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Défaillances d’entreprises : la construction dépasse les moyennes globales

Publié le 25 octobre 2023

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Près de 11 000 défaillances d’entreprises ont été observées au troisième trimestre 2023, selon la dernière conjoncture Altares. Soit moins qu’au trimestre précédent. Cependant, avec 2 643 défauts déclarés, la construction commence à surpasser les moyennes globales.
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Au troisième trimestre 2023, 10 979 entreprises sont tombées en défaillance, plus précisément entre le 1er juillet et le 30 septembre 2023, selon le cabinet Altares. Soit une baisse comparé au second trimestre 2023 (13 266, -20,8 %), mais une augmentation par rapport au T3 2022 (+23 %).

« Depuis le début de l’année 2023, sur 9 mois glissés, la France enregistre 41 000 défaillances, soit une moyenne de 4 550 défauts chaque mois. Un niveau attendu, qui nous projette aux environs des 55 000 procédures en fin d’année, après un dernier trimestre qui devrait confirmer la décélération observée cet été », ajoute Thierry Millon, directeur des études Altares dans la note de conjoncture. 

« Depuis début 2022, le nombre de défaillances bondissait en moyenne de 47 % chaque trimestre. Un taux aussi élevé sur une si longue période est inédit, mais rappelons qu’en 2021, les défauts étaient aussi au plus bas depuis 35 ans », abonde-t-il. 

Les liquidations judiciaires concentrent 72 % des jugements prononcés

 

Dans le détail, 7 883 liquidations judiciaires ont été enregistrées, dépassant les chiffres de l’été 2016 (7 850). Il n’augmente toutefois que de 19 %. Une augmentation modérée, surtout comparée à l’envolée observée durant l’été 2022 (+70 %). 

« 72 % des jugements prononcés sont des liquidations judiciaires, un taux très élevé qui confirme la grande faiblesse financière dans laquelle se trouvent ces entreprises. Ce taux de liquidation, inversement proportionnel à la taille de l’entreprise, grimpe à plus de 75 % chez les plus petites structures et descend à 10 % pour les plus grandes. Ces dernières, mieux armées pour piloter leur activité peuvent davantage prévenir le risque. Le temps, et donc l’anticipation, est en effet un facteur essentiel d’une réorganisation réussie mais les plus petites, très sensibles au retournement conjoncturel et en manque de financement, se retrouvent trop vite sous la ligne de flottaison », précise Thierry Millon.

En parallèle, 2,5 % des procédures durant l’été 2023 sont des sauvegardes (278), en hausse de 21 % ce trimestre.


Les PME et ETI particulièrement vulnérables

 

« Les PME-ETI suscitent toutefois une attention particulière. Très fragilisées dès 2022, elles représentent désormais 8,2 % des défauts. C’est 2 % de plus qu’en été 2019 et c’est aussi le taux le plus élevé depuis la crise financière. Dans ces conditions, le nombre d’emplois menacés au 3ème trimestre repasse la barre des 37 000 pour la première fois depuis sept ans», poursuit Thierry Millon.

On relève d’un autre côté une augmentation des défaillances d’entreprises chez les TPE (+22 %), mais de 10 points inférieure que chez les PME-ETI (+32 %). Les TPE représentent quand même 92 % des entreprises en défaut (10 080). « Parmi ces entreprises, les plus petites comptant moins de trois salariés résistent mieux avec une hausse des défauts de 18 %, sous la moyenne globale de +23 % », lit-on dans la conjoncture Altares. 

À noter également que les très jeunes entreprises - fondées il y a trois ans - sont en souffrance, avec près de 1 700 sociétés nées en 2021 tombées en défaillance au T3 2023. Soit +32 % sur un an. « Particulièrement fragiles, 81 % d’entre elles ont été immédiatement liquidées », mentionne Altares. Les entreprises d’entre 5 et 10 ans sont autant en difficultés (+31 %).

Les jeunes entreprises - d’entre 3 et 5 ans - se montrent plus résilientes, car 3 175 ont fait défaut. Ce qui revient à 13 % en plus qu’un an plus tôt. « Cette performance s’accompagne également de meilleures perspectives de rebond puisque le nombre de liquidations judiciaires n’augmente que de 9 % à la faveur de redressements judiciaires en hausse de 24 % », est-il mentionné. 

Du souci pour la construction ? 

 

Alors qu’au 1er semestre, le bâtiment semblait le plus à jour sur ses paiements, en Europe comme en France, Altares remarque une tendance supérieure dans la construction au 3ème trimestre, par rapport aux moyennes globales. Dans la construction, les défaillances sont dénombrées à 2 643. Elles grimpent de 28 % et représentent près d'un quart des défaillances.

Une progression similaire dans le second œuvre, où 1 360 défauts ont été enregistrés. Pendant ce temps, dans le gros œuvre, les chiffres sont en dessous du référentiel avant Covid-19, avec 758 contre 820. « La construction de maisons individuelles retrouve son niveau de l’été 2019 tandis que la maçonnerie générale s’en approche », précise Altares. 

Pour ce qui est des travaux publics, le nombre de défaillances d’entreprises s’élève à 141 (+25 %), entrainés par les travaux de terrassement, où les défaillances « sont au plus haut depuis l’été 2015 ».

Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock

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