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(Diaporama) Bordeaux poursuit sa mue avec un 6ème pont

Publié le 17 juillet 2013

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Un sixième pont pour traverser la Garonne à Bordeaux est prévu pour fin 2018. Deux projets sur les cinq qui ont concouru ont été retenus : Dietmar Feichtinger et OMA. La décision finale sera prise en décembre. Le pont Jean-Jacques Bosc doit relier deux rives encore déséquilibrées dans leurs usages. Il fait le contre-point au sud du pont levant prochainement livré au nord.
(Diaporama) Bordeaux poursuit sa mue avec un 6ème pont - Batiweb

Franchir le fleuve est à Bordeaux un moment à part, une immersion dans un site d’exception. C’est toujours une expérience grandiose, pour le Bordelais comme pour le visiteur occasionnel qui embrasse d’un regard circulaire toute la façade de la ville historique façonnée au cours du 18e siècle par les Gabriel, père et fils, et les émergences qui s’en détachent.

La ville ne cesse de croître et la circulation de s’intensifier, tous modes confondus. Sans parler du trafic interrégional qui emprunte les deux grands ponts autoroutiers de la rocade aux marches de la ville. 

Déséquilibre

Le déséquilibre entre les deux rives qui caractérise Bordeaux est en voie de s’estomper sous l’action de la CUB (Communauté urbaine de Bordeaux). Depuis dix ans, le développement urbain s’est emparé de la rive gauche au débouché du Pont de pierre (ZAC de la Bastide, etc.), conforté par l’arrivée du tramway qui gagne les coteaux de Floirac.

Le déséquilibre s’atténue même si le caractère de chaque rive perdure : une rive gauche historique et urbaine (le plus grand secteur sauvegardé de France), sans autres reliefs que les émergences des monuments et de quelques tours modernes (cité administrative, etc.) ; et une rive droite “naturelle”, industrieuse et résidentielle, partagée entre les zones d’activités de la berge et les anciens villages perchés sur les collines boisées, entre-temps étoffés de cités d’habitat social.

Lien vital

La question des ponts ne pouvait que rebondir. Envisagés sinon programmés de longue date, les deux franchissements localisés au sud (amont) et au nord (aval) de la ville sont aujourd’hui en passe de devenir réalité : le pont levant implanté au nord, en aval du port (dont l’activité s’est maintenue jusqu’en 1992) et à hauteur des bassins à flot, est en bonne voie. 

Le pont urbain programmée au sud, entre Bègles et Floirac juste en amont de la ville, fait l’objet du présent concours, son programme défini par l’agence d’urbanisme de l’agglomération.

Projeté en prolongement du boulevard Jean-Jacques Bosc qui referme la ceinture de la ville historique au sud, le pont éponyme apparaît comme un lien vital entre les deux rives, en position à peine excentrée au regard de l’agglomération. Il met en relation le quartier Belcier et la barrière de Bègles au dos de la gare Saint-Jean avec le territoire de Floirac en développement sur l’autre rive.
 

L.P

Projet OMA

Clément Blanchet, qui dirige le projet d’OMA a dit: “Nous voulions donner l’expression la plus simple, la plus directe à cette fonctionnalité, la moins formelle, la moins chargée d’architecture et de technologie, d’où une solution structurelle presque primitive“.
Mais comment est-il possible d'imaginer un pont au XXIe siècle au-delà des fascinations de styles et de performances techniques ? OMA, qui est attentif aux règles de l’art dans la technique et la fonction, a essayé de repenser l'objectif fondamental d'un pont, quel serait la solution idéale pour les besoins changeants d'une ville en pleine expansion, mais en anticipant également les futurs changements des habitudes de mobilité.
"La simplicité de cette plate-forme linéaire neutre permet une plus grande diversité dans son programme; embrassant les besoins d'une ville en pleine croissance en termes d'évolutions dans les nouvelles configurations de tous les modes doux. Dans ce cas, le pont n'est pas l'«événement» dans la ville, mais une plate-forme qui peut accueillir tous les événements de la ville. Il est immédiatement intégré dans le paysage urbain, une nouvelle caractéristique classique de l'élégance qu’incarne la ville de Bordeaux", a ajouté Clément Blanchet.
 
