Altarea : réservation en hausse, mais une reprise encore très encadrée

Après deux années de crise sévère sur le logement neuf, Altarea enregistre une amélioration de ses indicateurs commerciaux. Sur les six premiers mois de l’année 2025, le groupe a comptabilisé 4 610 réservations de logements, soit une hausse de 16 % par rapport au premier semestre 2024.
Ce rebond s’explique en grande partie par le retour progressif des accédants à la propriété, qui représentent 19 % des réservations. Leur part, bien que minoritaire, progresse de 30 %, un signal que le groupe interprète comme une validation de sa « nouvelle offre », présentée comme plus adaptée au marché actuel.
Les acheteurs institutionnels - notamment les bailleurs sociaux - continuent de représenter la majorité des clients (69 %), tandis que les investisseurs particuliers désertent : leurs réservations chutent de 37 % impactées par la fin du dispositif Pinel.
Cette évolution du profil des acquéreurs est symptomatique d’un marché toujours contraint, où la solvabilité des ménages reste fragile et où la demande d’investissement locatif peine à redémarrer, faute de soutien fiscal structurant. Le redémarrage observé par Altarea reste donc partiel et concentré sur certains segments du marché.
Des stocks au plus bas et des mises en vente relancées
Jusqu’à fin 2023, Altarea faisait partie des nombreux promoteurs confrontés à un gonflement inquiétant des stocks de logements invendus. Fin décembre, l’encours atteignait plus de 3 300 lots. La situation s’est nettement améliorée au premier semestre 2025, avec un stock désormais qualifié « d’historiquement bas ».
Cette décrue permet au groupe de relancer son activité commerciale et de préparer de nouveaux lancements. Altarea annonce ainsi une hausse de 54 % du nombre de permis de construire obtenus entre janvier et juin 2025, par rapport à la même période l’an dernier. Une dynamique que peu d’acteurs partagent aujourd’hui dans un contexte atone.
Ce retour à une forme de normalisation des flux repose largement sur une offre retravaillée, conçue pour être plus abordable, plus économe en foncier et moins exposée aux aléas réglementaires. Le groupe indique par ailleurs que ces nouvelles opérations sont « rentables » et « se vendent bien », selon les mots de son président Alain Taravella. Mais la prudence reste de mise : malgré les efforts, le marché ne retrouve pas encore les volumes d’avant-crise, et le dirigeant admet que l’activité, bien que stabilisée, reste loin « des hautes cimes ».
Une reprise partielle et des résultats contrastés
Côté résultats financiers, le tableau est contrasté. Le résultat net récurrent (FFO) - l’indicateur de rentabilité opérationnelle privilégié par les foncières - progresse de 7,3 % au premier semestre, atteignant 62,2 millions d’euros. Ce chiffre témoigne d’une meilleure maîtrise des charges et d’une reprise ciblée de l’activité, notamment sur les programmes les plus rentables.
En revanche, le chiffre d’affaires global recule de plus de 20 %, à 954,7 millions d’euros. Une baisse qui reflète encore la faiblesse du carnet de commandes des années 2023 et 2024. Comme pour d’autres promoteurs, les effets de la crise continuent donc de se faire sentir, même si les signaux sont plus favorables qu’au cours des précédents semestres.
Le marché reste cependant loin d’un véritable retournement. Les taux d’intérêt élevés, le retrait des investisseurs particuliers, l’incertitude sur la fiscalité du logement, et la lenteur administrative dans l’instruction des permis continuent de peser sur l’amont des opérations.
Altarea, tout comme ses concurrents Nexity et Icade, mise désormais sur une stratégie de recentrage autour de produits à forte rotation, d’une offre simplifiée et de partenariats publics renforcés. Nexity a, de son côté, enregistré 4 278 réservations sur la période, un volume comparable, mais indique également une amélioration du délai d’écoulement de ses programmes. Icade reste plus prudent avec des volumes stables et une baisse des acquisitions de particuliers de 11 %.
Par Jérémy Leduc