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L’activité de la construction métallique croît de 6,5 %

Publié le 19 octobre 2021

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Présidé par Roger Briand, le Syndicat Français de la Construction Métallique (SMCF), qui fédère plus de 800 entreprises françaises pour 15 000 personnes, présentait ce mardi, son bilan conjoncturel de la filière. L’occasion de revenir aussi sur ses impressions concernant les pénuries de main d’œuvre et de matériaux, tout comme les réglementations environnementales.
L’activité de la construction métallique croît de 6,5 % - Batiweb

A l’image de la construction globale, la construction métallique continue de renouer avec ses niveaux d’avant-crise en 2021. Tel est le bilan du Syndicat Français de la Construction Métallique (SMCF), livré ce mardi 19 octobre. Ainsi, l’année 2020, marquée par la pandémie, laisse place à une production annuelle de 2021 de 775 000 tonnes, soit une croissance d’un peu plus de 6,5 % en marché intérieur. 

Une activité toujours portée par la demande du privé
 

Une performance liée à la construction de bâtiments industriels, dont le marché est représenté à 78 % par la construction métallique, qui lui doit en 2020 61,41 % de son tonnage. Lorsque leur capacité de production atteint les 80 %, comme cette année (79,1 %), les industriels investiraient davantage dans leur structure de travail.

 

 Taux des capacités de production - Source : SMCF

Source : SMCF

Ainsi, au total, le tonnage de commandes reçues frôle les 15 000 en août 2021, contre à peine 10 000 en août 2019. « Les constructeurs métalliques envisagent l’avenir avec sérénité pour les six premiers mois de 2022 et ce grâce à des carnets de commandes bien remplis et des consultations nombreuses en cette fin d’année. Il reste à espérer que les prix des matières premières se stabilisent, pour permettre la reconstitution des marges des entreprises », estime Roger Briand.

Tonnage des commandes reçues de août 2019 à août 2021 - Source : SMCF

Source : SMCF

Et ce en incluant l’agroalimentaire, seconde branche du marché de la construction métallique (13,43 %), tout comme des bâtiments commerciaux, logistiques et de distributions. Ce dernier secteur s’est bien développé, avec l'évolution de l’e-commerce, sans aucun doute boosté par les confinements. Bien que le métallique ne soit pas la solution principale pour la construction d’entrepôts logistiques, il s’impose pour les entrepôts de 2 000 à 5 000 m2. 

Nature d'ouvrage des constructions métalliques - ​​​​​​​Source : SMCF

​​​​​​​Source : SMCF

Même si elle est plus rare, la commande publique des constructions métalliques soutient le secteur, avec le développement futur des lignes 16 et 17 du Grand Paris ou les installations des Jeux Olympiques Paris 2024. D’autant que certains ouvrages réalisés ces dernières années ont fait la part belle au métal, tels que la gare de Rennes, achevée en 2019.

La menace des pénuries de main d’œuvre et de matériaux plane toujours
 

 « Force est de constater qu’aujourd’hui, si le volume d’activité est présent, les marges sont impactées par les augmentations de prix de l’acier », nuance toutefois le président de la SMCF. Afin d’alléger les conséquences de la crise des matériaux, la SMCF a eu gain de cause auprès du ministère de l’industrie. Cette dernière a ainsi diffusé une circulaire de recommandations de bienveillance des acheteurs publics. Ainsi, certaines entreprises ont ainsi obtenu des actualisations de prix et des suppressions de pénalités de retard. 

Côté marché privé, les clients du syndicat peuvent faire valoir l’article 1195 du Code civil, relatif à la clause de l’imprévision. « Dans quelques cas, cela a permis d’ouvrir la discussion avec les maîtres d’ouvrage et d’obtenir de petites compensations », raconte Roger Briand. Un soulagement pour les entreprises de construction métallique, constituées essentiellement de PME ou des ETI familiales. Elles baigneraient toujours dans l’attente d’une baisse des prix, qui s’amorçait de 3-5 % en septembre dernier.

Par ailleurs, elles souffrent de la pénurie de main-d’œuvre, préexistante à la crise sanitaire et dans nombreux postes de la filière : ingénieurs, techniciens supérieurs, opérateurs sur machines à commande numérique, conducteurs de travaux, dessinateurs… Étudiants comme chercheurs d’emploi ont, d’après le SCMF, un aperçu limité de la diversité de métiers, associé à la sidérurgie. 

D’où la nécessité pour le syndicat d’intervenir auprès des collèges et lycées, avec l’association pour le développement des formations de la construction métallique. Une opération séduction qui tend à montrer la modernisation en cours du secteur, entre l’automatisation des lignes de fabrication des ateliers constructeurs, tout comme la numérisation et la robotisation des sites industriels. Objectif ? Recruter 25 000 talents supplémentaires d'ici cinq ans.

RE2020 et REP bâtiment : l’acier « exemplaire »
 

Face à la réglementation environnementale 2020 (RE2020), Roger Briand déclare la SMCF et la profession représentée « en accord avec la nécessité d’améliorer nos bilans carbones mais nous nous heurtons à un parti pris non justifié en faveur de la construction bois ». 

« L’analyse de cycle de vie (ACV) dynamique, retenue par le ministère de la transition écologique pour déterminer le bilan carbone du bois, apporte à ce matériau un avantage inéquitable et inexplicable scientifiquement. En fin de vie par combustion ou enfouissement, le matériau bois libérera l’intégralité du CO2 qu’il a emmagasiné contrairement aux indications de l’ACV dynamique », détaille-t-il. 

La méthode de calcul minore par conséquent l’impact carbone d’un produit acier, dans sa première vie, tandis que sa seconde vie, issue du réemploi, est considérée comme sans impact. Toutefois, grâce aux interventions de la SMCF en août dernier, la première lecture des textes montre que l’ACV dynamique pouvait être complétée par l’ACV Statique pour déterminer le bilan carbone de l’acier ou du béton dans celui du bâtiment. 

Côté responsabilité élargie du producteur (REP) du bâtiment, les professionnels de la construction métallique rappellent leur rôle historique en matière d’économie circulaire. Au XIXème siècle, la fabrication d’acier se faisait déjà à partir de matières recyclées. D’après la Word Steel également, l’acier serait en plus à 85 % recyclable lors d’une déconstruction ou destruction de bâtiment industriel (contre 20 % pour le béton et 13 % pour le bois). 

En revanche, le président de la SMCF, n’encourage pas forcément le bâtiment tout acier. Il se montre plutôt partisan du mixte matériel, et mettre l’acier là où il est indispensable. D’autant que le matériau contribue à la résistance mécanique du bâti, et par ses priorités magnétiques, facilite la collecte des déchets. Des atouts que la filière valorise au sein de l’éco-organisme Valobat

Et Roger Briand d’interroger : « Pourquoi sommes-nous assujettis à cette éco-contribution qui va nous conduire à financer en partie les structures et dispositifs pour traiter les autres matériaux » ? Cela explique la vigilance demandée par le président vis-à-vis de « la fabrication étrangère qui devra être soumise, comme la fabrication française, à l’éco-contribution pour nous éviter une concurrence déloyale ».

Il poursuit : « Nos seuls objectifs d’amélioration concernent la traçabilité des aciers récupérés sur les chantiers suite à une démolition. Notre profession a décidé de se déclarer « metteur sur le marché » car nous sommes des producteurs en fabricant dans nos ateliers les pièces de la structure que nous assemblons sur les chantiers comme l’assemblage pièce par pièce d’un mécano géant. Ce choix est aussi une manière de participer à la gouvernance de l’éco-organisme et de mieux défendre notre singularité ». 

Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock
 

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