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Déçue par le plan de relance pour le BTP, la Capeb soumet ses propres solutions

Publié le 17 juin 2020

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Il y a une semaine, le gouvernement dévoilait ses propositions pour relancer le secteur du BTP à travers la troisième version du projet de loi finances rectificative (PLFR 3). Jugeant les annonces insuffisantes, la Capeb a décidé de prendre les choses en mains et présente aux parlementaires les mesures qu’elle juge indispensables.
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Dès le début de l’épidémie, le secteur du BTP, représenté par ses principales fédérations, avait le sentiment de ne pas s’en sortir indemne. La reprise des chantiers, plus lente que prévu, confirme cette appréhension : Julien Denormandie annonçait ainsi ce 17 juin que 93 % des chantiers avaient repris, alors que le ministre prévoyait une reprise totale dès fin mai. Même une fois les chantiers repris, les difficultés sur le terrain s'accumulent, entre les surcoûts impliqués par les mesures sanitaires et la complexité à faire respecter les gestes barrières.

 

Mercredi dernier, le gouvernement annonçait son plan pour accompagner les entreprises du BTP dans la reprise de leur activité, dans le cadre de la troisième version du projet de loi finances rectificative. Mais, pour les principales fédérations que sont la FFB, la FNTP et la Capeb, ce plan s'est révélé particulièrement décevant par rapport aux effets d'annonces.

 

Selon la Capeb, il n'est « pas à la hauteur de la situation d’urgence » car il ne mentionne ni les surcoûts ni les mesures d’exonération de cotisations et de contributions sociales. La Capeb présente donc aux parlementaires français six propositions « au plus proche du terrain, afin de déverrouiller certains obstacles à la reprise totale de l’activité »

 

« La situation est grave : nous faisons face à de très fortes contraintes de trésorerie et nous devons nous organiser pour accroitre progressivement notre niveau d’activité, notamment en ce qui concerne les chantiers les plus complexes. N’oublions pas que notre secteur représente 6,4 % de l’emploi et 5 % de la valeur ajoutée en France et qu’il offre, au redémarrage de l’économie nationale, de puissants effets d’entraînement ! », souligne Patrick Liébus, président de la Capeb, pour rappeler l'importance du secteur du bâtiment dans l'économie française.

 

Ce plan mentionne peu la questions des surcoûts, qui sont pourtant estimés par la Capeb de l’ordre de 10 à 20 % des travaux sur site pour la seule rénovation de logements. Ces surcoûts s'expliquent notamment par la réorganisation des chantiers, principalement en cas de co-activité, pour les transports des salariés, la désinfection des surfaces, la gestion des déchets, le réaménagement des bases de vie, des vestiaires et tous les lieux communs aux salariés. Autant de mesures qui impactent lourdement la productivité.

 

La directive envisagée par le gouvernement concernant ces surcoûts consiste en une renégociation des contrats afin de les prendre en partie en charge. Une mesure qui laisse les entreprises du BTP seules face à leurs problèmes car ces négociations n’aboutiront pas obligatoirement à la prise en charge systématique de ces frais. La Capeb demande donc des dispositions compensatoires pour alléger ces factures grandissantes.

 

Ce n’est pas le seul regret qu’exprime la confédération. Dans toutes ces annonces, le gouvernement n’a pas hésité à annoncer l’exonération de cotisations et contributions sociales et des reports de dettes pour de nombreux secteurs, ceux considérés comme les plus touchés par la crise. Ces dispositifs sont accordés au secteur du tourisme, de l’hôtellerie, de la restauration, de la culture, de l’événementiel, du sport, du commerce de détail non alimentaire, et de toutes les filières qui dépendent de ces secteurs. Le BTP n'est quant à lui pas mentionné. Mais les fédérations l’affirment : le secteur aurait lui aussi besoin de ces mesures étant donné l’arrêt brutal des chantiers et face aux refus de certains particuliers de procéder aux travaux pendant l’épidémie (ces travaux représentent 87 % de l’activité du secteur). La Capeb demande donc l’extension de ces mesures exceptionnelles au secteur du bâtiment et des travaux publics

 

Les propositions de la Capeb pour revaloriser le plan de relance

 

Parmi les six propositions pour la relance, la Capeb propose en premier lieu le paiement direct à l’entreprise de l’avance et du solde des aides aux travaux (comme MaPrimeRénov’, les aides de l’Anah et d’Action Logement) pour renforcer la trésorerie des entreprises. Pour pérenniser l’économie de ces entreprises, elle demande également d’anticiper le versement des primes CEE aux clients, afin d’accélérer les règlements envers les entreprises.

 

Pour relancer l’activité, la Capeb demande l’autorisation pour les collectivités territoriales de supprimer les droits de trottoirs et les droits au stationnement pour les véhicules professionnels. Afin de rattraper le retard accumulé depuis l’arrêt des chantiers au mois de mars, la confédération souhaite aussi mettre en place des échafaudages ou des bennes durant les mois d’été - alors que la période estivale interdit la plupart des travaux -, et accroître les rénovations en dérogeant au PLU (Plan Local d’Urbanisme). 

 

Les Capeb départementales auront pour mission de promouvoir ces six propositions auprès des parlementaires. La fédération espère ainsi convaincre et faire revoir le plan de relance défini par le gouvernement. 

 

J.B

Photo de une ©Adobe Stock 

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