Grâce à ses dimensions généreuses et une surface continue, le pont va devenir un nouveau symbole, il va redéfinir et renforcer le caractère urbain de ce secteur émergent de la ville. Sa pente douce permet également un accès piétonnier facile tout en conservant les hauteurs de dégagement requis. Ainsi, nous proposons un boulevard contemporaine, une plate-forme monolithique, de 44m de large et 545m de long, où chaque forme de mobilité a sa propre voie, l'un à côté de l'autre, y compris les voitures, les TCSP (tram / bus) ainsi que les bicyclettes et les piétons.
Ce nouveau pont tente d'unifier les différentes conditions des deux rives de la Garonne, la Rive Droite, strictement alignés sur une pelouse délimité par des rangées de peupliers, se référant aux paysages environnants, en vis à vis du paysage plus urbain de la rive gauche, en continuité avec le projet Belcier Saint-Jean. Il vise à résoudre le double défi de l'aura et de la performance dans un environnement chargé d'histoire.

Projet Feichtinger

S'il vise à remédier au déficit de franchissement propre à Bordeaux, le pont Jean-Jacques Bosc doit être, de par sa situation urbaine, beaucoup plus qu'un simple lien fonctionnel. Il doit accompagner et conforter le développement urbain sur les deux berges opposées, de manière paritaire mais en conservant à chacune son caractère. Il doit prendre sa place dans le paysage urbain sans dégrader l'environnement des berges et la séquence fluviale traversée. C'est plus une présence douce, un prolongement naturel, qu'un signal intempestif et une démonstration technique.

Multimodal en termes de transport, associant la voirie routière à un site propre de transport collectif et des circulations douces, le pont se présente comme un maillon urbain entre des quartiers qui se font face. 
-Quartier en partie largement constitué à l’articulation de Bègles et de Bordeaux (Belcier), sur la rive droite.
-Quartier en devenir de Floirac avec la ZAC des quais en cours de réalisation et la programmation, pour l’instant suspendue, d’un équipement majeur de nature scénique et événementielle (cf. projet Arena) couplé à un pôle commercial, sur la rive gauche. Associés par le pont, ces quartiers constituent un secteur d’avenir à proximité de la gare Saint-Jean demain “boostée” par l’achèvement de la LGV. Ouvrage fonctionnel, le pont combine toutes les circulations rencontrées en ville et prolonge l’aménagement public au contact des berges.
Franchissement stratégique, le pont s’inscrit dans la continuité de l’espace public et des aménagements propres à chaque rive. Il en poursuit les traits pour constituer une promenade urbaine distincte du franchissement routier, en balcon sur les eaux limoneuses du fleuve. Il est pensé comme le chaînon manquant de l’aménagement urbain, sans rupture dans le continuum de l’espace public. Supportant des circulations variées, son tablier doit pouvoir se prêter à diverses pratiques sociales. Polyvalent dans ses usages, le pont est également évolutif, susceptible de redistribuer son tablier et ses voies entre les différents modes de circulation et les pratiques urbaines associées.
 
Moderne, l’ouvrage projeté est métallique, courant sur l’eau d’une seule traite. Sa structure répond au principe du pont intégral réalisé d’un seul tenant, sans joint de dilatation, avec des piles encastrées et des appuis sur les culées. Du lourd et du rigide, soudé d’un bloc. Moderne, l’ouvrage projeté est monumental par sa structure de poutre à treillis révélée entre deux tabliers qui s’incurvent et se rejoignent aux extrémités. Il affirme son statut de grand pont à fort potentiel pour mieux héberger la vie urbaine et recevoir les aménagements appropriés.
 
C’est la ville qui s’avance ainsi en plateforme sur le fleuve pour trouver le pont. Les circulations douces y conduisent tout aussi naturellement que le boulevard s’y poursuit à niveau, chevauchant l’espace vert restitué de la rive.
 

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