ConnexionS'abonner
Fermer

La renaissance de La Samaritaine : un projet ambitieux entre histoire, luxe et innovation

Publié le 19 mars 2025

Partager : 

Après 16 ans de fermeture, La Samaritaine a rouvert ses portes en 2021, transformée, sublimée, et pourtant fidèle à son âme. Ce grand magasin, qui a vu défiler des générations de Parisiens et de touristes, s’offre une nouvelle vie grâce à un projet ambitieux signé LVMH.
La renaissance de La Samaritaine : un projet ambitieux entre histoire, luxe et innovation - Batiweb

Mais comment restaurer un monument aussi emblématique sans le dénaturer ? Comment marier le passé et l’avenir dans un écrin de 70 000 m² mêlant commerces, hôtel de luxe, bureaux et logements sociaux ? C’est le défi colossal qu’ont relevé des centaines d’artisans, d’architectes et d’ingénieurs, dans un chantier hors norme qui aura duré plus d’une décennie.

Un patrimoine parisien hors du commun

Tout commence en 1870, quand Ernest Cognacq et son épouse Marie-Louise Jaÿ ouvrent une modeste boutique près du Pont-Neuf. Inspiré par les grands magasins naissants, le couple révolutionne la vente au détail avec un concept visionnaire : des prix fixes, une offre variée et une mise en scène élégante des produits.

Au fil des décennies, La Samaritaine s’agrandit et devient un joyau architectural, façonné par deux grands noms de l’architecture :

  • Frantz Jourdain, qui lui insuffle son esprit Art Nouveau avec ses grandes verrières et sa structure métallique audacieuse.
  • Henri Sauvage, qui modernise le tout dans les années 1920 en y ajoutant une touche Art Déco, plus épurée mais tout aussi impressionnante.

À son apogée dans les années 1930, "On trouve tout à La Samaritaine" devient un slogan culte. Mais avec le temps, le monument s’essouffle. En 2005, il ferme ses portes, jugé non conforme aux normes de sécurité.

Fin d’une époque ? Non. Plutôt un nouveau départ.

Un chantier d’exception : redonner vie à un monument

Préserver l’âme du lieu

Rouvrir La Samaritaine, c’était avant tout ne pas trahir son histoire. C’est pourquoi chaque détail a été restauré avec un soin extrême :

  • Les mosaïques Art Déco et les fresques des paons ont été patiemment ravivées.
  • L’escalier monumental en fer forgé a retrouvé son éclat.
  • La grande verrière signée Eiffel, vestige du passé industriel de Paris, a été restaurée pièce par pièce.

Moderniser sans dénaturer

Mais La Samaritaine n’est pas un musée : il fallait la rendre fonctionnelle et confortable pour les visiteurs d’aujourd’hui. L’ajout de 12 ascenseurs, de nouvelles circulations et de vitrages ultra-performants ont permis d’améliorer le confort thermique et acoustique, sans sacrifier le charme de l’ancien.

Une extension audacieuse : la façade en verre de la rue de Rivoli

C’est LA touche contemporaine du projet : une immense façade en verre ondulé, imaginée par l’agence SANAA. Un pari osé, qui a fait couler beaucoup d’encre.

  • D’un côté, certains y voyaient une rupture trop brutale avec le style historique du bâtiment.
  • De l’autre, elle représente une ouverture vers la modernité, laissant passer la lumière et apportant une fluidité visuelle inédite.

Après des mois de débats, le projet a été validé. Et aujourd’hui ? Elle s’intègre naturellement au paysage urbain, prouvant que passé et futur peuvent cohabiter avec élégance.

Une rénovation respectueuse de l’environnement

Restaurer un bâtiment historique est une chose. Le faire en réduisant son empreinte carbone, c’en est une autre. La Samaritaine a relevé ce défi en misant sur :

  • Une isolation thermique renforcée, avec des vitrages performants.
  • Un système de chauffage et de climatisation utilisant l’eau de la Seine, limitant la consommation énergétique.
  • Des éclairages LED intelligents, pour éviter le gaspillage.
  • Des toits végétalisés, permettant de récupérer l’eau de pluie.

Résultat ? Une certification HQE et BREEAM (niveau Excellent), faisant de La Samaritaine un modèle de réhabilitation durable.

Un impact majeur sur le quartier et l’économie locale

Un souffle nouveau pour le 1er arrondissement

Avec sa réouverture, La Samaritaine ne s’est pas contentée de renaître, elle a réinjecté de la vie dans tout le quartier :

  • Plus de 3 000 emplois créés, entre commerces, hôtellerie et services.
  • Une fréquentation en hausse, dopant l’économie locale.
  • Une nouvelle mixité sociale grâce aux 96 logements sociaux intégrés au projet.

Ce n’est plus seulement un temple du luxe, mais un espace hybride, où cohabitent touristes, commerçants, habitants et salariés.

Une accessibilité repensée

Un tel projet devait aussi s’intégrer intelligemment dans la ville. Pour fluidifier la circulation :

  • Un tunnel souterrain relie désormais le centre commercial au parking voisin.
  • Un accès facilité aux transports en commun, pour éviter un afflux trop massif de voitures.

L’objectif ? Faire de La Samaritaine un lieu fluide et accessible, aussi bien pour les visiteurs du monde entier que pour les Parisiens.

Un modèle de réhabilitation pour demain

Avec ce projet, LVMH a prouvé qu’il est possible de rénover un monument historique sans le figer dans le passé. La Samaritaine incarne désormais une vision moderne et durable de l’urbanisme, où se mêlent patrimoine, innovation et respect de l’environnement.

D’autres rénovations de grande ampleur pourraient s’en inspirer, à Paris comme ailleurs. Car si La Samaritaine nous apprend une chose, c’est que les bâtiments ont une âme, et qu’avec du savoir-faire, on peut leur offrir une seconde jeunesse, sans renier ce qui les rend uniques.

Après 16 ans d’absence, La Samaritaine revient plus vivante que jamais. Elle n’est plus seulement un grand magasin, mais un lieu de vie, un espace de rencontre entre le passé et l’avenir, un symbole du renouveau parisien.

L’histoire continue. Et elle est plus vibrante que jamais.

Camille Decambu

Sur le même sujet

bloqueur de pub détecté sur votre navigateur

Les articles et les contenus de Batiweb sont rédigés par des journalistes et rédacteurs spécialisés. La publicité est une source de revenus essentielle pour nous permettre de vous proposer du contenu de qualité et accessible gratuitement. Merci pour votre compréhension.