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La RE2020 entrera finalement en vigueur au 1er janvier 2022

Publié le 18 février 2021

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Soulagement pour les professionnels du bâtiment : la Réglementation Environnementale 2020 (RE2020), qui devait être mise en œuvre au 1er juillet 2021, a de nouveau été décalée de 6 mois. Sa mise en application ne devrait ainsi pas intervenir avant le 1er janvier 2022. La ministre chargée du Logement a en effet annoncé un report et des « assouplissements » ce jeudi 18 février à l'occasion d'une conférence de presse. Malgré ces annonces, des inquiétudes persistent, notamment en termes de mixité des matériaux, ou encore de soutenabilité financière en raison des surcoûts.
La RE2020 entrera finalement en vigueur au 1er janvier 2022 - Batiweb

En discussions depuis 2018, la Réglementation Environnementale 2020 (RE2020) qui doit venir remplacer la Réglementation Thermique 2012 (RT2012) a une nouvelle fois été repoussée ce jeudi 18 février.

 

Il y a presqu'un an, elle avait déjà été décalée au 1er juillet 2021 en raison de la crise sanitaire. Les professionnels du bâtiment, qui ne s'estimaient toujours pas prêts pour l'été prochain, ont finalement obtenu gain de cause ce jeudi 18 janvier : la ministre chargée du Logement Emmanuelle Wargon a en effet annoncé que les textes seraient bien publiés d'ici la fin du premier semestre 2021, mais que la RE2020 ne devrait être mise en œuvre qu'à partir du 1er janvier 2022. 

 

Plusieurs « assouplissements »

 

« J'ai accepté un assouplissement des délais, que je juge tout à fait nécessaire », a expliqué la ministre en conférence de presse, à l'issue d'une nouvelle concertation avec les principales fédérations du bâtiment. « La date d'entrée en vigueur est au 1er janvier 2022, ce qui décale d'autant les différents jalons qui sont maintenant en 2025, 2028 et 2031. Cela permet que l'on stabilise les décisions d'aujourd'hui, d'avoir le temps de bien partager les données techniques, d'écrire les textes, de mener les consultations obligatoires, de les publier, et de laisser environ 6 mois entre la publication des textes et le premier jalon d'entrée en vigueur », a-t-elle précisé.

 

La ministre a aussi indiqué avoir accepté certains assouplissements temporels pour la décarbonation des réseaux de chaleur, et pour une prise en compte spécifique des fondations, « à la demande de l'Union sociale pour l'Habitat, de la Fédération Française du Bâtiment, et de la Fédération des Promoteurs Immobiliers ».

 

Emmanuelle Wargon a également annoncé la création d'un observatoire de cette RE2020, dont les données devraient être régulièrement publiées, et une clause de revoyure, pour permettre des ajustements nécessaires au fur et à mesure.

 

La mixité des matériaux en débat

 

La ministre est aussi revenue sur l'importance de la mixité des matériaux : « Chaque matériau a sa place », a-t-elle insisté : « C'est vrai pour les matériaux biosourcés comme le bois, mais aussi pour des matériaux plus classiques comme le béton, l'acier, la brique ou la tuile, qui sont chacun dans une stratégie de décarbonation, et pour lesquels il sera toujours possible de construire, même en 2031, sous réserve que les engagements des industriels soient tenus ».

 

La filière des matériaux de construction a toutefois réagi dans la foulée, déplorant le maintien de l'analyse du cycle de vie (ACV) dynamique simplifiée, et dénonçant un avantage donné au biosourcé aux dépens des autres matériaux : « Cette décision, qui constitue un véritable frein aux engagements pris et aux nombreux projets d’investissements déjà en cours pour décarboner les secteurs industriels, représente également un risque de délocalisation, fragilise de nombreuses entreprises, et en particulier des PME, et s’inscrit en totale contradiction avec le plan de relance du gouvernement », a-t-elle déploré dans un communiqué.

 

Des inquiétudes concernant la soutenabilité financière

 

Parmi les invités présents lors de cette conférence, Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union Sociale de l'Habitat, a de son côté appelé à ne pas imposer une réglementation « technocratique » au détriment des habitants de ces futurs logements. Elle s'est également inquiétée de la viabilité financière, alors même que le gouvernement demande d'accélérer sur la construction de logements « très sociaux ».

 

Ce à quoi Emmanuelle Wargon a répondu que cette réglementation se ferait au contraire au profit des occupants des logements, avec pour la première fois la prise en compte de la notion de « confort d'été ». La ministre a précisé que l'ambition était de produire des logements de qualité, sans avoir à « transiger entre le prix et la qualité ».

 

Alexis Rouque, délégué général de la FPI, a pour sa part souligné que le plus compliqué restait à venir, et s'est inquiété de la question de l'artificialisation des sols, risquant de faire monter les prix du foncier. Il a toutefois reconnu que ces nouveaux défis environnementaux permettraient d'attirer de jeunes talents, plus sensibilisés à ces enjeux.

 

3 à 4 % de surcoûts immédiats ?

 

Le ministère de la Transition écologique a par ailleurs précisé qu'il estimait les surcoûts immédiats entre 3 et 4 %, et à environ 10 % d'ici 10 ans. « Au moment de la mise en œuvre de la RT2012, on anticipait des surcoûts plus élevés, y compris à horizon beaucoup plus court. De fait, des rapports officiels ont montré que ces surcoûts ne s'étaient finalement que peu ou pas matérialisés. On compte beaucoup sur l'apprentissage et l'optimisation de la filière », a-t-il nuancé.

 

« Nous allons nous engager pour relever le challenge. Il faudra toutefois s’assurer de mesures d’accompagnement suffisantes pour permettre à nos clients de supporter les surcoûts associés à cette nouvelle marche et à nos entreprises de se structurer, se former et s’équiper en conséquence », a de son côté réagit Olivier Salleron, président de la FFB.

 

Claire Lemonnier

Photo de une : Adobe Stock

 

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