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Nucléaire : l’Autorité environnementale pointe les zones d’ombre des futurs EPR2 de Penly

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Publié le 23 octobre 2025, mis à jour le 23 octobre 2025 à 11h25, par Batiweb Rédaction


L’Autorité environnementale critique les futurs EPR2 de Penly, pointant des risques écologiques, climatiques et un manque de transparence d’EDF.
Nucléaire : l’Autorité environnementale pointe les zones d’ombre des futurs EPR2 de Penly - Batiweb

Un avis sévère sur un projet majeur

Le chantier de deux nouveaux réacteurs nucléaires EPR2 à Penly (Seine-Maritime) fait déjà parler de lui. Dans un rapport rendu public le 15 octobre, l’Autorité environnementale (Ae) émet de sérieuses réserves sur les impacts du projet porté par EDF.

L’instance indépendante estime que plusieurs risques restent “insuffisamment étudiés” : submersion marine, rejets chimiques, destruction d’habitats, démantèlement et coûts futurs.

Climat et littoral : un site sous surveillance

Les réacteurs de 1 670 MW doivent être construits en bord de Manche, sur un site exposé à l’érosion. Or, selon l’Ae, EDF n’intègre pas assez les effets du dérèglement climatique, notamment la montée des eaux et la fréquence accrue des tempêtes.

Le rapport pointe un risque réel de submersion partielle du chantier à long terme. Une critique déjà formulée lors des précédentes consultations publiques sur la relance du programme nucléaire.

Pollution marine et santé publique

Autre point de friction : les rejets en mer.

Les experts estiment qu’EDF n’a pas évalué les émissions à l’échelle globale de la centrale, ce qui empêche de garantir le respect des seuils réglementaires.

« Il n’est pas possible d’affirmer qu’il n’y aura pas d’impact significatif sur la santé humaine », écrit l’Ae.

Le rapport évoque aussi la destruction d’habitats marins sensibles — sans compensation écologique jugée suffisante — et un manque de données sur la toxicité des rejets.

Pour les professionnels du littoral, ces constats rappellent la fragilité des zones côtières et la nécessité d’anticiper les effets climatiques.

Transparence limitée

L’Autorité environnementale regrette que plusieurs documents de sûreté aient été partiellement censurés par EDF pour des raisons de sécurité.

Les experts n’ont pas pu analyser certaines sections techniques essentielles, une pratique jugée “au-delà des prescriptions réglementaires”.

Un manque de transparence qui interroge alors que le chantier est déjà partiellement engagé : une autorisation environnementale a été accordée en juin 2024 pour les travaux préparatoires.

Un coût de démantèlement non chiffré

Dernier angle mort relevé par le rapport : aucune estimation claire du coût du démantèlement ni de la gestion des déchets.

Une omission sensible pour un projet dont la durée de vie dépasse 60 ans et qui mobilisera plusieurs milliers d’emplois directs et indirects.

Pour l’Ae, ces provisions financières devraient être établies dès la phase de conception, au même titre que les évaluations environnementales.

EDF défend son approche

Contacté par l’AFP, EDF affirme avoir intégré le changement climatique à la conception des EPR2 et rappelle que “la protection de l’environnement est une priorité”.

L’énergéticien indique qu’il répondra point par point aux remarques de l’Ae dans le cadre de l’enquête publique prévue en 2026.

Ce que cela change pour le BTP

Ce dossier illustre la complexité croissante des grands chantiers industriels :

  • Les études environnementales deviennent un préalable incontournable ;
  • Les entreprises de génie civil doivent anticiper les contraintes littorales et les mesures compensatoires
  • Les maîtres d’œuvre et sous-traitants sont désormais confrontés à des exigences de transparence inédites

Deux acteurs majeurs du secteur sont déjà positionnés sur ces infrastructures :

  • Vinci Construction, impliqué dans la phase de terrassement et le génie civil nucléaire
  • Bouygues Travaux Publics, partenaire d’EDF sur l’EPR de Flamanville, également candidat sur Penly

Un signal pour toute la filière

La relance nucléaire française s’accompagne d’une surveillance environnementale renforcée.

Entre contraintes réglementaires et impératifs énergétiques, les prochains mois seront décisifs : l’enquête publique de 2026 devra trancher entre urgence énergétique et exigence écologique.

Pour le BTP, cette vigilance pourrait bien devenir la nouvelle norme des grands chantiers.

 

Par Camille DECAMBU
Photo à la une : BK

 

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