifs que j’ai rappelés », poursuit-il. C’est une trajectoire « ambitieuse mais qui est tout à fait faisable. On certifie nous des bâtiments à la fois neufs, rénovés mais aussi en exploitation, et donc en actionnant tous les leviers qui sont proposés par le décret tertiaire, c’est-à-dire à la fois des rénovations, mais aussi une meilleure exploitation et une meilleure utilisation, c’est tout à fait atteignable ». « Là aussi, il faut prendre en compte la situation. Si le bâtiment est déjà efficace énergétiquement, ce n’est pas forcément rentable de s’engager dans une rénovation, parce qu’un euro investi dans une passoire thermique, ce sera plus efficace qu’un euro investi dans un bâtiment qui est déjà performant ». 

Parmi les gestes à entreprendre : améliorer la qualité de l’exploitation via « une meilleure maintenance, un meilleur pilotage des installations », et par des « écogestes », c’est-à-dire par des consignes appliquées par les utilisateurs. « Nous avons vu que c’était extrêmement efficace pour peu qu’on identifie bien sûr, par un diagnostic, quels leviers actionner en priorité ». 

En 2021, Certivéa va poursuivre sa mission d’accompagnement. Un des gros chantiers, le numérique, et plus précisément le « numérique responsable ». Si le numérique consomme de l’énergie, peut avoir des conséquences sanitaires (ondes électromagnétiques), et présenter des risques (cyberattaques, impact sur la protection des données personnelles), des parades existent. Le numérique responsable a effet positif sur l’environnement, « parce qu’il participe à l’efficacité énergétique par exemple, et parce qu’on rationnalise l’utilisation d’équipements, on les mutualise ». « Nous plaidons pour des réseaux mutualisés, et avec une interopérabilité des fonctions, pour qu’on ne câble pas les bâtiments dix fois. C’est ce qu’on appelle le réseau smart du bâtiment ». Un principe détaillé dans le référentiel R2S qui propose de réconcilier le numérique avec des services, et qui s’est récemment enrichi pour valoriser les bâtiments flexibles, et les services rendus en matière d’efficacité énergétique, à travers le label R2S-4GRIDS. Les détails sont à retrouver sur Batiweb. 

Propos recueillis par Rose Colombel
 

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