Feu vert pour la scission de la branche nord-américaine de Holcim

La branche nord-américaine du cimentier suisse Holcim va désormais être gérée de manière distincte. La scission, qui doit se faire par le biais d’un dividende en nature, a été approuvée par 99,75 % des voix, contre 0,17 % de voix contre et 0,08 % d'abstention lors de l’assemblée générale annuelle à Zoug, où 992 actionnaires avaient fait le déplacement.
Dans les documents remis aux actionnaires, le groupe avait dit vouloir procéder à cette mise en Bourse durant le mois de juin.
Renommée Amrize, la branche nord-américaine doit être cotée à la Bourse de New York, mais une cotation supplémentaire a également été prévue à la Bourse suisse. Son siège opérationnel posera ses valises à Chicago, mais la branche sera enregistrée à Zoug, canton suisse connu pour sa fiscalité avantageuse pour les entreprises et où se trouve le siège de Holcim.
Ce dividende en nature signifie que les actionnaires de Holcim recevront une action Amrize pour une action Holcim.
Un bénéfice net de 1,3 milliard d’euros sur le continent nord américain
L’annonce de ce projet de scission avait été faite en janvier 2024. Bâtie à force d’acquisitions, cette branche a connu une forte expansion, portée notamment par les grands projets d’infrastructures et la demande pour la construction de centres de données.
Aux États-Unis et au Canada, Amrize a dégagé un bénéfice net de 1,3 milliard de dollars (1,1 milliard d’euros) en 2024, pour 11,7 milliards de chiffre d’affaires (10,4 milliards d’euros). Elle emploie 19 000 personnes et dispose de 1 000 sites aux États-Unis et au Canada.
Des manquements d’un point de vue environnemental
L’organisation actionnariale Actares a dit soutenir ce projet de scission, tout comme la fondation Ethos, qui représente des caisses de retraite en Suisse. Ces deux organisations ont toutefois émis des critiques concernant les questions environnementales de la branche nord-américaine.
Il est notamment reproché à Amrize d’être « à la traîne » par rapport aux activités de Holcim en Europe, où le groupe a fait des matériaux durables un de ses axes de croissance face à la demande grandissante pour ces produits dans les nouveaux chantiers.
« Il est essentiel que Amrize soit au moins aussi ambitieux que Holcim dans sa stratégie pour le climat », a de son côté déclaré Vincent Kaufmann, le directeur de la fondation Ethos lors d’une allocution à la tribune.
En amont de l’assemblée générale, Actares avait appelé Amrize à « reprendre les ambitions climatiques de Holcim », notamment en déclarant « un objectif net zéro », c’est-à-dire visant la neutralité carbone, et en élaborant « une feuille de route, avec des objectifs intermédiaires validés en externe ».
L’organisation actionnariale avait relevé qu’en Amérique du Nord, le groupe compte actuellement « peu de projets » dans le captage et le stockage du CO2, alors que cette technologie joue pourtant un « rôle central » dans la stratégie de Holcim pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
Par Jérémy Leduc
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